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Livres publiés par Forum France

La relance de la Tradition: Notes sur la situation de l'Église (nouvelle édition)

Massimo Alberti

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Massimo Alberti présente son ouvrage au Cercle et à Radio Courtoisie


Mahomet ou Jésus?

Henri Philipp

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En nom Dieu...

Henri Philipp

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Le Christ Roi des nations par la France - Le Christ est-il un roi politique ?

Henri Philipp

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Le Dieu caché

Philippe Lauria

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Nanotechnologies & biochimie radicalaire: Vers une biologie quantique ?

Alain Von Roden

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Le texte d'invention et le personnage (Horizon Bac)

Marion Duvauchel

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Le Texte d'Invention et la Poésie: Pour professeurs et pour élèves 2des et 1ères (Horizon Bac)

Marion Duvauchel

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Autres livres

Monnaie et Pouvoir, par Ludovic Greiling


Les Apôtres en Inde  (dans la patristique et la littérature sanscrite)

C. Dognini- I. Ramellli- Editions Certamen

Traduction et par Damien Bighini

 

« Les Apôtres en Inde » - écrit à deux voix- est un livre qui se présente comme une enquête historiographique minutieuse, et même sourcilleuse. C’est très exactement la traduction d’un ouvrage paru en italien en 2002.  Il s’inscrit dans le cadre des interrogations suscitées par le travail de Pierre Perrier autour de saint Thomas en Inde, (et plus récemment, en Chine).

De quoi s’agit-il précisément ? Il s’agit de déterminer à partir de l’examen comparatif de sources diverses l’historicité de la prédication apostolique en Inde et en particulier de celle de saint Thomas, attestée par l’existence de communautés chrétiennes qui se réclament de l’apôtre.

Les sources examinées sont de deux types : les sources classiques - (gréco-romaines)-  et les sources indiennes, mais aussi les sources arabes et syriaques, et les sources chrétiennes. Deux chapitres sont par ailleurs consacrés à l’analyse des sources sanscrites, sous l’angle plus général d’une rencontre entre le christianisme et le bouddhisme dont on peut trouver quelque écho dans la littérature bouddhique.

Nous avons affaire à une historiographe avisée qui rappelle que la valeur de ces sources ancienne est évidemment problématique. Il y a les topoï répercutés par les sources « littéraires » et les historiens forcément plus fiables. Soit. Et il y a également la question de ce qu’on appelle l’Inde dans ces textes au statut divers. C’est sans doute là que le livre pèche par un excès de prudence : s’il répercute avec intelligence ce que disent les textes, il laisse le lecteur dans l’indétermination et se refuse à une localisation que pourtant, l’analyse appelle. 

Cette question de ce qu’on appelle l’Inde parcourt l’ouvrage en pointillé. Les textes antiques regroupent sous cette dénomination des territoires indo-parthes, indo-scythes, kouchans, - ce qui renvoie à des dominations politiques et à des peuplements – comme la Bactriane ou l’Hyrcanie – spécification géographique. C’est un peu court jeune homme, comme dirait Cyrano.

Bien sûr, les relations entre l’Inde et le monde classique, autrement dit, la Grèce et Rome sont anciennes et pas du même ordre. Mais même si l’ouvrage révise le topos qui voudrait que les relations entre Grecs et Indiens se fussent inaugurées au moment du raid éclair que l’on doit à l’arrogance guerrière et au génie militaire d’un jeune macédonien ivre de domination, il n’exploite pas suffisamment ce que pourtant il fait émerger : un cadre de relations entre ce qu’on appelle l’Orient et l’occident. Et dans cet « Orient », - hellénisé et romanisé, avant d’être christianisé  (et plus tard islamisé) -  l’Inde.  Car si les Grecs sont des guerriers – les sources indiennes évoquent ces Yavanas ivre de combat et qui en périront, avec Rome ce sont des relations commerciales qui sont au cœur des échanges et de l’intérêt mutuel que se portent les deux sphères culturelles. Or, entre Rome et l’Inde, il y a d’abord la médiation des Achéménides, (puis celle des Parthes, qui semble oubliée). En bref, entre Rome et l’Inde, il y a la médiation iranienne, ce que l’auteur ne fait pas suffisamment ressortir.

C’est que son propos est d’abord de  regarder avec un soin d’entomologiste ces sources diverses, qui présentent parfois des contradictions ou des incompatibilités. Les deux auteurs tenus pour les mieux informés sur l’Inde avant Alexandre : Scylax et Ctésias, sont mentionnés,  mais une hirondelle ne fait pas le printemps. « Seules les rencontres entre groupes nombreux permettent les échanges d’ampleur anthropologique ». Et donc une portée historique… Là, nous sommes d’accord.

Première des conclusions un peu nettes : « l’itinéraire privilégié pour rejoindre l’Inde depuis l’Occident passe par la Bactriane et les cols afghans ». Et une conséquence: toutes les régions du centre sud et une partie de l’Inde transgangétique ont été épargnées par les invasions et sont restées à l’écart des routes commerciales. Cette « Inde méridionale » ne s’ouvrira qu’après que la route commerciales avec pour centre le port d’Alexandrie sera ouverte sous les Ptolémées. Sans doute manque t-il quelques éléments sur ces grandes routes commerciales qui organisent un monde déjà relié, pas seulement en guerre.

C’est donc dans ce cadre que l’on entrevoit plus qu’il n’est véritablement établi, mais dont on perçoit quelques contours, que s’inscrivent  « les missions chrétiennes, dont la patristique a gardé le souvenir » (p. 55). 

C’est Pantène – maître de Clément d’Alexandrie -  la source la plus ancienne, autrement dit, c’est un « alexandrin ». Ce fait n’est sans doute pas suffisamment souligné : il appartient à cette école prestigieuse : le didaskaleion.  La tradition a retenu une mission de ce Pantène (une sorte de nonce apostolique) en Inde, mission dont on n’a que des éléments indirects, par Eusèbe, Origène et Jérôme. Or, les sources, en particulier Eusèbe, atteste de l’existence d’un évangile de saint Matthieu, écrit en caractères hébraïques (selon toute vraisemblance araméen).

La conclusion est prudente : on ne peut rejeter la possibilité d’un apostolat de type judéo-chrétien, partant de Palestine, qui aurait pu rejoindre l’Inde à travers les régions mésopotamiennes ou l’Arménie.

Il faut donc alors s’attacher plus précisément à la mission de saint Thomas. C’est une synthèse précieuse des travaux sur la question, mais qui s’attache en particulier aux liens entre les Eglises de Syrie et celles de l’Inde, ou ce qu’on en connait. Bon nombre de spécialistes considèrent que l’Eglise syriaque, qui a pour centre Edesse, est une église des premiers siècles et toutes les sources sont examinées avec attention, ainsi que les diverses hypothèses (p. 84 et suivantes).  Mais qu’est-ce qu’on entend par mission « judéo-chrétienne » ? Le terme n’est pas heureux et pas suffisamment défini. Il brouille la lecture.

La conclusion est sous le signe de la raison prudentielle des historiographes : « l’analyse critique des témoignages rapportées par la tradition ne plaide donc pas en faveur de l’historicité d’un apostolat de saint Thomas en Chine » ? Soit. Mais le travail de Mme Ramelli est lié à saint Thomas en Inde, pas en Chine. On chercherait en vain quelque analyse historiographique de sources chinoises.

Par contre, elle admet que la « tradition sur les missions indiennes de Thomas et Barthélémy permet, notamment à la lumière des données historiques et archéologiques, d’envisager a minima la possibilité de cette première œuvre d’évangélisation ».

Il faut en fait passer les deux chapitres sur la littérature sanscrite et aller directement au chapitre VII, le christianisme en Inde sous Constantin- du moins pour garder une cohérence des aires culturelles. Il est particulièrement intéressant et reprend cette question brûlante : qu’est ce qu’on entend quand on parle de l’Inde (en terme de géographie) ?

Ces pages sont précieuses qui examinent avec soin comment s’est constitué la géographie de l’Inde, distinguant l’Inde intra gangem et extra gangem : Inde ulterior et Inde cisterior. C’est le Gange qui constitue la frontière entre l’Inde du Nord ouverte vers le Caucase et cette Inde méridionale restée en dehors des grands circuits.

Qu’il y ait eu deux missions successives en Inde, soit. Mais on s’attend dans un travail de cette qualité à ce que soit distingué une première évangélisation apostolique et les évangélisations successives, quand le christianisme a élaboré ses outils de catéchèse, autrement dit son « canon. Quant aux deux aires reliées entre elle, l’Inde et l’Ethiopie, on ne peut comprendre ces questions géographiques que cartes à l’appui. Et il n’y a pas de cartes…

Quel est le problème soulevé ?

D’un côté, les sources chrétiennes indiquent que les chrétiens de ces régions entre l’Euphrate et l’Indus disposaient en époque constantinienne d’une solide organisation ecclésiale, dotée de sièges épiscopaux, de monastères et du culte des martyrs ; de l’autre il semble que les relations entre l’Occident et ce qu’on appelle l’Inde, se soient relâchées vers la fin du IIème siècle pour reprendre au IVème siècle.

Il faut reformuler : si on admet un relâchement des liens entre l’Inde et l’Occident, à quoi est-il du, et dans quelle mesure a-t-il eu une incidence sur le christianisme.

Et sans doute faut-il faire intervenir l’émergence non seulement du bouddhisme, mais surtout de Mani et de la religion qui va se développer autour de ce personnage, précisément dans cette aire entre l’Euphrate et l’Indus.

On sort de cet ouvrage - tout à fait remarquable - avec le sentiment d’un festin disparate au cours duquel on nous aurait donné des mets raffinés et délicats à manger, avec un hôte absent.

Que manque t-il ?

D’abord que les contours géopolitiques dans lesquels les missions indiennes – dont l’historicité ne semble guère contestable : comment expliquer sinon qu’à l’époque constantinienne, ces églises disposent d’une telle organisation – ne soient pas seulement esquissés à trait brefs mais plus largement et plus hardiment posés, et seul ce cadre pourrait éclairer les sources historiographiques et mettre en perspective les étapes de la connaissance de l’Inde, en particulier géographique.

Il manque ensuite l’idée que l’historiographie est au service d’hypothèses hardies, qu’elle doit ouvrir des voies nouvelles, faire surgir des perspectives. Comment admettre que nous devions ordonner l’intrépidité de notre raison à des sources dont on nous répète à l’envie qu’elles sont fragiles, précaires, et pas toujours cohérentes ?

Mais cette enquête historiographique fournit un instrument de travail précieux, et de haute tenue. Elle fait pénétrer le travail de Pierre Perrier dans la sphère universitaire, et elle ouvre des perspectives dans l’analyse des relations entre le bouddhisme et le christianisme[1].

Surtout la traduction en langue française permet un accès direct à ce travail et donne accès à des sources nouvelles – italiennes et allemandes – méconnues ou inconnues, sur lesquelles cette enquête patiente s’appuie toujours avec professionnalisme.

 

 

Marion Duvauchel

 

 

 

 

 



[1] A travers les deux chapitres dont je n’ai pas rendu compte. Mais j’invite le lecteur à les découvrir… Ils feront l’objet d’une petite étude ultérieure.


Gouverner par le chaos, par Lucien Cerise, éd. Max Milo