De nouvelles institutions pour un nouveau départ, pour renouer avec le concept de civilisation 1/4


Les conditions du renouveau institutionnel : un pouvoir qui gouverne… et ne ment pas


Par Valérie Bugault − Septembre 2017

 

Introduction

N’étant plus du tout une émanation des populations sous son autorité, le pouvoir politique tel qu’actuellement conçu en occident (et dans ses dépendances mondiales idéologiques) est à la fois faible dans sa légitimité et abusif dans son exercice ; les deux caractéristiques allant de pair. Le pouvoir est politiquement inexistant car totalement dépourvu de la légitimité populaire dont il se pare et qui justifie son existence ; ce pouvoir (apparent) est en réalité un « homme de paille » agité, tel un épouvantail, à la face des populations soumises, pour justifier un semblant d’ordre social. Le pouvoir politique tel qu’il apparaît aujourd’hui est en réalité un artefact de pouvoir, il est entièrement dévoué au véritable pouvoir, le pouvoir économique.

Le véritable pouvoir aujourd’hui n’est pas à rechercher dans l’apparence des arcanes politiques, il se cache derrière l’anonymat des capitaux et dans les paradis fiscaux. Le véritable pouvoir auxquelles sont soumises les populations, maintenues dans la naïveté et l’inconscience, est économique : il appartient aux principaux détenteurs de capitaux de la planète ; lesquels ont tant et si bien œuvré depuis des centaines d’années qu’ils sont devenus propriétaires directs et/ou indirects de la majeure partie des actifs tangibles de ce monde.
Le pouvoir économique actuel, caché derrière des hommes politiques de paille interchangeables, est structurellement hors de tout contrôle ; une collectivité ne peut mettre en œuvre des contrôles que sur un pouvoir dont elle connaît l’existence, l’origine et la nature. Les collectivités humaines ne sont pas en capacité de lutter contre un ennemi caché, qui reste non identifiable. La première condition du renouveau civilisationnel consiste donc à faire apparaître juridiquement la réalité, qui transparaît derrière l’anonymat des capitaux, au grand jour. Nous analyserons cet aspect des choses au cours d’un prochain article consacré aux conditions juridiques du renouveau civilisationnel (futur troisième article de cette série).

Quoiqu’il en soit, il résulte de l’actuelle subversion du pouvoir politique et institutionnel une omnipotence de l’État doublée d’une centralisation abusive, deux manifestations hostiles au développement harmonieux de l’espèce humaine. L’excès de centralisation nuit ontologiquement à la diversité culturelle humaine. L’omnipotence étatique nuit quant à elle à la liberté, à l’intégrité et à la créativité des individus. Ces deux nuisances ayant pour effet direct et indirect une disparition des notions d’équité, de justice et in fine de civilisation. A l’occasion de nos quatre prochains textes, nous redéfinirons le pouvoir dans sa nature vertueuse et utile, laquelle n’est évidemment pas exempte de contraintes. Nous proposerons en conséquence de nouvelles institutions susceptibles de répondre à ce pouvoir politique rénové.

Dans le présent article (premier de la série), intitulé les « fonctions essentielles du pouvoir : un pouvoir réel, légitime et durable », nous commencerons à décrire les conditions de fond du pouvoir politique légitime ainsi que leur traduction en termes d’institutions. Par pouvoir politique il faut comprendre le pouvoir qui est utile aux populations, celui qui est chargé d’organiser la vie en commun la plus sereine possible.


Les fonctions essentielles du pouvoir : un pouvoir réel, légitime et durable

D’un point de vue institutionnel, il importe de mettre en œuvre une nouvelle organisation politique dans laquelle le pouvoir apparent est réel, donc nécessairement durable, et légitime.

A) Un pouvoir réel

D’un point de vue formel, la réalité du pouvoir suppose que le pouvoir apparent est conforme au pouvoir réel.

Sur le fond, la réalité du pouvoir suppose que l’on tient compte de ses caractéristiques intrinsèques que sont le fait de rendre la justice et de disposer pour ce faire du pouvoir de contrainte. Justice et contrainte sont les deux attributs existentiels, c’est-à-dire essentiels et vitaux, du pouvoir.

1) Sur la forme : un pouvoir apparent conforme au pouvoir réel

Le pouvoir, pour être réel doit être officiel c’est-à-dire non caché. Traduit en termes institutionnels, cela signifie que pour être légitimes les représentants du pouvoir doivent être issus d’un processus officiel et contrôlable, ils ne doivent pas provenir directement ou indirectement d’un processus caché ou occulte. Cette assertion se décline en trois propositions distinctes.

La première proposition est que les détenteurs du pouvoir politique doivent être identifiés et identifiables par tous ; cette identification permettra aux détenteurs du pouvoir d’être dotés des prérogatives du pouvoir. Il permettra également aux détenteurs du pouvoir d’être responsables de leurs actes, et donc politiquement légitimes.

La seconde est que les détenteurs du pouvoir doivent être désignés par l’ensemble des individus du groupement qu’ils auront la charge de régir. En d’autres termes, les détenteurs du pouvoir politique doivent faire l’objet d’un processus de désignation au cours duquel toutes les tendances sociétales sont représentées. Nous analyserons plus en détail cette proposition lorsque nous aborderons la légitimité du pouvoir (voir ci-dessous).

La troisième composante d’un pouvoir réel est que le processus d’attribution du pouvoir doit être clair, explicite et conforme à une méthode publique immuable et pérenne acceptée par la population concernée. Le processus de désignation des détenteurs du pouvoir ne doit pas permettre son accaparement par des groupes non officiels, opaques ou secrets – qui est la triste situation que nous connaissons actuellement.

Cette condition entraîne la nécessité institutionnelle de mettre fin à l’opacité des groupements secrets qui tapissent actuellement les allées du pouvoir politique. Il est donc de première nécessité d’imposer de façon institutionnelle et sans dérogation possible, une déclaration publique à tous les groupements et autres clubs secrets, opaques ou occultes, de quelque type que ce soit. Les loges maçonniques devraient impérativement, au même titre que tous les groupes religieux, ou dérivés d’un ordre religieux, faire l’objet d’une déclaration publique tendant à l’identification de leurs membres ainsi qu’à celle de la fonction sociale à laquelle ils répondent. Les membres de ces groupements doivent être rendus publics au même titre que l’objectif social auquel ils répondent. De la même façon, leurs thèmes et méthodes de travail ainsi que les résultats de leurs efforts doivent faire l’objet d’un contrôle public institutionnel.

En contrepartie de leur publicité, les membres de ces groupements bénéficieront d’une reconnaissance officielle et institutionnelle qui trouvera une traduction politique au travers des corps intermédiaires (cf. description ci-dessous du fonctionnement des « corps intermédiaires »).

En cas de litige dans l’officialisation de telle ou telle appartenance ou dans la détermination de l’objet sociétal ou politique de ces groupements, le processus en cause devra être soumis à un contrôle juridictionnel officiel et étatique.

2) Sur le fond : le concept de pouvoir est intimement lié à la justice et à la contrainte

La justification essentielle du pouvoir politique est celle d’imposer des règles permettant à une collectivité particulière de vivre ensemble le plus sereinement possible. La première condition pour assurer l’existence et la pérennité d’une vie en commun d’un groupe d’humain est d’assurer la justice au sein de ce même groupe. Dans ce sens, on constate que la justice est bien plus qu’un simple apanage du pouvoir politique, elle est consubstantielle à l’existence même du pouvoir politique.

Par ailleurs, il ne saurait être question de justice si le pouvoir n’a pas les moyens d’imposer ses décisions à tous. En ce sens, le pouvoir de police est la conséquence logique de la prérogative de justice.

De la même façon, assurer la vie en commun d’un groupement d’individus passe nécessairement par le devoir d’assurer la sécurité de ce groupement. En ce sens, la force militaire est, au même titre que la justice et la police, un apanage existentiel du pouvoir politique. La justice et la contrainte sont, sur le fond, les deux manifestations incompressibles et indissociables, du pouvoir politique.

– Le pouvoir est lié à la justice : pas de pouvoir politique réel sans justice et pas de justice sans pouvoir politique réel

Depuis les temps les plus reculés de la naissance de la civilisation, le pouvoir politique s’est manifesté par le fait de « rendre justice » ; au point qu’il est possible d’affirmer que le pouvoir politique est intrinsèquement lié à la capacité de rendre la justice. S’il n’existe pas de pouvoir sans justice, l’inverse est également vrai, il n’existe pas de justice sans pouvoir : en d’autres termes, la justice est ab initio une fonction régalienne de l’État.

Techniquement, cela suppose deux réalités institutionnelles différentes. La première réalité est que la justice doit être organisée selon un processus garantissant son impartialité vis-à-vis des litiges considérés ; ce qui suppose d’organiser institutionnellement la disparition du conflit d’intérêt entre les juges et les parties au litige.

La seconde réalité institutionnelle est que le « pouvoir politique » doit, de façon structurelle, conserver un droit de regard sur la décision juridictionnelle rendue. Si l’on suit cette logique, le « pouvoir », représenté par le gouvernement, doit toujours conserver une capacité à juger en équité et en dernier ressort des cas qui pourraient lui être déférés sur le territoire soumis à son autorité.

– Le pouvoir est lié à la contrainte : la police et l’armée sont l’apanage du pouvoir politique

La contrainte, attribut incontournable du pouvoir, est acceptable en ce qu’elle permet à chacun de se définir en tant qu’individualité appartenant à un groupe cohérent. La vie en collectivité suppose, par essence, une contrainte individuelle: celle qui impose de ne pas faire à autrui ce que l’on ne veut pas qu’autrui nous fasse. Autrement dit, la contrainte, ni trop forte ni trop faible, est nécessaire à l’épanouissement individuel et collectif, à l’épanouissement de l’individu dans le groupe auquel il appartient. La contrainte a pour particularité d’être irrémédiablement liée au pouvoir, elle existe et existera toujours.

La contrainte a une double caractéristique. Premièrement, le niveau d’acceptabilité de la contrainte collective dépend de la légitimité du pouvoir qui l’exerce. Plus le pouvoir est légitime, plus la contrainte est acceptable car elle émane d’un gouvernement qui reste sous le contrôle de ses assujettis. Deuxièmement, le niveau de nocivité de la contrainte est paradoxalement proportionnel à son degré de perception : moins la contrainte est apparente, plus elle est forte et nocive car incontrôlée. Inversement, plus la contrainte est apparente et moins elle est nocive et toxique pour les individus. Il s’agit là d’un paradoxe irréductible, inhérent à la vie en commun.

Sur le fond, nous avons vu que la fonction consistant à assurer la justice est à la fois une condition d’existence et une contrainte irrémédiable du pouvoir. Pour assurer la justice, le pouvoir a besoin de disposer de la contrainte. Dans ce sens, la police est intimement liée, de façon indirecte c’est-à-dire par la médiation de la justice, à la notion de pouvoir. La mise en œuvre de la vie en commun d’un groupement, qui est la mission première du pouvoir politique et donc d’un gouvernement légitime, rend également nécessaire d’assurer la sécurité de ce groupement. L’armée, en tant que force, est en conséquence un autre attribut essentiel du pouvoir politique.

Pour résumer, le pouvoir dispose, par nécessité, du « glaive » et de « l’épée ». En décider autrement supprimerait la fonction politique (c’est-à-dire la fonction consistant à garantir la possibilité de vie commune dans le groupe) du pouvoir car c’est justement la capacité à organiser la vie en commun d’un groupe et à assurer sa sécurité qui justifie et légitimise le pouvoir, qui en fait un pouvoir politique au sens propre.

La police et l’armée, en tant que fonctions régaliennes de l’État, sont d’ordre défensif : elles servent à imposer un ordre public qui a pour vocation de défendre l’intégrité des ressortissants de l’État. En d’autres termes, la fonction liée au respect de l’ordre est une fonction défensive: il s’agit, fondamentalement, de défendre l’intégrité physique et morale des personnes qui acceptent, librement, le pouvoir ainsi déterminé. Toutefois, comme le dit l’adage populaire « mieux vaut prévenir que guérir ». La nature défensive de la contrainte n’exclue pas son utilisation à des fins offensives. La nature de la contrainte est défensive mais sa mise en œuvre peut être d’ordre offensif.

Sur le plan militaire, comme la meilleure défense est l’attaque, le pouvoir militaire doit en permanence être en mesure, en cas d’agression imminente, d’attaquer le premier. De la même façon, le pouvoir de police inclut un aspect prophylactique et anticipatoire : la police doit pouvoir intervenir en amont d’éventuels dommages à la population afin de les éviter ; cette fonction prophylactique a pour objet de garantir le « bien commun » et « l’ordre public ».

B) Un pouvoir légitime

Sur le fond, ce pouvoir apparent doit être issu d’un processus de détermination public, institutionnel immuable, dans lequel toutes les composantes de la société sont intéressées. Parler de pouvoir légitime signifie, comme expliqué en introduction, que le pouvoir apparent est sous le contrôle direct des populations assujetties à ce pouvoir. Le contrôle institutionnellement organisé est la meilleure garantie que le gouvernement sera au service de sa population et non la population au service du gouvernement.

Ce que nous connaissons actuellement en occident est à l’exact opposé de ces principes car le pouvoir réel est caché derrière une apparence fictive d’institutions politiques prétendument d’origine populaire et réellement d’origine économique. Les assujettis au dit pouvoir se trouvent de facto être mis au service du pouvoir réel, sans que cette réalité soit clairement et consciemment perçue par les populations. Cette précision essentielle apportée, il s’agit maintenant de définir les institutions qui permettront l’avènement d’un pouvoir politique réellement au service de la collectivité auquel il s’impose.

1) Les moyens institutionnels du pouvoir politique : l’organisation de corps intermédiaires

Nous allons voir que l’avènement d’un pouvoir politique légitime est antinomique avec la notion de représentation populaire de type parlementaire que nous connaissons en occident.

– La démocratie est antinomique avec la représentation de type parlementaire

Le système de représentation parlementaire a été instituée conséquemment au rejet initial, explicite (en France tout du moins), du mandat impératif des élus par les forces économiques ; lesquelles sont à l’origine des toutes les Révolutions survenues dans le monde depuis le siècle dit des « Lumières ».

Le système du mandat représentatif consiste pour un corps électoral à donner a priori un blanc-seing à des élus dont il (le corps électoral) ignore tout, non seulement des allégeances réelles, mais encore des activités parlementaires réelles et du vote des lois qui en découlent. Ce blanc-seing est donné dans un contexte de pouvoir intégral c’est-à-dire que les « élus » ont structurellement la capacité juridique institutionnelle de légiférer sur n’importe quel sujet.

L’évolution de la pratique des institutions fait que le pouvoir législatif n’est qu’un lointain parent de ce qu’il était initialement. Le pouvoir exécutif, élu pour une durée temporaire (notons-le), a repris, dans les faits et par la grâce des « bureaux » non élus et inamovibles, la grande majorité de l’initiative des lois. Néanmoins, ce pouvoir exécutif est, tout comme les « élus » constituant le pouvoir législatif, une émanation directe des partis politiques, qui ont confisqué la notion même de pouvoir politique. Par le biais des partis politiques (organisés sur le mode hiérarchique des entreprises), le processus électif est mis en « coupe réglée » par les principaux détenteurs de capitaux qui financent de façon plus ou moins officielle (selon les cas) les partis politiques en vue des élections, véritables gouffres financiers, et qui contrôlent les organes dirigeants des partis.

Les élus, qu’ils appartiennent au pouvoir législatif ou au pouvoir exécutif, sont désormais issus des partis politiques : ils sont d’autant plus dociles vis-à-vis de leurs mandants financiers qu’ils sont perpétuellement soumis à renouvellement. Quant aux résiduels élus a-politique (c’est-à-dire n’appartenant pas à un parti officiel) pourvus d’un mandat local, ils devront plier le genou devant « le ou les partis de gouvernement » afin d’obtenir les moyens financiers de gérer leur commune ou département. La situation est la suivante : les élus locaux doivent, pour assurer correctement leurs fonctions politiques, inéluctablement respecter les règles du jeu imposées par les grands partis politiques de pouvoir.

En conclusion, rien n’est plus éloigné conceptuellement et pratiquement d’un processus démocratique que le mandat représentatif des élus du peuple associé à l’existence des partis politiques. Nous sommes ici, en réalité, en présence d’une démocratie institutionnelle auto-proclamée, de façade, entièrement soumise à la cooptation et gérée par les élites économiques.

Outre leur présélection par les partis politiques (le vote populaire s’apparente à une simple chambre d’enregistrement d’un fait accompli), les parlementaires sont institutionnellement chargés de légiférer sur tout type de sujets, ceux conforment à l’intérêt général, autant que ceux conforment aux seuls intérêts particuliers, ceux dont ils maîtrisent la substance et ceux dont ils ignorent à peu près tout. Il n’est conceptuellement pas possible de donner un cadre-limitant à un pouvoir susceptible de s’appliquer à tous les domaines.

La démocratie, qui suppose le respect de l’intérêt général – c’est-à-dire de tous les intérêts générés dans une Société humaine – est structurellement incompatible avec le parlementarisme car le mandat représentatif n’est structurellement contrôlable ni dans son attribution, ni dans son champ d’action, ni dans son exercice. Tout le monde doit bien comprendre les processus juridiques et institutionnels en cause dans le concept de régime parlementaire 1.

Dans ces conditions, retrouver un pouvoir politique réel suppose un changement dans l’organisation interne des institutions et un abandon subséquent du système de représentation parlementaire, structurellement inapte à mettre en œuvre une démocratie réelle. Il s’agit donc de définir de nouvelles institutions politiques dans lesquelles tous les individus constituant le corps social seront concernés, quel que soit leur statut économico-social. Dans un tel système, la politique convergerait avec ce qu’elle est censée être, c’est-à-dire avec les raisons premières justifiant son existence : l’organisation de la vie en commun, le tout générant une Société humaine viable.

– La démocratie mise en œuvre par l’institutionnalisation de « corps intermédiaires »

A l’opposé du système dit « représentatif », un système fondé sur le mandat impératif accorderait aux élus un « pouvoir-lié » : c’est-à-dire un pouvoir lié à la mission que ces élus sont chargés de remplir. Les élus seraient alors parfaitement encadrés et contrôlés par leurs mandants, c’est-à-dire leur corps électoral. Dans un tel système, les élus ont la capacité juridique de déterminer des règles sur les seuls sujets qu’ils connaissent réellement, et qui sont liés à l’exercice de leur activité au sein de la Société. Les mandants, c’est-à-dire le corps électoral concerné, ont par ailleurs la capacité technique de contrôler le travail des mandataires élus.

– Un corps intermédiaire par type d’activité sociale

Afin de pourvoir à la représentation la plus exacte possible des intérêts de la population, les corps intermédiaires doivent évidemment être non exclusivement économiques. Plus les corps intermédiaires seront variés, plus ils refléteront les différentes composantes du corps social et mieux l’intérêt général sera représenté.

Les corps intermédiaires, officiels et déclarés, doivent être organisés par thématiques. Nous proposons trois thématiques principales : une thématique économique, une thématique non économique et une thématique religio-spirituelle.

La thématique économique sera une version modernisée des « corps intermédiaires » en vigueur sous l’Ancien Régime. Chaque corps intermédiaire sera chargé de la vérification des compétences professionnelles de ses membres. Chaque métier ou type de métiers sera représenté par un « corps intermédiaire ».

La thématique non économique comprendra les activités génératrices de lien social : mère au foyer, clubs d’échecs, de sport, de musique… ainsi que la représentation des catégories désocialisées en raison de la perte d’un domicile fixe. Dans ce type d’organisation, le sport et tous les types de spectacles reprennent la place qui est naturellement la leur dans la société, ils cessent de facto d’être des alibis au blanchiment d’argent. Le sport n’est plus ici une tirelire que l’on actionne ad vitam æternam, il redevient une discipline et un apprentissage répondant à la nécessité d’apprendre à vivre en commun et à donner le meilleur de soi-même.

Enfin, la thématique religio-spirituelle comprendra la représentation des différentes religions, mouvements religieux et autres groupements à vocation plus ou moins spirituelle, y compris les partisans du principe de laïcité que l’on rencontre dans les loges maçonniques. Ainsi, les loges maçonniques entrent de facto dans cette catégorie de « corps intermédiaires », de la même façon que le corps des « jésuites », l’ « Opus Dei » et autres chevaliers rattachés à un quelconque clergé. Toutes les religions et toutes les institutions ayant vocation à agir sur la vie privé et collective des gens, ainsi que leurs variations ou mouvements rattachés (frères musulmans par exemple), doivent être ici représentées.

Le gouvernement devra prendre en compte chacun des intérêts représentés par les « corps intermédiaires » officiellement déclarés. En négatif cela signifie qu’aucun intérêt ne pourra être politiquement considéré s’il n’est pas représenté par un « corps intermédiaire » officiel.

Afin d’assurer la parité, c’est-à-dire l’égalité de représentation politique de chacune des trois grandes thématiques, il est essentiel que chacune d’elle comporte le même nombre de « corps intermédiaires ». Il s’agit, pour les Sociétés humaines de tirer des leçons de leur histoire. Après le surinvestissement politique « du sabre et du goupillon » sous l’Ancien Régime et de celui de la banque et des grands capitaux depuis 1789, il faut veiller à éviter, pour l’avenir, toute sur-représentation qui, tôt ou tard, fini par nuire au développement collectif. D’un point de vue organisationnel, l’équité de représentation politique de tous les membres d’un corps social déterminé est un impératif de développement sociétal imposé par les leçons de l’histoire humaine.

2) Les relations entre le gouvernement et les corps intermédiaires

Le gouvernement est institutionnellement issu des corps intermédiaires. Pour la première désignation du gouvernement, et par la suite en cas de vacance du pouvoir, chacune des trois grandes thématiques de corps institutionnels propose un gouvernement qui sera validé par un vote populaire direct de l’ensemble des ressortissants de l’État en âge de voter. Suite à cette validation populaire, le gouvernement sera officiellement reconnu et entrera en fonction.

La loi est pareillement issue des corps intermédiaires qui émettent à l’adresse du gouvernement des propositions de textes généraux. Le gouvernement élu est chargé de transformer ces propositions en lois après s’être assuré de l’équilibre et de la cohérence d’ensemble des textes et de leur conformité au droit naturel. Le gouvernement sera formellement la seule institution habilitée à transformer les propositions de textes en lois.

– La désignation du gouvernement : il émane des corps intermédiaires mais dispose, en toute autonomie, d’une mission propre

Le gouvernement émane des corps intermédiaires. Il appartient à chacune des trois grandes thématiques des corps intermédiaires (économique, non économique et religio-spirituelle) de proposer un gouvernement.

La désignation du gouvernement intervient après sa validation populaire au suffrage universel direct. En d’autres termes, la proposition de gouvernement émanant de chacune des trois grandes catégories de corps intermédiaires sera soumise à ratification populaire par référendum. Tous les ressortissants majeurs de l’État auront la capacité juridique de se prononcer lors de ce référendum.

Une fois élu, le gouvernement est chargé d’organiser les services de justice, police et l’armée. Il est également chargé de coordonner, valider ou rénover, la législation en vigueur. Cette mission doit être remplie par le gouvernement nouvellement élu en toute impartialité vis-à-vis de son rattachement d’origine à tel ou tel type de corps intermédiaire.

Le gouvernement peut, de façon exceptionnelle, être démis de ses fonctions en cas de demande en ce sens faite par un nombre déterminé (par exemple cinq ou sept) de corps intermédiaires.

Cette demande de démission doit être motivée par le fait que le gouvernement aurait contrevenu de façon pérenne et répétée soit à son devoir d’impartialité vis-à-vis des différents corps intermédiaires, soit à son devoir consistant à faire respecter le droit naturel dans l’édiction des lois, soit à son devoir de justice. Il peut également être démis de ses fonctions s’il s’avère incapable d’organiser correctement les services de justice, de police et de l’armée.

Le gouvernement peut également être démis, dans les mêmes conditions, en cas de suspicion « légitime et étayée » de manquement grave au devoir d’impartialité indispensable au respect de sa mission. Cette modalité de démission est liée à la composition trop partisane c’est-à-dire trop polarisé autour d’un seul thème (de corps intermédiaires), du gouvernement pressenti et éventuellement validé par référendum populaire.

En cas de départ du gouvernement, le nouveau gouvernement sera désigné selon la même procédure que son prédécesseur.

– La mission du gouvernement : une autorité arbitrale et de contrôle, qui organise les différents services de l’État

Le gouvernement ainsi élu a pour mission de gouverner de façon impartiale vis-à-vis de ses corps intermédiaires d’origine. Il organise le service de la justice et dispose, en dernier recours, de la capacité à juger une affaire « en équité ». Il organise la police et l’armée.

S’agissant de l’édiction des lois, le gouvernement a, par construction, un lien organique et institutionnel avec les lois qui s’appliqueront à ses assujettis. Le gouvernement a pour fonction d’arbitrer entre les règles contradictoires émanant des différents corps intermédiaires. Autrement dit, le gouvernement a pour mission d’arbitrer entre les intérêts antagonistes des corps intermédiaires de façon à générer un corpus de lois cohérent. Le gouvernement doit par ailleurs veiller à ce que ce corpus de lois soit conforme au droit naturel.

Le lecteur attentif aura bien compris que « gouverner » ne se confond absolument pas avec la pratique hystérique que nous connaissons actuellement du pouvoir réglementaire et législatif. En matière législative, gouverner signifie au contraire mettre en œuvre des principes législatifs aussi rares dans leur conception que féconds dans leurs mises en pratiques ; c’est aussi et surtout, d’une manière générale, faire preuve de modération. L’hystérie législative est le signe d’une perte de légitimité du pouvoir qui utilise la fonction législative et la contrainte pour asseoir l’autorité morale qu’il reconnaît ainsi ne pas avoir sur la population.

– Un gouvernement qui légifère : il contrôle la législation et transforme formellement les propositions de textes en lois

De façon conceptuelle, la capacité de gouverner ne peut être utile et efficacement exercé que si le gouvernement contrôle les lois qui s’appliquent sur son territoire. La perte du contrôle des lois par le gouvernement est historiquement liée à la chute du régime politique.

L’Ancien Régime a précisément succombé pour n’avoir pas compris cela et pour s’être départi du contrôle législatif, prérogative essentielle du pouvoir. Les Rois de l’ancien Régime avaient dans un premier temps abandonné aux Parlements la capacité de contrôle des lois qui est un attribut essentiel de la fonction politique. En effet, l’Ancien Régime avait connu une inversion des fonctions du pouvoir : le Roi faisait les « édits » que les Parlements contrôlaient et validaient en pratiquant leur « droit de remontrance ». Cette inversion des fonctions du pouvoir politique en matière législative a finalement eu raison de la légitimité du pouvoir de l’Ancien Régime et a participé de façon conceptuelle à sa chute irrémédiable.

Dans un second temps, après la Révolution de 1789, les Parlements sont passés d’une fonction juridictionnelle et de contrôle des lois (Ancien Régime) à une fonction législative autonome pleine et entière (à partir de la Révolution de 1789). Nous avons vu que cette fonction législative était et est encore, dans son exercice, tout à fait dépourvu de contrôle populaire réel ; en désignant les élus, le corps électoral leur donne de facto un blanc-seing pour légiférer comme ils le souhaitent, la seule sanction officielle consistant en une éventuelle non réélection future. Cette évolution de la fonction législative a été accompagnée par l’avènement de partis politiques organisés de façon hiérarchique, desquels les élus sont devenus des émanations ; les populations sont simplement chargées, à grands renforts d’élections médiatiques très coûteuses, d’entériner les choix « d’élus » réellement opérés par les partis politiques.

Au surplus, cette fonction législative s’applique sans limite de champ, à tout type de sujet. Cerise sur le gâteau, les conditions dans lesquelles les lois sont fabriquées appartiennent aux seules assemblées, échappant de facto totalement à tout contrôle populaire effectif. De la même façon que la désignation des « élus » échappe aux assujettis de l’État, la fonction législative est tout à fait hors de tout contrôle populaire. Le choix des élus ainsi que le champ d’application de la fonction législative opèrent ainsi en vase clos hors de tout contrôle effectif des populations qui seront régies par lesdites lois.

Récemment et dans un troisième temps, nous avons encore franchi un pas de plus dans l’incongruité et l’illégitimité du processus législatif. La loi est, par le fait de l’intégration européenne, aujourd’hui une émanation directe des lobbies des multinationales, le peuple n’ayant plus rien à y voir 2. L’intégration européenne, c’est-à-dire techniquement la soumission totale de tous les anciens États à l’ordre commercial anglo-saxon, a eu pour corollaire une inflation législative tout à fait extravagante. Aucun individu, pas même les spécialistes du droit, ne peut plus se prévaloir de connaître et comprendre définitivement la loi (y compris en matière répressive) devenue aussi prolifique que versatile. Les « lois », qui ne sont que des « réglementations », sont de plus en plus souvent découvertes par les ressortissants d’un État, au moment où ces derniers sont sanctionnés pour ne pas les avoir appliquées.

Ce phénomène d’insécurité juridique endémique est lui-même une manifestation de la disparition du concept d’État et de « fait politique ». Plus précisément, l’insécurité juridique est l’exacte matérialisation de la disparition de la légitimité du pouvoir politique, lequel n’a de réelle existence que pour lutter contre tout type d’insécurité visant sa population. Remettons les choses dans leur bon ordre et les troubles sociétaux – atteintes au bien commun – disparaîtront : dans un régime politique légitime et viable, le gouvernement contrôle les lois dont il n’est pas, à strictement parler, à l’origine.

C) Un pouvoir durable : pas de pouvoir sans durée

On a vu plus haut que les fonctions de police et de justice sont, pour le gouvernement, le gage de sa capacité à gouverner dans l’espace, c’est-à-dire sur son territoire. Pour être effectif, le « pouvoir » politique doit également avoir les moyens de gouverner dans le temps.

Le gouvernement, pour avoir les moyens de gouverner, doit être multi décennal. La faible durée du gouvernement est en réalité synonyme de vacuité du pouvoir. Plus précisément, un gouvernement apparent qui ne dispose pas du facteur temps, n’est en réalité qu’un homme de paille au profit d’un pouvoir réel qui nécessite une certaine pérennité pour traiter et suivre des dossiers comme par exemple la mise en place d’une politique énergétique, d’une politique d’organisation du territoire, ou encore l’organisation stratégique d’un système de défense etc.

Le facteur temps doit appartenir au gouvernement, ce qui signifie qu’il ne doit pas y avoir de distorsion de durée de vie entre le gouvernement et les bureaux qui le servent. Autrement dit, afin de valider la réalité et la légitimité du pouvoir, non seulement le gouvernement doit être multi décennal mais il doit choisir les fonctionnaires, peu nombreux, qui le serviront pour la même durée. Les bureaux ne doivent pas avoir une durée de vie supérieure à celle du gouvernement lui-même.

Un gouvernement élu pour cinq ans « secondé » par un cabinet ministériels composé de hauts fonctionnaires inamovibles signifie que celui qui gouverne ment, car il ne gouverne pas réellement. Ce sont les hauts fonctionnaires inamovibles qui sont en capacité de gérer les dossiers sur la longue durée qui peuvent imposer, plus ou moins subrepticement, leur propre vision des choses aux ministres de passage. Ces ministres de passages ne savent rien ou pas grand-chose du domaine d’activité de leur ministère, à la tête duquel ils ont été propulsés pour des raisons très largement indépendantes de leur connaissance et capacité propres à le gérer ; le choix des membres du pouvoir exécutif, quel que soit leur rang, relève plutôt, aujourd’hui, de leur capacité à obéir tout en faisant croire qu’ils décident réellement.

Autrement dit, le renouvellement tous les cinq ou sept ans du pouvoir politique par suffrage revient à mettre ce pouvoir dans l’arène de la concurrence médiatique, elle-même biaisée par l’appropriation de type oligopolistique des médias, pendant que le pouvoir réel, qui nécessite une continuité, se situe chez les hauts fonctionnaires inamovibles et leurs donneurs d’ordre, qui sont à rechercher parmi les détenteurs du pouvoir économique.

En conclusion, l’émergence d’un pouvoir politique réel et légitime passe par le nécessaire alignement de la durée de vie du gouvernement avec celle de ses services administratifs.

A SUIVRE…

Valérie Bugault

Note

  1. Le lecteur curieux d’en savoir plus sur l’analyse des institutions actuelles est renvoyé au livre « Du nouvel esprit des lois et de la monnaie » co-écrit avec Jean Rémy, ainsi qu’à sa présentation au cours de l’émission Zoom de TVLibertés du 12 juillet 2017
  2. Lire à ce propos « Du nouvel esprit des lois et de la monnaie », édition Sigest, juin 2017, pages 43 à 64

 


De la véritable nature de la monnaie

Par Valérie Bugault et Jean Remy − 11 juillet 2017

Alors que les économistes, formés pour être les gardiens du temple financier actuel, sont unanimes pour dire que la monnaie est, notamment mais essentiellement, un instrument de stockage de la valeur, Jean Remy et moi-même avons démontré dans notre ouvrage intitulé Du nouvel esprit des lois et de la monnaie (publié en juin 2017 aux éditions Sigest) que la monnaie est, de façon bien plus fondamentale, un service rendu à la collectivité par une puissance publique légitime. La monnaie n’est en aucun cas une marchandise dotée d’une valeur intrinsèque, et n’est donc pas non plus, contrairement à ce que d’aucuns affirment, un instrument de stockage de la valeur. En décider autrement revient à justifier tout l’édifice financiariste et dogmatique actuel, c’est-à-dire, in fine, à justifier le contrôle des monnaies par quelques banquiers anonymes, par le biais du jeu séculaire des banques centrales et des marchés subséquents de taux de change et d’intérêt.

 

La conception d’une monnaie-marchandise est, de façon structurelle, un empêchement rédhibitoire à ce que la monnaie joue pleinement le rôle pour lequel elle a été créée : celui de faciliter les échanges. En effet, une monnaie-marchandise a pour principale caractéristique d’être accaparée ; il en résulte, de façon mécanique, le fait que la gestion monétaire devient, à terme, réalisée par des intérêts privés, exactement contraires à l’objectif d’intérêt général auquel le concept de monnaie répond. Un pas plus loin, nous avons démontré dans notre ouvrage que pour être pleinement efficace, une monnaie doit être émise par des instances politiques légitimes, c’est-à-dire des instances politiques dont le rôle est effectivement de garantir l’intérêt général.

Pour comprendre ce qu’est la monnaie, il faut se référer aux temps les plus anciens qui ont vu sa naissance et ses premiers développements, c’est-à-dire s’ouvrir aux découvertes de l’archéologie. Il faut également se référer à la sémantique et à la nature réelle des choses, et non pas rester dans la scolastique. Les apparences actuelles de la monnaie, en tant qu’instrument de réserve de valeur (autrement dit une « monnaie-marchandise »), reposent sur des analyses qui ont été entièrement élaborées et renouvelées depuis quatre siècles par des individus intéressés à faire croire que la monnaie était foncièrement un bien, c’est-à-dire une réserve de valeur, de façon à justifier la conservation du contrôle de cette dernière par des banquiers tout-puissants.

Dans ce contexte, il est tout à fait essentiel de comprendre que les crypto-monnaies qui émergent actuellement et reposent sur la technologie des blockchains (le bitcoin étant la plus connue), dont tout un chacun parle beaucoup sans les connaître vraiment, ne diffèrent aucunement de la monnaie-marchandise telle qu’actuellement, généralement et frauduleusement, conçue. Ces crypto-monnaies sont en effet structurellement tout à la fois un instrument de circulation des biens et une réserve de valeur. Techniquement, la valeur de ces monnaies dématérialisées est entre les mains des « mineurs » qui réalisent de facto et dans le même temps une communauté d’utilisateurs. Quelle que soit la dénomination de la crypto-monnaie (bitcoin ou autres) ces « mineurs » peuvent ou non se connaître et peuvent ou non réaliser une collusion d’intérêts. Dans l’hypothèse où ces « mineurs » se connaîtraient préalablement, ils réaliseraient une société de fait dont chacun d’eux détiendraient une part du capital. Dans tous les cas, les émetteurs des premières quantités d’une crypto-monnaie sont obligatoirement des « mineurs » de leur propre monnaie. La façon dont ils conçoivent la comptabilisation de cette monnaie ainsi créée est d’ailleurs très révélatrice : elle rentre dans leur capital ; ils pourront ainsi profiter d’une façon continue de l’accroissement de sa valorisation.  S’il semble excessif a priori d’estimer que d’une façon générale en matière de blockchain tous les « mineurs » d’une crypto-monnaie particulière réalisent et génèrent une collusion d’intérêt dans l’objectif de contrôler ladite monnaie, il est en revanche des points obscurs du concept de blockchain que l’on ne peut pas, sous prétexte de naïveté, passer sous silence.

Premièrement, ce concept de monnaie dématérialisée (crypto-monnaie) est apparu fort opportunément en 2009 à la suite de la crise financière de 2007 elle-même organisée par les plus hautes instances bancaires en partenariat étroit avec les instances politiques américaines qui ont organisé et géré la dérégulation financière au niveau mondial. Il semble inutile ici de revenir sur toute la construction de l’édifice monétaire et financier que nous avons décrit par ailleurs.

Deuxièmement, l’actuelle demande pour les bitcoins a été considérablement accrue par le fait d’actes de piratages informatiques, les rançons réclamées par lesdits pirates devant être libellées en bitcoins.

Troisièmement, l’existence de ces crypto-monnaies réalise la création de circuits financiers parallèles, que l’on pourrait appeler « de l’ombre », en complète infraction avec toutes les règles péniblement édictées afin de réguler un tant soit peu la circulation des monnaies officielles.

Pour résumer, en tant que « monnaie-marchandises », toutes les crypto-monnaies issues de la technologie blockchain sont, de façon structurelle, susceptibles d’accaparement ; elles sont même précisément « une invitation à l’accaparement », tout comme l’or l’a été en son temps. Par ailleurs, toutes ces nouvelles crypto-monnaies échappent, de façon fonctionnelle et structurelle, à tout contrôle public et citoyen.

La caractéristique de monnaie-marchandise rend, de fait, extrêmement suspectes les crypto-monnaies, tout comme le sont les monnaies classiques actuelles. L’histoire nous apprend que de l’accaparement des monnaies-marchandises a résulté la domination économique et politique par une petite minorité d’individus qui se sont rendus maîtres « du fait monétaire ». Il résulte de l’application de ce schéma une disparition du sens de ce qu’est la politique par une domination intégrale du « fait politique » par le « fait économique ».

Ne rééditons pas avec des crypto-monnaies l’erreur historique ayant consisté à considérer la monnaie comme une marchandise ; peu importe le support, matériel ou dématérialisé de la monnaie, seule compte sa raison d’être qui est, de façon conceptuelle, un service rendu à la collectivité, celui de fluidifier les échanges. Nous vivons actuellement une ère d’imposture universelle dont la seule façon de sortir est d’analyser sans concession les fondamentaux historiques de toutes les constructions humaines, dont la monnaie ainsi que le « fait politique » font essentiellement partie.

Valérie Bugault et Jean Rémy


Les pourrisseurs

CERCLE NATIONAL DES COMBATTANTS

                                                                                                             Le 31 mars 2017

La campagne électorale de la présidentielle pour 2017, se déroule dans un climat délétère où “les affaires” les plus abjectes côtoient quotidiennement, nuit et jour, des déclarations antinationales et des accusations plus ou moins vraies où le sordide le dispute à l’absurde et au ridicule.

 

Il semble que la seule tactique recherchée par les médias, pris en main par des lobbies internationalistes, soit de préparer un second tour qui verrait une élue de droite face à n’importe qui… Ces mêmes médias et lobbies se faisant forts alors de la faire battre par n’importe quel candidat dans un “sursaut national fabriqué”, qui verrait le peuple de France (cité pour une fois !)… se lever… faire barrage à la haine… au malheur et à la pire dictature ultra nationaliste… proche du “fascisme”… voire du “nazisme(sic).

 

Aux premiers rangs de ses défenseurs acharnés du “bonheur du peuple”… on trouve, bien sûr, tous les idiots utiles de toutes les manipulations passées et les “cosaques rouges” qui, pendant des décennies ont prôné le communisme sur toute la planète… applaudissant à la mise à mort, ou sous tutelle drastique, de peuples qui pour la plupart, comme en Chine, au Laos, au Cambodge, ou au Vietnam, ne voulaient pas du communisme… sans oublier bien sûr la Corée du Nord aux mains de fous furieux et tous les pays d’Afrique tombés dans la misère, sur des terres riches, grâce à des “leaders” mégalomanes, un peu “fêlés” prônant le “socialisme” scientifique(sic) et exerçant un pouvoir absolu, comme le sieur Mugabe dont le peuple, au Zimbabwe (l’ancienne et riche Rhodésie), meurt de faim… alors que seize mille fermiers blancs en avaient fait un des greniers de l’Afrique et assuraient son existence moderne par d’incroyables exportations agricoles. Sans oublier l’Algérie du grabataire Bouteflika, accroché désespérément au pouvoir depuis quatre mandats, dont la mort verra revenir la guerre civile qui, après le départ de la France, dura dix ans. DIX ANNEES DE TERREUR, et fit, chiffre officiel… deux cent mille morts… pendant que les oligarchies politiques et militaires pillaient et ruinaient le pays que la France abandonna riche et prospère, avec en plus, cadeau du général De Gaulle, le pétrole et le gaz du Sahara qui ne furent jamais algériens puisque ce fut Conrad Killian, un grand Français, qui le découvrit à ses frais dans des régions perdues où aucun être humain n’avait mis le pied depuis des millénaires, quand cette immensité désertique était VERTE, car couverte de forêts et peuplées d’animaux fabuleux.

 

La mort de l’homme (responsable des mauvaises relations entre la France et l’Algérie, depuis plus d’un demi-siècle) verra des hordes de jeunes, sans emploi et sans avenir, tenter de trouver ailleurs, sûrement chez nous, les moyens de survivre.

 

Les milliards de dollars du gaz et du pétrole ont été gaspillés avec une inconscience stupéfiante, ainsi que “l’héritage” volé aux pieds-noirs… dont une agriculture moderne et florissante, avec un potentiel d’exportation magnifique, a laissé place à des terres abandonnées, même dans la Mitidja… retournée par endroits aux marécages pestilentiels de l’époque ottomane, obligeant aujourd’hui cet ex-pays exportateur à importer… TOUT.

 

C’est pourquoi, quand M. Macron va à Alger déclarer que la présence de la France en Algérie a été… une abominationet un crime contre l’HUMANITE… je dis que dans un pays normal, dans la France de jadis… ce monsieur serait envoyé en Haute Cour. Car, si cet “olibrius” a été raconter ces “saloperies” de l’autre côté de la Méditerranée… c’est simplement pour que les dirigeants du FLN qui monopolisent tous les pouvoirs depuis 1962, donnent ordre à leur ambassade en France, et à leurs consulats, de faire voter pour lui, les centaines de milliers de binationaux qui déposent sur commande les “bons bulletins de vote”… Là-bas et ici… Ici et là-bas !

 

Tous les autres candidats ne valent guère mieux, à part il est vrai, en partie Fillon et Madame Le Pen, mais qui, elle, s’est crue pourtant obligée de jouer une “dédiabolisation inutile” et d’insulter son père.

 

Tous, absolument tous, ont le même point de vue mortifère sur l’esclavage, dont on nous rebat les oreilles… le colonialisme est allègrement confondu avec la colonisationqui fit stopper l’esclavage… et, bien sûr, “l’immigration- invasion”, puisque leur but… leur seul but… est de changer le peuple… qui ne vote plus à gauche et qui les rejette.

 

La France est majoritairement à droite, mais depuis des décennies est gouvernée à gauche, voire à l’extrême gauche, par des combinesdes magouilles… et des propagandes dignes de M. Goebbels.

Des millions de Français ne sont plus représentés dans les assemblées locales ou nationales, leur vote ne servant plus à rien… sans que cela ne gêne en quoi que ce soit… les démocratesles grandes consciences pour qui… il n’y a jamais assez de noirs, de jaunes, de “bronzés”, de femen, d’homos… dans les médias… mais ne s’étonnent jamais de n’y voir aucun homme ou aucune femme de droite.

 

Tous ces messieurs qui se présentent pour gouverner la France n’ont qu’une idée en tête… La “dézinguer” !… Tout changer !… Tout casser !… Il n’est pas question de gérer et de gouverner notre pays, mais d’y instaurer des utopies dignes du “Docteur FOLAMOUR”.

 

Pourquoi ces messieurs, mis en avant par les médias, feraient-ils demain le contraire de ce qu’ils ont fait hier ? Sans oublier le fait patent que le 29 mars 2005, les Français, à     55 %, on voté contre le traité de constitution européenne, alors que toutes les soi-disant “élites”… toute la classe politique appuyées par tous les médias… étaient pour !

Trois ans plus tard, faisant fi de ce vote... Sarkozy modifia la constitution et, par un tour de passe-passe magique fit voter la loi refusée… celle-là même qui ligote les Français qui ne peuvent plus… rien direrien faire… car l’EUROPE NOUVELLE, aux mains de grands cerveaux cooptés entre copains et coquins, et sortant d’officines internationales plus ou moins sulfureuses leur disent chaque jour ce qu’ils ne peuvent plus faire… ce qui est interdit à tous les peuples de la vieille Europe, et nous préparent un changement total de population par l’arrivée massive de présumés réfugiés politiques, et demain de réfugiés climatiques… à qui nous devons apparemment TOUT… alors que nous ne leur devons RIEN !

Si ce chamboulement drastique n’était pas voulu… organisé…  planifié, comment tous ces messieurs sortant tous de grandes écoles n’auraient-ils pas compris que pour bâtir une Europe de dix, quinze ou vingt-cinq pays, il aurait fallu déjà… aligner les salairesmettre en place partout les mêmes charges socialesvoire les mêmes lois.

Non seulement aucune planification logique et sérieuse n’est faite dans ce sens, mais au contraire toutes nos frontières, grandes ouvertes, facilitent tous les trafics… matériels et humains… et toutes les lois qui permettraient de défendre nos valeurs ancestrales, de lutter contre la montée d’un islamisme radical et… surtout contre la violence des fous d’Allah, avec qui nous sommes en guerre… diffèrent selon les pays d’une prétendue Union européenne.

 

Pourtant une guerre est déjà déclarée depuis longtemps… La guerre économique… et nous n’avons aucune chance de la gagner… si nous ne la faisons pas avec sérieux et courage.

Par notre bêtise (et je suis poli), nous avons laissé partir vers la Chine un grand nombre de nos industries de pointe, et ce pays est devenu l’ATELIER DU MONDE… avec des salaires au plus bas… Mais cela ne durera pas toujours ! Je veux dire, connaissant très bien cet immense pays… que ce grand rêve d’exploitation humaine à grande échelle qui fait le bonheur des financiers mondiaux, ne durera plus très longtemps… car la classe ouvrière chinoise se réveillera un beau matin et le choc sera terrible.

C’est donc devant cette alternative d’une guerre économique de plus en plus difficile que nous devons nous préparer.

 

C’est le moment que choisit le seul candidat socialiste officiel à l’élection présidentielle pour nous chanter les louanges du… “Moins on en fera… plus on sera heureux !”

Dans un pays où la nationalité ne compte plus… où le mot “Français” ne veut plus rien dire… où tout le monde a droit à tout… où les frontières sont quasiment grandes ouvertes… où une partie de la population et de nombreux fonctionnaires donnent la préférence à des étrangers entrés de façon irrégulière plutôt qu’à des nationaux qui spécifiquement n’ont pas plus de droits que les clandestins. Le candidat plus ou moins officiel des socialistes propose (on croit rêver)… au lieu de mettre le pays au travail… le revenu universel d’existence… c’est-à-dire dès la sortie de l’école, mais même peut-être avant… le versement mensuel d’une allocation de 750 €, soit, excusez du peu, 300 à 400 milliards d’euros annuels… dans un monde merveilleux… SANS PATRIE NI FRONTIERES ! On croit vraiment rêver, mais comme dans un cauchemar !

 

Tout cela risque pourtant de tourner au drame… uniquement du seul fait que de prétendues “grandes plumes” n’hésitent pas à proposer ce genre de balivernes, en expliquant que… tout cela est possiblepour le bonheur des peuples (sic).

Et bien sûr avec l’éternel refrain qui veut que les patronssoient des gens peu recommandablesvoire des orduresexploiteurs de la classe ouvrière, qui, elle, d’ailleurs, n’a rien compris… puisqu’au grand dam de ces laudateurs d’hier… elle vote aujourd’hui à droite ou à l’extrême droite, désirant garder … ses mœursses traditionsses coutumeset l’amour de sa nation d’essence chrétienne et deux fois millénaire, abasourdie de savoir qu’en 2016 la dette cumulée de la France était de 338 milliards d’euros, et que le seul déficit de cette même année se montait à 4 milliards d’euros.

Jamais dans notre histoire nationale, depuis la Libération, la désinformation n’avait atteint un tel degré d’ignominie et de falsification des faits qui va aujourd’hui, pour certains… qui n’hésitent même pas à signer leurs papiers, à nier des vérités évidentes.

Hier, le sieur Attali, toujours lui, n’hésitait pas à écrire que… jamais le nombre d’étrangers n’avaient été aussi bas en France ! (Sic)

 

Pendant ce temps, ses “petits copains” nous bassinent avec les malheurs des Français… plus de logements    … plus de travail, pour terminer leurs lamentations par un appel d’ouverture encore plus grande de nos frontières… pour accueillir la moitié de la planètequ’il faudra, évidemment, nourrirlogeréduquersoigner, puisque à la différence de très nombreux pays qui trient les arrivants et ne prennent que ceux qui sont nécessaires à leur économie, nousnous prenons avec enthousiasmeles paumésles maladesles inassimilablessurtout si nous avons des accords avec leur pays d’origine, ce qui leur donne droit à des places dans des hôpitaux de grand standing, ou des cliniques aux tarifs journaliers mirobolants, pendant que nouschez eux, en vacances, si nous tombons maladenous aurons droit d’aller voir le sorcier pour qu’il nous applique de la bouse de vache sur la tête !

 

Pendant les années où j’étais député, je suis monté des dizaines de fois à la tribune pour parler de la jeunesse… de son présent et de son avenir (tout cela est consultable dans le Journal officiel de la République). Dès que je prononçais les mots “mouvements de jeunes”… “discipline”… “amour de la patrie”… “respect de la famille”… “des anciens”, etc… sur tous les bancs de gauche, des députés me saluaient le bras tendu… et criaient “Jeunesse à Pétain”… “Jeunesse à Pétain”, aidés souvent par des “gugus” prétendument… à droite !

 

C’est pourquoi, depuis la Libération et l’entente secrète mais effective entre les communistes et les gaullistes… pour des raisons connues que j’ai longuement citées dans mes livres… et que personne ne peut réfuter… la jeunesse de France a été abandonnée à elle-même.

 

En cette période électorale… où la presse… les télés… les radios… font la part belle à tous ces “pourrisseurs”, une large place est également faite aux attaques quotidiennes contre la religion chrétienne.

Il est bizarre de constater que les attaques contre Fillon (que je n’excuse en rien) ont pris une dimension disproportionnée… dès l’instant où il a déclaré… « Je suis gaulliste et de surcroît chrétien, cela veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité nationale ».

 

De ce jour là… c’était l’homme à abattre par tous pour toute cette “mafia” y compris aux plus hauts sommets de l’Etat par une camarilla qui n’a de cesse de faire des déclarations favorables à l’Islam (même celui des Frères musulmans) et attaque sans cesse l’Eglise catholique et les valeurs qui vont avec, et qui, sous quarante rois et cinq républiques, ont fait un grand et beau pays qui n’a jamais connu le racisme… LA FRANCE !

                                                                  Roger HOLEINDRE

 

                                                                  Président du Cercle National des Combattants


Stratégie et philosophie

 Le réalisme en politique internationale

 

Par Ph. LAURIA, auditeur de l’IHEDN

 

Table des matières

Introduction. 2

I.- Bien fonder. 3

II.- Légitimer, circonscrire. 6

III.- Configurer, projeter. 11

Conclusion. 15

 


 

Introduction

Quand on s’est un peu frotté de philosophie et que l’on s’intéresse à la stratégie, on est surpris de la facilité – osons-le dire souvent "cavalière" - avec laquelle il est coutume de passer sur les rapports de ces deux disciplines.

 

Même des stratégistes avisés qu’il faut un peu plus qu’accoster sur ces terres exubérantes ou arides, après avoir un peu exploré l’arrière-pays avec Clausewitz, Liddel-Hart ou Aron, ou un des grands généraux français versé sur le sujet, une fois énoncée la conception du monde (« weltanschauung »), thèses et hypothèses, se hâtent de dérouler les articulations de la stratégie et les complexités de sa combinatoire, la technicité des moyens en somme.

 

De ce côté d’ailleurs, bien qu’on ait dit que « la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires », ceux-ci semblent les plus prudents. J’en veux au moins pour preuve ce qui ressemble à une confession du Général André Beaufre dans son Introduction à la stratégie[1], rappelant, au début de son essai, que 40 années d’expérience l’ont convaincu que « dans cette laborieuse progression des sciences humaines manquent l’idée générale et l’opérateur commun, la philosophie et la stratégie », deux guides, dit-il, « tués par les guerres catastrophiques et le café du commerce » et « dont l’absence a régulièrement conduit à l’échec ».

 

S’il suffisait pourtant d’avoir reconnu et désigné la nécessité de « l’opérateur commun » pour le posséder et l’employer avec profit…

 

Le propos de cette étude est de montrer que « l’opérateur » n’est pas un acteur second, c’est le sujet impérieux de la stratégie.

 

Il y a un problème basilaire du stratège qui est aussi celui des sciences morales, que seul le réalisme métaphysique surmonte (I.- Bien fonder) ; c’est seulement sur ce socle qu’on définit bien le droit des gens qui délimite la doctrine géopolitique (II.- Légitimer, circonscrire), laquelle permet de configurer le concept de la stratégie et sa matrice mobile d’actions. (III.- Configurer, projeter).

I.- Bien fonder

[2].

 

A/ Le problème de l’homme-stratège

 

Les défenseurs de la Cité dans La République de Platon étaient des guerriers-philosophes, c’était supposer qu’ils savaient ce qu’il en est de la République à défendre. Or, tout homme est placé un jour dans la position du stratège. Il faut justifier sa position et la nature de ses engagements au regard des fins. Il vaut mieux que celles-ci soient bonnes, à moins qu’on ait placé la fin dans les moyens et le plaisir de les sacrifier : « ah, Dieu que la guerre est jolie ! ». Là aussi, pourtant, qui est sûr qu’il n’aura pas à justifier de la fin, de la valeur de ses victoires comme de ses pertes.

 

Ce que je vise en vaut-il la peine ? A quoi suis-je obligé ? Ai-je les moyens, les armes suffisantes pour atteindre le but ? Ma position est-elle imprenable, suis-je assez haut, sûr du moins, pour énoncer quelque certitude au sujet du réel/de l’ennemi – l’ennemi peut vite se faire très réel autant que le réel sait se faire ennemi -, à ce qu’il prescrit, eu égard à ce que je veux, ou ce que je suis en mesure de lui prescrire ?

 

Telles sont in fine les interrogations qu’on ne peut pas, ne doit pas, manquer d’embrasser. Là surgit pourtant le spectre de la relativité et pour le dire avec Blaise pascal : « Trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la jurisprudence ; un méridien décide de la vérité ». Comment donc, l’atome humain, né du tout et dans la dépendance du tout, serait-il l’aune de la totalité ? La cellule peut-elle juger le corps entier, quand ce corps est celui des cultures, des civilisations maîtresses des jugements et des prises de positions ? Telle est l’objection (A. Toynbee) à la prétention, sinon explicative, du moins normative, à tout essai d’axiologie sociale. Le stratège va-t-il se faire métaphysicien pour se prononcer sur la « grammaire des civilisations » (F. Braudel) avant d’arrêter sa doctrine stratégique ?

 

B/ Le triple obstacle épistémique

 

A son insu souvent, le stratège est contraint d’affronter et de répondre à trois problèmes qui fondent toute discipline morale et politique à laquelle la stratégie appartient : que puis-je connaître ? Que dois-je vouloir ? Que puis-je espérer ?

 

Seul le réalisme répond par une triple affirmative conséquente sur le terrain métaphysique ; le stratège doit au moins l’apprendre avant de prendre son parti car il en sera tributaire, peut-être dans le feu de l’action :

 

1° La question de l’objectivité se pose déjà dans les sciences exactes et expérimentales. Ici, ou bien l’on affirme les principes d’identité et de non contradiction et l’ontologie[3] qui en découle (causalité, lois, induction, parcimonie,…), ou bien on les nie en théorie tout en continuant de les utiliser en pratique, ce qui est le fond de toute la philosophie et de la politique modernes. Quoi qu’il en soit, l’emprise des sciences sur la réalité phénoménale est assez spectaculaire pour persuader que la connaissance est effective et renvoyer le scepticisme absolu et même relatif à ses spéculations. C’est alors sur le terrain éthique que se replient les troupes du scepticisme.

 

2° Pour le débusquer, il faut attirer l’attention sur le fait que la science n’est pas réservée à ce que l’on appelle l’expérimentation, car l’expérimentation, justement, naît dans la métaphysique, par l’usage des premiers principes (identité, non contradiction, causalité, loi,…) s’étendant ensuite à toutes les formes de savoir, dont l’anthropologie et la psychologie.

L’homme est connaissable pour une analyse décentrée, non égotique : l’identité humaine est une triplicité organique corps-âme-esprit expérimentable et définissable à l’aide de ce scalpel spécial qu’est la raison, instrument transcendantal du transcendantal.

Liberté et volonté, désir et besoin, intelligence mais aussi sensibilité et affectivité, se déplace le long de ces axes, déterminant les possibles de l’économie spirituelle individuelle et collective, gouvernée par des lois spécifiques (à échelle) de gravité et d’inertie, de désirs contraires, de communion et d’affrontement, de sacrifice et de levier. Ces lois structurent la physiologie sociale et forment la grammaire des sociétés par laquelle se discerne le normal et le pathologique, le passage de l’objectivité descriptive à l’objectivité normative, de l’axiomatique à l’axiologie.

 

3° S’il est vrai que l’on peut s’enquérir du caractère non exclusivement biologique de la raison, s’ouvre la dimension des vérités qui dépassent la vie purement historique et la possibilité d’acquérir des certitudes au sujet de la totalité de l’histoire et de la surnature.

Car si, sur la base de notre axiologie, nous vérifions de les lois historiques de l’économie spirituelle et pour ainsi dire, « le doigt de Dieu » au déclin des civilisations, monsieur Toynbee dira-t-il comme Newton « je ne feins pas d’hypothèse » (pour dire qu’il ne tient compte que des phénomènes et de l’expérience, laissant d’ailleurs à Dieu les raisons de la gravité) ?

Cela n’est pas possible car la raison a démontré que la séparation de la morale et de la métaphysique n’est pas permise, n’est qu’une illusoire fumée, et que sans la loi naturelle on ne peut rendre intelligible le pluriel et le singulier de la civilisation.

 

Qu’est-ce que cela change pour le stratège ? Cela change pour le géopoliticien vers qui se tourne le stratège afin de modeler son concept stratégique général ou du moment. Voyons en quel sens.

II.- Légitimer, circonscrire

Pour surmonter les limites du réalisme dominant (reconnu chez Beaufre, entre autres), il faut identifier l’"acteur doctrinal" (J. Henrotin), seul à même de dire la valeur de la combinatoire et de diriger les calculs d’optimisation. Puis, entre les prémisses (la base ontologique qui vient d’être rappelée) et le calcul de l’action, s’interpose-le droit, deuxième articulation de la stratégie à la philosophie, charnière entre l’éthique pensée et la praxis légitime. Le pseudo-dogmatisme dominant oscille ici entre libéralisme et axiomatique de l’intérêt, irénisme affiché du droit international public et cynisme de la realpolitik (A). Entre ces écueils périlleux de la politique internationale le droit des gens se fait un chemin (B).

 

A/ Entre irénisme et réalisme cynique

 

Le droit international public se réfère à sept principes mouvants : 1) Les princes exercent le pouvoir législatif et exécutif de la Communauté internationale ; 2) la nation a droit à l’existence ; 3) à l’indépendance politique ; 4) à l’autodétermination ; 5) à l’assistance et à la défense ; 6) les pactes doivent être respectés (Pacta sunt servanda) ; 7) existe un droit à l’intervention de la Communauté internationale en vue du bien commun mondial. La première formulation de ces droits a été attribuée à Francisco de Vitoria (1480-1546), théologien de la « seconde scolastique » qui a énoncé les principes régissant la colonisation (droits de propriété des indigènes, droit de commerce et d’évangélisation). Reprenons brièvement les principes précités.

 

Si l’on peut admettre que la société internationale (les chefs d’Etats) prend des décisions communes via des traités, peut-on laisser entendre que l’humanité entière est une société civile requérant une autorité[4] munie du triple pouvoir législatif, judiciaire, exécutif ? La nation est une personne morale, à ce titre elle seule a droit de consentir par ses représentants légitimes.

 

Les peuples ont-ils un droit à l’existence, à l’indépendance et à l’autodétermination, trois aspects d’un même droit fondamental d’exister ? Sans doute, cependant un homme, une nation, n’a pas un droit de vie inconditionnel (absolu), celui-ci dépend du respect effectif de la loi naturelle.

 

L’opposition entre le droit à l’autodétermination susceptible de justifier la guerre défensive et un certain droit d’intervention pour recouvrer ses droits ou assister l’Etat ami, n’est-il pas contradictoire ? Pas nécessairement, seulement le droit dominant égalise les métaphysiques et créé de facto la contradiction, convertissant notamment l’assistance en ingérence, au Kosovo (1999) notamment (Obama a bien sûr justifié l’Irak et l’Afghanistan par la "guerre juste") [5].

 

Le droit de légiférer et d’exécuter les lois prises par la communauté internationale peut-il lier les peuples et les consciences ? Une nation n’a peut-être pas de droit absolu à vivre, mais elle reste libre de se délier, tout comme on est en droit de désobéir à un supérieur demandant de transgresser un droit naturel[6] intangible. Le tribunal de l’histoire jugera, il y a au fonds une ordalie des peuples.

 

Soeur ennemie du libéralisme qui le sert pourtant, la « realpolitik » nommée abusivement « réalisme » domine la théorie des relations internationales. Celui-ci a été ramené à quatre propositions principales[7], que l’on rapporte un peu hâtivement au traité de Westphalie et confond injustement avec le droit naturel.

 

1° L’état d’anarchie où se trouvent les nations est synonyme d’Etat de guerre car il n’existe aucune autorité centrale susceptible d’empêcher le recours à la violence armée des acteurs internationaux.

 

2° Les acteurs des relations internationales sont essentiellement les Etats-nations nés ou consolidées au moment du Traité de Westphalie (1648). Ils décident de la guerre et mandatent dans les instances internationales.

 

3° Incarnés dans le chef du pouvoir exécutif, les Etats sont des acteurs rationnels qui maximisent leur intérêt national défini en termes de puissance eu égard aux contraintes du système international.

 

4° L’équilibre des puissances est le seul mode de régulation susceptible d’assurer non la paix, mais un ordre et une stabilité internationale forcément précaire, car dans l’histoire des relations internationales, il n’y a guère de progrès possible.

 

Reprenons chacun de ces points.

 

L’Etat d’anarchie (au sens étymologique) est-il inéluctable sur la scène internationale ?

Un principe de réalité oblige à concéder que les périodes de paix entre Nations sont précaires, souvent qu’un intermède entre deux guerres. L’anarchie stricto sensu n’est pourtant pas forcée et la société internationale sait être polyarchique, tandis que le respect du droit des gens augmente beaucoup les chances de la paix.

 

Peut-on soutenir ensuite que l’Etat national est l’acteur essentiel de la géopolitique ?

Il est difficile de faire de l’Etat national l’acteur international exclusif car les acteurs non-étatiques, infranationaux, transnationaux ou supranationaux puissants, le débordent et semblent le déposséder de ses prérogatives traditionnelles. Ici, on ne sait pas si le réalisme des relations internationales (devenu une nébuleuse aux contours indécis [8]) énonce un fait ou revendique un droit. C’est le droit naturel des Etats qu’il faut réclamer.

 

Nationaux ou non-nationaux, les acteurs de la politique international sont-ils rationnels ?

Encore faudrait-il qu’ils parlent d’une raison bien comprise, or ils l’ignorent. Peut-on dire tout à la fois que les Etats-nations ont des « esprits animaux » et affirmer qu’ils sont rationnels ?

Sans doute est-ce possible dans la conception dégradée, celle des Etats devenus des prédateurs et fauves géopolitiques. En bonne doctrine, les nations sont des personnes morales constituées d’individualités morales. Elles sont par suite dotées d’une raison qui n’est pas une pure cogitative, mais une faculté spirituelle (qui peut certes s’invertir en force sombre).

 

L’équilibre des puissances est-il le seul mode de régulation de la paix internationale et n’y a-t-il « guère » de progrès possible ?

L’équilibre des puissances contribue à la régulation et à la police interne des Nations par le jeu des bénéfices, des menaces et des sanctions (ecce homo). Pour autant, l’histoire n’est ni statique, ni linéaire ascendante ou descendante, elle suit des cycles variables liés aux choix complexes des sociétés. Les possibilités de guerre et de paix dépendent du degré d’extension de la conscience de la loi naturelle dans l’organisme social. L’équilibre n’est pas le contraire du progrès, et ce qui tout ce que nous avons énoncé jusqu’ici permettrait de démontrer que le mot « guère »  de notre interrogation implique que le progrès est possible, bien que toujours gagné de haute lutte.

 

*

 

Nous venons d’évoquer l’équilibre délicat entre les exigences contraires du droit des gens dont Westphalie fut l’une des expressions abouties. Si ce droit peut paraître déclassé, il n’est sûrement pas périmé car il n’est soumis à l’usure du temps que dans sa partie contingente et relative (il y a une relativité dans le droit naturel).

 

Il importe cependant de l’actualiser et de s’exercer à son emploi dans la jurisprudence géopolitique (au moment des choix d’alliances ou dans les instances et tribunaux existants). C’est une grille subtile susceptible de définir de solides alliances pour de justes intérêts : souveraineté, indépendance, autodétermination, droit naturel économique, légitime défense, assistance, droit d’association polyarchique ou fédérale, selon le consentement.

 

Aujourd’hui, tous ces droits bien fondés dans le réalisme métaphysique sont détournés et envisagés dans la double optique invertie de l’irénisme béat et du « struggle for life », économique, politique et identitaire, juxtaposition de contraires qui ne fait illusion de doctrine géopolitique.

III.- Configurer, projeter

Quelle doctrine et quelle politique de défense d’après les présupposés juridiques de la géopolitique ici brossée à gros traits ?

 

Ce mot de « défense nationale » quelque peu dénigré [9] par le général Beaufre semble recéler l’idée capable de conférer sa polarité à l’algèbre stratégique.

 

Le nombre des variables et des possibles, surtout si l’on y ajoute la profondeur psychologique, paralyse la pensée et la « stratégie indirecte » et prend alors l’allure d’un nuage aux contours trop incertains. mais quelle valeur aura cet ordre sans axiomatique - le prisme d’une socio-psychologie qui déchiffre et sonde – ? Et que vaudra cette axiomatique sans axiologie, i-e une éthique ?

 

Avant de calculer – et ici le coût de la rationalité peut être infini -, il faut ordonnancer, orienter l’algèbre et donner une valence aux actions.

 

Politique générale et doct. Géopolitique

 Stratégie Totale

Cyberespace-infosphère

RG

 

Diplomatie

Dissuasion convention-nelle

Stratégie générale militaire

Forces d’opérations spéciales

Dissuasion nucléaire

Renseignement militaire

Economie & finance

La stratégie totale d’après A. Beaufre - Les sphères extérieures ó à un département ministériel qui a sa stratégie générale qui s’insère dans la stratégie totale. 

 

NB : Il est difficile de savoir où commence la stratégie directe/indirecte et où elle finit si une axiomatique n’ordonne pas la matrice multidimensionnelle et mobile des variables d’actions – Les fins décident des moyens (Foch) : par principe la sphère économique est toujours subordonnée à la politique et la sphère politique à la sphère morale

Forces de projection régionale

Forces Conventionn-elles

Police/justice

Cyber/ RG

Infosphère

Recherche

Technologie

Dissuasion nucléaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La stratégie est à configurer, selon les coordonnées générales et celles de l’adversaire,

 

S = K F ψ t

 Enjeu important (E+)

Enjeu modeste (E-)

Moyens puissants (M+)

Clausewitz, Blitzkrieg (SD)

Mahan, Mackinder (SD/SI)

Moyens limités (M-)

Mao, Lawrence d’Arabie

Liddel-Hart (SI)

 URSS

Liddel-Hart (SI)

 

Selon A. Beaufre, si F est élevé mais les forces morales ψ faibles et le temps court, on optera pour la stratégie directe (SD) ; si c’est le contraire, des forces matérielles limitées avec un facteur moral fort et si le temps joue en notre faveur, une stratégie indirecte (SI) avec une dialectique spécifique sera préférable. K est le facteur relatif à la conjoncture considérée. Entre ces pôles on peut multiplier ou subdiviser lignes et colonnes.

 

Hélas, l’agnosticisme stratégique masque et s’allie le postulat darwinien tacite (libéraux) ou explicite (réalisme dominant) de la philosophie des relations internationales et des doctrines géopolitiques (Ratzel, Mahan, MAcKinder, Mao, Spykman, Brzezinski). Le réalisme authentique n’imagine pas que la vie internationale est faite de bons sentiments, il affirme simplement que l’optimisme et le cynisme sont des formes d’irréalisme qui s’ignorent et qu’il y a un réalisme supérieur qui s’articule autour de trois principes aujourd’hui niés et enterrés :

 

La non-neutralité objective

C’est le droit des gens ici esquissé et fondée en philosophie première, science rigoureuse, contrairement à ce qu’ont chanté les coryphées modernes. C’est ce réalisme là et ce droit qui structurent la doctrine géopolitique à un moment de l’histoire. Allez en Irak ou en Afghanistan avec des vues sur les vertus et les joies qu’auront ces peuples à embrasser la démocratie à l’américaine relève de la candeur inguérissable et probablement du piège géopolitique. 

 

La souveraineté organique

« L’âme vaut plus que le corps et le corps plus que le vêtement », cela est vrai des sociétés comme des individus. Le non-respect de l’ordre ontologique des besoins aboutit aux guerres du gaz, du pétrole et des minerais "stratégiques". On a beau jeu ensuite de clamer partout l’égalité universelle d’un homme avec un autre homme. Cette discipline de politique intérieure – un esprit pas une obéissance bornée, cf. Maréchal Foch[10] - exige le respect des droits politiques et économiques[11] d’abord chez soi, gage de la santé et de la lucidité qui amène la constitution de réserves et de forces immunitaires morales, terreau de toute bonne défense. Elle implique des réformes politiques et institutionnelles de taille et une volonté résolue d’exporter une organisation sociale de paix, non de guerre économique généralisée. Si tu veux la paix, prépare la guerre, mais prépare aussi la paix juste.

 

L’affirmation auto-limitée

On est fort quand on est dans son droit et que l’on veut que les autres y demeurent. Il importe de faire valoir son intérêt, et là encore impossible sans connaissance de l’ordre des besoins d’une psychologie éprouvée. La connaissance de soi et de ses droits donne la force de la conviction, légitime la juste affirmation et la proportionnalité dans les alliances ou dans la rétorsion. « Je est un autre » (A. Rimbaud), c’est souvent vrai en psychologie ; en politique internationale, « l’Autre » est toujours un autre « Je », que l’on ne doit jamais ni sous-estimer, ni surestimer, et surtout ne jamais mépriser.

Défense immunitaires morales

Montée en puissance vers l’emploi de la force physique (gradualité et proportionnalité)

Invariant éthique

 

 

 

 

Le découpage va du plus constant (haut) au plus contingent (bas de la pyramide).

L’action de force va de la dissuasion non violente (gauche) à la dissuasion [12] graduellement plus brutale (droite)

 

Conclusion

Bien qu’il faille en tenir compte (« soyez prudents comme des serpents et doux comme des colombes »), la psychologie de la guerre ou la diplomatie ne se réduit pas à la finesse rouée d’un Bismarck envoyant la dépêche d’Ems, succès qui révèle l’ampleur des désastres ultérieurs d’une psychologie tronquée au niveau de l’élément passionnel.

 

De même quand Beaufre écrit « l’aspect nouveau de cette très ancienne forme de stratégie [indirecte] (la guerre de Cent Ans n’a été qu’une très longue guérilla dont l’événement final a été le miracle psychologique de Jeanne d’Arc) a généralement surpris et dérouté » [13], il réifie un facteur psychologique obscur et il n’est pas si rationnel qu’il le croit car il reste au niveau d’une psychologie de la motivation insuffisamment entendue : cette victoire n’était pas improbable, elle était impossible.

Il sous-estime l’organisme de la raison et l’ordre ontologique de ce facteur X spirituel, incommensurable, une des clés décisives de la stratégie, à tout le moins celle qui donne l’humilité indispensable à toute victoire ou conquête pérenne.

 

On pensera peut-être que ce sont de vieilles lunes scolastiques rebaptisées ou servies à la sauce éclectique.

 

Concernant l’éclectisme, on pardonnera la densité, mais nous attirons l’attention sur l’urgence, non pas de la spécialisation, qui nous accable, mais de la « vision d’ensemble » dont Beaufre affirmait la primauté et au sujet de laquelle il s’interrogeait avec perplexité disant qu’elle relevait probablement d’une forme de pensée dialectique.

 

Il visait juste encore une fois, mais c’est dans le réalisme de la philosophia perennis où nous nous sommes placés - que l’on ne peut qu’approfondir, que dévoiler dans ses facettes ou ses relations inaperçues et, pour tout dire, à laquelle la politique internationale ne peut échapper -, qu’on peut seule trouver cette dialectique.

 

Art et science, relevant de la science morale et politique, avec ses lois et sa pratique impérieuses, l’histoire démontre qu’on ne peut pas se passer de stratégie et qu’on ne fait pas de stratégie impunément.

 

 

 

 



[1] Armand Colin, 1963, réédition Hachette, 1998.

[2] « On doit concevoir la guerre et sa conduite non pas en fonction de l’effet tactique immédiat, mais en fonction de l’effet final recherché, c’est-à-dire le but stratégique. Autrement dit la forme que l’on donne initialement à la guerre a de lourdes conséquences ultérieures, ce qui est perdu d’entrée est très difficile à rattraper », Général V. Desportes qui a déploré l’absence de stratégie sur le terrain en Afghanistan, cf. « l’Afghanistan, 10 après », in blog de Sylvie Lasserre, « Sur les routes d’Asie centrale .

[3] La négation du principe de contradiction est un passe-partout logique et moral pratique, car, disent les logiciens, de la contradiction on déduit n’importe quelle proposition. La position neutraliste (N) a pour formule : N = {a, b, c, D,…, N, o, p, q,… } : toutes les positions sont acceptables exceptée D, le dogmatisme, qui récuse le neutralisme pluraliste. La duplication de N ne lui pose aucun embarras logique. En effet, N est tout et partie, et même, juge et partie, se plaçant au niveau des minuscules tout en se voulant une majuscule. La formule non équivoque  est celle-ci D = {a, b, c, …, e, f,…., m, n, o, p, etc. }. D ne se veut pas une logique et une éthique comme les autres qui ne serait pourtant pas comme les autres (position de N). C’est la position cohérente du réalisme qui affirme simplement l’existence d’un ordre accessible par l’expérience et les premiers principes de la raisons et l’existence d’un ordre éthique qui corrobore l’ordre ontologique. Cf. Ph. Lauria, Cantor et le transfini, mathématiques et ontologie, L’Harmattan, 2004.

Devant ce « fort de Vaux » logique et métaphysique, le stratège ou l’homme doit choisir car, au fond, ces deux options ont leur cohérence propre, l’une en plaçant la dualité et la séparation au fondement de l’être et du connaître, l’autre en optant pour l’identité et l’unité. Unité séparation sont des deux côtés. Cependant, il n’y a pas de symétrie et en ce sens Polemos, Prince de ce monde, est père de toutes choses…, temporelles.

 

[4] Aujourd’hui la Charte de l’ONU s’impose à ses membres via « le Conseil de sécurité qui détient le véritable pouvoir », cf. A. Pertuzio, « L’ONU et le droit des gens », Géostratégiques, n° 14, novembre 2006.

 

[5] Lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix, cf. « Barack Obama et la guerre juste », P. Boniface, Réalités - Tunisie, 24 décembre 2009.

 

[6] Ouvrage consultés : H. Arhens, Cours de droit naturel ; L. Charrette, « Droit naturel et droit positif chez saint Thomas d’Aquin », Philosophiques, vol. 8, n° 1, 1981 ; saint Thomas, Les lois, in Somme théologique, A. Sériaux, Le droit naturel ; L. Strauss, Droit naturel et histoire ; E. de Vattel, Le droit des gens, L. Taparelli, Cours élémentaire de droit naturel.

 

[7] Cf. D. Battistella, Théories des relations internationales Paris, Presses de Sciences Po, 2e éd., 2006.

 

[8] Les fondateurs du réalisme au XXe siècle sont Carr, Niebuhr (Moral man and immoral society, 1932), Morgenthau, Aron ; les néoréalistes de tendance libérale sont Wight, Waltz, Gilpin (Global political economy, 200), J.J. Mearsheimer pour le réalisme offensif, cf. D. Battistella, op.cit.

 

[9] «… ne correspond à rien et a surtout pour effet de brouiller les idées », cf. Introduction à la stratégie, op.cit., p. 46, note 1.

[10] Cdt. Ch. Bugnet, En écoutant le maréchal Foch, Grasset 1929.

[11] Cf. Notre étude Principes naturels de l’économie politique, Sept., 2015, qui réexpose les règles imprescriptibles du droit économique.

[12] L’emploi de l’arme nucléaire heurte radicalement le droit naturel de la guerre juste, puisqu’on frappe des civils ou que les rétorsions défensives contre des forces militaires sont létales et prolongées sur les populations ou au fil du temps (contamination). La doctrine en vigueur de la dissuasion va en revanche dans le sens de la conception classique de la dissuasion : si vis pacem para bellum, avec certes des effets externes  en terme de pollution. Le nucléaire étant un fait accompli, il importe aux dirigeants catholiques d’œuvrer de composer avec la dissuasion tout en cherchant autant que faire se peut la dénucléarisation en particulier en encourageant la recherche d’armes capables d’annuler l’intérêt du recours à la frappe nucléaire.

[13] Op. cit., p. 165

 

 .

 

 


Vincent Peillon :la République totalitaire en quatorze compétences…

Marion Duvauchel

Professeur de lettres et de philosophie

 

 

 

Manuel Valls est une montgolfière qui descend doucement et qui va se poser quelque part, nul ne sait encore où précisément, mais sans doute aucun en rase campagne. Arnaud Montebourg a l’air de sortir d’une bande dessinée pour la classe aristocratique ou de rentrer d’une chasse au snark ou au boujeum. Emmanuel Macron s’est définitivement positionné sur les seules questions économiques, ce qui pour un homme marié à son professeur de philosophie serait en droit de nous étonner si nous avions encore quelques illusions sur la nature de notre enseignement philosophique. Il n’est plus qu’un outil de propagande. La preuve en est l’homme vraiment dangereux de ce quarteron de socialistes : Vincent Peillon. Lui, c’est un homme dangereux : c’est un rhétoricien hors pair, et même tout simplement un sophiste. Il manie le verbe à la perfection, avec une aisance à tomber à la renverse. Le grand firmament des pacifiques est un ciel qui lui est totalement inconnu. C’est un adepte de la République de Platon autrement dit, c’est un violent. Il l’a expliqué très méthodiquement, ce qu’il veut, c’est une nouvelle religion, celle de la laïcité, qui finirait l’œuvre entreprise depuis 1789 mais qui est demeurée inaboutie dans le domaine de la morale et de la spiritualité, demeurée entre les mains de l’Eglise catholique. Et puisque le protestantisme ne peut pas être acclimatée en terre latine, il faut une nouvelle religion : la laïcité. Il faut les prêtres : les socialistes, et tout l’apparatchik pour faire vivre ce nouveau culte. On se souvient des fruits merveilleux que cela a donné en Russie. La religion nouvelle n’est en réalité que le culte des Lumières modernisé par Vincent Peillon, qui veut offrir un nouveau roman national, pour remplacer celui de François Furet… Cet homme veut devenir président, il convient donc de se mobiliser.

Récemment, en campagne pour la présidence, il s’est vanté de la réforme dont il est l’auteur et que, a-t-il souligné, en gentilhomme, Mme Belkacem ne fait qu’appliquer. On ne peut pas toujours tricher : je conçois, elle applique…

Je ne sais si c’est à lui qu’on doit le référentiel de 14 compétences que les scribes inspirés de l’EN ont fait paraître l’an dernier et qui constitue la nouvelle charte du personnel éducatif.

Mais ce document peu connu, hormis des enseignants, mérite quelques commentaires.

D’abord, il abolit toute distinction entre professeurs et personnels de l’éducation. Pourquoi en effet s’obstiner à distinguer dans l’ensemble du personnel éducatif un type spécifique qui s’appelle l’enseignant et qui aurait encore une dignité particulière ? Puisque désormais « tous préparent les élèves à l’exercice d’une citoyenneté pleine et entière, en excluant toute discrimination ». On a compris que le premier travail du professeur est un travail de formatage au nouveau culte. Travail qui se fait «en référence « à des principes éthiques qui fondent leur autorité ». On a bien lu, leur autorité.

Je n’ai pas compris si les femmes de ménage sont inclues dans le personnel d’éducation. J’ai le plus profond respect pour leur personne, elles sont souvent aimables, chaleureuses, simples, mais ne sont généralement pas en contact avec les élèves dans les lycées, parfois avec les enseignants les plus matinaux… Elles partent lorsqu’ils arrivent.

Ce texte qui est la doctrine nouvelle de l’EN comporte une liste de 14 compétences (où se mêlent d’ailleurs comme partout où l’intelligence classificatoire domine sans autre réflexion, les savoirs, les savoir-faire, les principes, et les connaissances de base. Cela s’appelle une « énumération chaotique », dans la langue des professeurs de lettres. Mais elle n’a aucun effet comique. Elle sidère et ahurit le lecteur. C’est sans doute son objectif : accabler les esprits pour leur ôter ce qui pourrait leur rester encore de capacité critique, bref de liberté.

Tous ces personnels désormais indifférenciés sont tenus de s’y connaître, je cite : en histoire de l’éducation, ils sont tenus de ne rien ignorer des différents systèmes éducatifs européens, des concepts  fondamentaux de la psychologie de l’enfant de l’ado et du jeune adulte, il leur faut maîtriser une langue vivante, (l’anglais et sous peu l’arabe j’imagine), savoir conduire un entretien, animer une réunion, pratiquer une médiation en utilisant un langage clair et adapté à la situation, ils sont tenus de coopérer avec les parents d'élève, de connaître les possibilités d'échanges et de collaborations avec d'autres écoles ou établissements et les possibilités de partenariats locaux, nationaux, voire européens et internationaux, de compléter leurs connaissances scientifiques, didactiques et pédagogiques, de se tenir informé des acquis de la recherche afin de pouvoir s'engager dans des projets et des démarches d'innovation pédagogique visant à l'amélioration des pratiques, et bien sûr d’offrir un modèle linguistique pertinent pour faire accéder tous les élèves au langage de l'école, de prendre en compte les préalables et les représentations sociales (genre - eh oui, genre !-, origine ethnique, socio-économique et culturelle) pour traiter les difficultés éventuelles dans l'accès aux connaissances.

Et bien sûr, ils doivent pouvoir recourir à des stratégies adéquates pour prévenir l'émergence de comportements inappropriés et pour intervenir efficacement s'ils se manifestent.

Quant à punir ou sanctionner un comportement inapproprié, il n’en est pas fait mention. Mais comme le professeur aura manqué à ses devoirs en n’adoptant pas la stratégie idoine pour prévenir tout comportements inappropriés, nul doute qu’il sera désormais tenu pour seul responsable en cas d’« émergence des dits comportement ».

Autrement dit, la seule autorité n’est même plus celle qui émane de l’enseignant, mais celle que lui octroie avec générosité la République…

La seule distinction que maintient la charte des compétences, c’est celle entre les professeurs documentalistes et le reste de la profession. Outre le « tronc commun », (je ne vois pas comment on peut appeler cette liste invraisemblable) ces « professeurs » doivent aussi maîtriser les connaissances et les compétences propres à l'éducation aux médias et à l'information.

En toute logique, ils sont donc plus qualifiés que les enseignants. Pourquoi n’ont-ils pas exigé, soutenus par les syndicats, toujours prêts pour des combats ineptes, un salaire correspondant à ce surcroit de compétences ?

Je ne vois qu’une réponse : ils n’ont pas lu ce document.

Vincent Peillon s’est donc vanté de cette réforme, en soulignant évidemment toutes les iniquités qu’elle a fait disparaître et tous les résultats merveilleux que nous pouvons tous vérifier dans nos vies quotidiennes, surtout les enseignants…

La Charte de compétences est l’outil juridico-administratif de la nouvelle religion qu’il entend bien mettre en place : celle de la république et de l’implacable répression de toute liberté pédagogique qui frappe les écoles depuis sa parution.

Le modèle républicain de V. Peillon est une République qui interdit toute diversité dans les schèmes de transmission éducatifs, et qui spolie la famille de son droit de transmettre les grands « patterns » de conduites qui sont le plus souvent transmis par et dans les familles. D’ailleurs, elles ont en général bien compris ce qui les attendaient.

La République de Vincent Peillon ressemble à la république platonicienne, ce rêve, cette chimère philosophique, géométrique et même dumézilienne, qui commence par le groupe des artisans, cultivateurs, produit la caste des guerriers, et fait surgir la question du « législateur ». Si Platon chasse les poètes de la cité, c’est parce que ce sont eux qui transmettent l’ « épistémé » de la société à laquelle ils appartiennent, à travers les mythes, et ces mythes, ce sont les mères et les nourrices qui les racontent aux enfants. Et comme on sait, les chrétiens disposent d’un grand texte qui gouverne leur épistémé, fût-ce inconsciemment, de manière diffuse, et donc qui gouverne une anthropologie et une éthique.

Vincent Peillon a contribué à détruire cette partie de l’élite de la nation que constituait un corps enseignant différencié, conscient de sa mission spécifique. La réforme de Vincent Peillon est une réforme criminelle, - une de plus.

Il a contribué à dresser contre la République les familles musulmanes désormais spoliées de leur droit de transmettre les valeurs et les schèmes de conduite qui sont les leurs, rigoristes, certes, puritains, mais certainement pas antirépublicains. Cela s’appelle la tolérance que de les respecter, et cela ne faisait pas d’elles des familles de djihadistes. Quand l’islam a commencé de comprendre qu’on voulait lui arracher le droit de transmettre les normes culturelles qui sont les siennes, il a commencé de haïr les valeurs prétendues de la République.

Si nous voulons donner une chance de paix pour notre pays, il ne faut surtout pas voter pour Vincent Peillon. La République de Vincent Peillon est une république totalitaire
M. François Fillon devient président de la république, il doit abroger la charte des compétences, redonner aux écoles de l’autonomie, aux professeurs leur dignité et leur autorité. Autrement dit, le droit de sanctionner les comportements non pas « inappropriés », mais répréhensibles, violents, haineux. Cela porte un nom : la méchanceté. Et M. Fillon devra aussi redonner aux écoles le droit de nommer ce qui est. En langue populaire, d’appeler un chat, un chat !

 

 

 

Marion Duvauchel

Toulon - France

 

Professeur de lettres et de philosophie


Nouvelle donne linguistique ou reprogrammation culturelle ?

Nouvelle donne linguistique ou reprogrammation culturelle ?

 Les Enseignements de langue et de culture d'origine (ELCO)

 

http://eduscol.education.fr/cid52131/enseignements-de-langue-et-de-culture-d-origine-elco.html

Marion Duvauchel

Professeur de lettres et de philosophie

 

 

 

Dans une très grande discrétion et dans l’indifférence générale – en particulier de la part des associations de parents d’élèves mais aussi des enseignants – on a mis en place un nouveau dispositif dans nos lycées et collèges de France: ce sont les enseignements de langue et de culture d'origine, on dit ELCO. Ils concernent 9 pays, listés par ordre alphabétique. Et ils ont pour objectif, « entre autres (?) de valoriser les langues étrangères à l’école ».

Examinons la formulation de la manière dont cet objectif va se mettre en place.

Quels sont les pays concernés ? Quatre pays musulmans : l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie. Trois pays méditerranéens chrétiens, qui jusqu’à ce jour, sauf erreur de ma part, n’ont posé aucun problème d’intégration : l’Espagne, l’Italie, le Portugal et deux pays d’Europe de l’Est, la Croatie et la Serbie.

Ces enseignements « sont mis en œuvre sur la base d'accords bilatéraux prenant appui sur une directive européenne du 25 juillet 1977 visant à la scolarisation des enfants des travailleurs migrants ». C’est ainsi que nous découvrons l’existence d’une directive européenne que jamais personne n’a jugé bon de mettre en œuvre jusqu’à aujourd’hui, mais qui brusquement, confère à l’affaire un petit goût d’urgence qui a de quoi laisser perplexe.

Car nul ne l’ignore puisque nul n’est tenu d’ignorer la loi européenne : « les pays membres sont tenus de promouvoir un enseignement de la langue maternelle et de la culture du pays ».

De quels pays parle-t-on ? Le bon sens et la raison répondent « mais… le nôtre bien sûr ». C’est la culture du pays d’accueil qu’il s’agit de promouvoir. Oui, mais la langue maternelle ne peut être que celle des enfants accueillis. On parle donc de la langue maternelle des enfants de migrants des pays listés.

Cela fait donc beaucoup de langues à enseigner.

Les Turcs parlent le turc.

Pour les trois pays du Maghreb on nous dit qu’« un programme commun de langue arabe a été élaboré ». Soit. Où se trouve ce programme commun de langue arabe ? Tous les enseignants, proviseurs, recteurs de toutes les académies devraient exiger d’en avoir connaissance. Car, quelle « langue arabe » va-t-on enseigner  en effet ? L’arabe classique ? Il est au Maroc la première langue « étrangère » enseignée à l’école. Personne ne le parle chez soi ce qui rend les discours du roi, les débats au Parlement, les audiences dans les tribunaux, les informations à la télévision incompréhensibles pour les analphabètes, ou tout simplement ceux qui ne parle que le dialecte local. Enseigner l’arabe classique ce serait comme faire en France du latin la langue officielle. Les Marocains des villes parlent la darija, le dialecte national, avec ses multiples variantes locales, assemblages rudimentaires d’arabe, de français, d’amazigh et d’espagnol qui fait qu’un Marocain est si rarement compris lorsqu’il parle la langue « arabe » au Moyen-Orient [1]. Dans ce contexte, l’arabe classique est un instrument de domination sur le peuple marocain et il est probable que la situation soit comparable en Algérie comme en Tunisie (avec la présence plus massive de l’amazigh des Berbères). Qui trouve urgent d’apprendre la langue pour lire Al-Ta’âlibi ou Al-Fârâbî ? Pour avoir enseigné au Maroc, dans un lycée français, je sais que la langue que les jeunes marocains des classes aisées veulent maîtriser, c’est le français et uniquement à des fins de réussite scolaire et sociale. Ils iront faire leurs études en France et s’ils rentrent au Maroc l’utiliseront pour renforcer leur statut social privilégié.

S’il s’agit de l’accueil de migrants, que fait-on des Afghans  (il y a plus de quarante langues en Afghanistan), que fait-on des Soudanais, des Libyens ? Que fait-on des Syriens, qui parlent eux aussi l’arabe et un bien meilleur arabe que les peuples du Maghreb?

Faut-il rappeler qu’on a détruit de manière méthodique et programmée la culture classique représentée par le latin et le grec ; que nos germanistes sont invités à se recycler faute d’élèves ; que le russe est à peine représenté. Quant à l’espagnol, au portugais, à l’italien, hormis l’espagnol, leur enseignement est résiduel. Or, ce sont toutes trois des langues « romanes ». Où voit-on un enseignement lié à cette « romanité  » ? Rappelons qu’il y a environ cinquante ans, Gaston Paris, éminent médiéviste, avait échoué à susciter en France la création d’une académie de linguistique comparée et historique des langues romanes : elle aurait contribué à ce que cet enseignement des langues romanes soit développé dans le secondaire. Quant au roumain, autre langue romane, il n’a aucune existence dans nos écoles, alors que, comme on sait, la communauté roumaine est si importante en France, qu’il y a quelques années, les ministres de l’intérieur de France et de Roumanie se sont rencontrés pour évoquer le problème.

Ces quatre langues romanes participent d’une culture très proche de la nôtre et les enfants des Espagnols, des Portugais et des Italiens venus en France n’ont jamais requis d’elle un enseignement de leur culture d’origine. Ils n’ont jamais posé de problèmes dits « de communautarisme ». Il ressort donc que les ELCO visent les communautés des autres pays de la liste.

Depuis déjà quelques décennies, mais surtout depuis une dizaine d’années, on a imposé l’apprentissage de l’anglais, en insistant lourdement sur le retard de la France en matière d’apprentissage des langues, et en lui donnant le statut de ce qu’on appelle une « langue seconde », apprise de plus en plus tôt pour atteindre une sorte de bilinguisme. Même la « Francophonie » n’a plus pour objectif la défense de la langue française mais le « plurilinguisme ».  Il suffit d’aller consulter le site officiel.

Moyennant quoi, aujourd’hui, on nous annonce que nous avons le devoir d’assurer la promotion de la langue maternelle de tous les peuples de la terre que nous accueillons ?

On l’a compris, il s’agit d’un habillage pour envelopper le véritable objectif. Or, quel est-il ?

« Aujourd'hui, ce sont des enfants qui ne sont pas locuteurs natifs de la langue concernée et s'intègrent progressivement dans l'offre d'enseignement linguistique ».

Parle-t-on d’enfants français qui par exemple ne parlent pas le berbère ou à l’inverse d’enfants de famille immigrée qui peinent dans l’acquisition du français ou qui maîtrisent à peine la langue d’origine de leurs parents ? La formulation de ce texte est absurde et incohérente, alors même qu’il s’agit d’un texte officiel qui a statut administratif et juridique. Faut-il comprendre, puisque la phrase parle d’aujourd’hui, que demain les enfants de France auront à choisir entre l’offre d’enseignement du serbe ou de l’arabe ou du français ?

On est en droit de penser que l’objectif est en réalité de promouvoir l’enseignement de la langue et la culture « arabe ».

Voici la suite :

« Les enseignements de langue et de culture d'origine concernent principalement le premier degré. Ils sont organisés, dans la mesure du possible, dans les écoles, les établissements où une demande des familles existe. Ils sont ouverts à tout enfant dont la famille souhaite l'inscription, dans la limite des places disponibles ».

En effet, ils concernent aujourd’hui, le premier degré, le collège. Dans ce cadre, un brevet des collèges est déjà mis en place, avec un enseignement de culture arabe, qu’il conviendrait d’analyser avec soin. Face à ce brevet auquel on a conféré un cachet prestigieux par la magie d’une appellation « brevet international », le brevet français fera pâle figure. Nos Diafoirus de l’Education sont tout de même drôlement malins.

Si l’on n’a pas encore compris, voici toutes les précisions nécessaires :

« Une évolution est actuellement engagée pour permettre une transformation des cours d'ELCO en cours de langue vivante étrangère dispensés aux élèves sur le temps scolaire. Cette évolution permettra de valoriser, par une plus-value pédagogique, l'apprentissage des langues concernées, tout en s'inscrivant pleinement dans le cadre d'une politique linguistique cohérente et diversifiée mise en oeuvre dans les cartes académiques des langues ».

Sur le temps scolaire, on va donc organiser, pour les enfants de migrants, quasiment des cours particuliers dans leur propre langue. Ouverts ensuite aux enfants de France. La France a-t-elle vocation à enseigner aux enfants de migrants leur culture d’origine ? A quel titre ? Avec quels bienfaits ?

Nous le savons, la culture arabe ne se dissocie pas de la religion musulmane. Les ELCO ne visent-ils pas en réalité à promouvoir une arabisation et une islamisation des enfants maghrébins, destiné à s’ouvrir aux enfants français, selon les vœux de nos alliés du Golfe ?

Face à cet enjeu, on aurait pu s’attendre à une mobilisation d’associations comme « sauver les lettres », des fédérations de parents d’élèves, des enseignants, en particulier de français et d’histoire. On peut s’étonner du silence des responsables administratifs de l’enseignement catholique.

Car réfléchissons. Par qui seront donnés ces cours ?

« par des enseignants des pays concernés mis à disposition par leurs gouvernements respectifs ou recrutés localement par les autorités consulaires ».

Il n’est pas difficile d’imaginer la suite : des enseignants de langue arabe seront mis à disposition par la Turquie, par l’Algérie, par le Maroc, par la Tunisie. Ils seront payés par la France, donc par les contribuables, pour enseigner la « culture arabe », une culture arabe qui sera progressivement élargie aux enfants français.

Et, dernier détail : combien cela va t-il coûter?

 

Nota bene : pour vérifier l’existence de ce dispositif, il suffit d’aller sur le site Eduscol, il apparaît sur l’écran. S’il n’apparaît plus dans deux jours, c’est qu’il aura été supprimé délibérément à la suite de cet article.

 

 



[1] Ali Amar, Mohammed VI, le grand malentendu, Calmann-lévy, 2009, pp. 327-328.


A qui profite la laïcité en France ?

Nous sommes quelques jours avant le Noël quelque part en France. Pas de crèches, pas de sapins, pas de décorations joyeuses dans les rues et les vitrines, pas de marchés à tous les coins des villes et des villages, pas de Pères Noël pour les enfants… Bref, pas de miracle de cette période d’hiver. Ce n’est pas que le gouvernement veuille rétablir la situation économique catastrophique. C’est la laïcité qui interdit les signes ostentatoires d’une religion quelconque.

Pour le moment, on n’en est pas encore à ce point terrible. Mais l’affaire des crèches dans les lieux publics tire la sonnette d’alarme. A quoi faut-il s’attendre après cette offensive de laïcistes en délire ? Nous avons posé cette question à notre interlocuteur Robert Mestelan, président de l’association « La route de l’Europe chrétienne ». Ecoutons-le.

Sputnik. Que pensez-vous des demandes de retirer les crèches des lieux publics ?

Robert Mestelan. C’est un scandale qui a éclaté au début du mois de décembre et s’est manifesté par deux interdictions de placer des crèches dans deux endroits bien caractéristiques de la France. D’abord, en Vendée, une région qui a toujours été hostile à la révolution et qui, sous l’impulsion de notre ami Philippe de Villiers, maintient les racines chrétiennes de façon très vivace. C’est dans les locaux du Conseil général à Laroche-sur-Lyon qu’une crèche avait été installée, d’ailleurs, à la demande des familles qui travaillaient dans ce bâtiment. La tradition avait été respectée : chaque année, cette crèche était dressée à la joie de tous. Cette année, il y a eu une plainte d’un membre de Libre Pensée (un nom de guerre qui désigne la franc-maçonnerie). Suite à cette plainte, on a demandé à Monsieur Bruno Retailleau, président du Conseil général, de retirer cette crèche. La deuxième affaire a eu lieu dans une autre partie de la France, dans le Midi viticole. Il s’agit de la mairie de la ville de Bézier qui vient d’être gagnée par Monsieur Robert Ménard, un homme extrêmement courageux et droit, qui essaie de remettre de l’ordre dans cette ville qui a été très malmenée par tous les gauchistes qui avaient été à la tête de la mairie depuis un certain nombre d’années. Une autre plainte a été également déposée par la Libre Pensée. Robert Ménard qui n’a pas la langue dans sa poche, a répondu en disant qu’il n’était pas question de retirer cette crèche. Ce faisant, il l’a gardée et a obtenu l’aide de toute la population de Bézier excédée par ces agissements gauchistes. Finalement, on a maintenu la crèche dans cette mairie et Robert Ménard a été cité comme homme très courageux qui s’est opposée à cette manifestation indigne.

La crèche est un signe de la religion catholique qui est dominante en France. Elle fait surtout partie des racines chrétiennes de l’Europe. C’est très important que la population reste fidèle à la fois. Pour cela, la crèche indique très nettement la vocation chrétienne de la France. Face à ces deux faits, un immense mouvement s’est créé en France qui incitaient tout un tas de gens, de laïcs, de mairies, de communautés d’associations à installer des crèches dans des endroits où il n’y en avait pas auparavant pour réagir de façon violente à cette manifestation autoritaire tout à fait déplacée. Il y a eu un ensemble de crèches très important élevé cette année dans tous les endroits du pays.

Sputnik. On dit souvent que les crèches dans les lieux publics portent atteinte à la laïcité. Est-ce la même laïcité instaurée en 1905 par Napoléon ? A-t-elle changé un siècle plus tard ?

Robert Mestelan. Je pense que c’est un mauvais procès. Cela ne porte absolument pas atteinte à la laïcité. Actuellement, il s’agit d’une laïcité à sens unique en France. Cette laïcité ne s’adresse qu’aux catholiques et en aucun cas ne s’adresse aux musulmans qui, eux, construisent des mosquées et ont des exigences de plus en plus lourdes, par exemple, en ce qui concerne la nourriture qu’il faut leur servir dans les collectivités. Le gouvernement actuel est extrêmement sensible à favoriser toujours l’islam et dès que la religion catholique manifeste la moindre tendance à affirmer publiquement sa foi, on lui applique ces principes de laïcité. C’est un faux problème qui a éclaté et qui montre la duplicité des hommes qui exercent le pouvoir en France.

Sputnik. Sont-ils pro-musulmans et anti-chrétiens alors ?

Robert Mestelan. Les musulmans sont très heureux qu’on favorise leur action, bien entendu. On n’applique pas du tout les lois de laïcité pour interdire leurs manifestations. On cite, en particulier, la fête du Ramadan qui a été fêtée publiquement à Paris, à l’Hôtel de ville. A ce moment-là, on ne parle plus du tout de laïcité. Je répète encore une fois que c’est une laïcité à sens unique.

Sputnik. L’affaire des crèches intervient non seulement quelques jours avant Noël, ce qui est logique, mais également lors de la guerre menée par l’Etat islamique. Aujourd’hui, de plus en plus de Français s’engagent dans les rangs des djihadistes, se convertissent à l’islam et partent faire la guerre en Syrie et en Irak. Peut-on lier ces deux sujets ?

Robert Mestelan. Je ne sais pas si on peut les lier, mais c’est une constatation extrêmement inquiétante. Des jeunes français, ce sont souvent des Français de souche qui ne sont pas musulmans, qui sont cités comme allant s’engager dans les rangs du djihad. J’y vois une explication. Au fond, depuis un certain nombre d’année, on a supprimé le service militaire en France et la jeunesse n’est plus appelée à servir son pays, comme elle l’était, en effectuant une année de service national militaire ou parfois plus. Donc, il y a toute une catégorie de jeunes, voire tout la jeunesse actuelle de France, qui est laissée sans aucune formation et qui, pourtant, comme tous les jeunes, est à la recherche d’un idéal. Là, c’est un idéal dévoilé mais, certes, cet idéal pousse ces jeunes à quitter la société de consommation béate dans laquelle on a voulu les enfermer, et qui préfèrent, en bravant toutes les difficultés, franchir les frontières et se rendre en Syrie ou en Irak pour rejoindre les rangs du djihad.

Sputnik.Va-t-on pousser l’affaire des crèches plus loin ?

Robert Mestelan. Je ne suis pas devin ni prophète. C’est un prétexte qui a été utilisé par les laïcistes pour suivre sur le plan de l’interdiction la pratique de la religion chrétienne. C’est très douloureux pour nous tous. De plus, il y a des jeunes qui s’appellent SOS Irak qui sont partis avec le cardinal Barbarin non seulement pour amener des vivres, mais aussi rester sur place et s’occuper de la population de toutes ces villages envahies par l’Etat islamique.

Commentaire. Les plaintes d’interdire les crèches et les décisions des tribunaux témoignent d’une lecture de la laïcité à géométrie variable. Les prétendus libre penseurs et les juges se montrent moins regardant lorsque la mairie de Paris célèbre le Ramadan, qui, à ma connaissance, n’est pas une tradition purement française, ou encore lorsque les municipalités participent au financement de mosquées. Dans ce contexte, je salue la vive réaction de la population. On a installé un tas de crèches dans les lieux publics, notamment, les maires. Telle est l’Antigone de Sophocle : les Français ont ainsi montré leur insoumission face à cette injustice.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord, toute cette affaire n’a rien d’anecdotique. Ce n’est pas seulement la religion catholique qui est visée, mais aussi à travers elle, les traditions et la mémoire française. La crèche dans le vieux pays de France ne relève plus uniquement du culte, mais aussi de la culture. Derrière ce paravent de laïcité, les Français sont confrontés aux destructeurs de l’Europe qui procèdent à construire un monde nouveau en détruisant tous les repères collectifs profonds, de la famille à la nation. C’est sur ce néant, cette table rase que prospère le matérialisme et le mercantilisme. Je dirais plus : c’est aussi à cause de ce nihilisme que de jeunes Français se retrouvent embarqués dans les folies djihadistes après une conversion qui cherche, sans doute, à combler ce vide.

Ce sont les mêmes destructeurs qui ont toujours refusé que soient reconnues les racines chrétiennes de l’Europe. Souvenez-vous de Jacques Chirac proclamant en 2003 que « les racines de l’Europe sont tout autant musulmanes que chrétiennes », notamment, pour faciliter l’adhésion de la Turquie en Union européenne. En refusant de définir l’identité et les frontières géographiques de l’Union européenne, ils ont donc accentué le divorce entre la vraie Europe, une civilisation s’exprimant à travers de différentes nations, et leurs projets politiques ultralibéraux et mondialistes. Cette Union européenne qu’ils ont voulue construire sans racines est forcément sans avenir.
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/no_program/281643286/


Entre laïcisme et déracinement. La France déboussolée

Françoise Compoint


Le tribunal administratif de Nantes a interdit au Conseil Général de la Vendée l’installation d’une crèche.

Notez bien ! D’une crèche avec un petit Jésus porteur d’espoir au centre. Toute éventuelle émotion mise de côté, on ne devrait guère s’en étonner ou s’en offusquer. Après tout, le sapin de Noël avait déjà fait polémique à Bruxelles en 2012 lorsqu’il fut finalement remplacé par une structure métallique lumineuse. Chapeau ! Même les bolcheviks n’allèrent pas jusqu’à lutter contre les sapins. Le sacro-saint laïcisme belliciste actuellement de vigueur en France, dégénérerait-il en schizophrénie assaisonnée d’autoflagellation perverse ?

Ayant publié en 2004 un livre intitulé La République, les religions, l’espérance, Nicolas Sarkozy avait introduit un concept ultérieurement qualifié de « laïcité positive ». L’enjeu serait de réconcilier la religion avec l’Etat dans une optique bonapartiste pragmatique selon laquelle l’Eglise est naturellement appelée à servir les intérêts du gouvernement (le trait d’union avec « ceux de la nation » s’imposerait dans l’idéal). Cette approche, bien que dénigrante pour certains milieux catholiques, est néanmoins en cohérence avec le rang plus que secondaire auquel l’Eglise a été progressivement reléguée. Il suffit de se rappeler les réactions ambigües qu’a suscitées l’intervention du Pape François devant le Conseil de l’Europe, comme si le Saint-Siège n’avait aucun statut politique (n’oublions pas qu’il détient un siège d’observateur permanent à l’ONU).

On peut longuement et vastement polémiquer sur la marge de manœuvre diplomatique qui devrait être celle du Vatican en tant qu’organisation dotée d’un statut juridique officiel. En revanche, il est bien plus difficile à admettre que l’héritage spirituel de la France en particulier et de l’univers helléno-chrétien en général est remis en question au nom d’obscurs préjugés auxquels on voudrait faire porter un masque progressiste. Lorsque Mgr Nicolas Brouwet nous apprend qu’« on ne peut pas diriger un pays comme une équipe de secours catholique [car] il faut aussi mesurer le poids en France d’une pensée de gauche laïcarde », il est clairement en retard d’une très grande guerre cette pensée étant dominante, écrasante et comme par hasard taillée à la mesure d’autres modèles civilisationnels, plus combatifs et par conséquent plus viables.

Curieusement, cette mesure s’aligne sur des modèles parfaitement exclusifs l’un de l’autre – nihiliste et chantre d’un mondialisme déraciné d’un côté, islamiste rigoriste de l’autre. Face à cette incohérence grandissime et lancinante, on devrait se poser un certain nombre de questions sur le remède (sans doute amer) à adopter après avoir, au préalable, formulé le diagnostic. Voici celui de M. Christopher Lings, directeur de publication du Bréviaire des Patriotes.

La Voix de la Russie. Un tribunal vient d'interdire la crèche de Noël au Conseil Général de la Vendée. Que pensez-vous de cet interdit? Répond-il à l'impératif de laïcité introduit par la loi de 1905?

Christopher Lings. Au-delà de ce fait lamentable, je tiens à rappeler que la laïcité existait bien avant 1905 et que le catholicisme, mis à part des troubles lointains qui étaient plus politiques que religieux, a toujours fait respecter le principe de tolérance à l’égard d’autres religions sur le sol français. La République n’a par conséquent rien inventé, au contraire, je dirais qu’elle a transformé cette laïcité chrétienne tolérante en une laïcité maçonne, hostile au religieux et en particulier au catholicisme. Cet épisode est en parfaite cohérence avec l’état d’esprit actuel, c’est-à-dire un reniement de l’identité chrétienne de la France. Mais il y a pire ! On considère aujourd’hui qu’il faut interdire un symbole appelant à l’Amour et au Partage alors qu’en parallèle nous voyons des Femen profaner les églises dans une totale impunité. Cette approche est lamentable mais bien dans l’air du temps.

LVdlR. Peut-on considérer que l'espèce de déracinement qui nous est imposé par le gouvernement socialiste contribue à l'épanouissement du radicalisme islamiste en France? Sont-ce des réalités liées?

Christopher Lings. Tout à fait. Cette destruction de l’identité chrétienne de la France laisse un terreau propice à l’épanouissement de l’islam qui à cause de l’immigration massive pompe de plus en plus de fidèles sur le sol français. Comment voulez-vous résister à une religion qui est encore dynamique et bouillonnante en lui opposant le Vide ? Le Vide, rappelons-le, n’est pas dû à l’islam, l’islamisation n’étant qu’une conséquence à la fois de l’immigration massive programmée et de la déchristianisation invétérée du pays. Le Vide s’est formé et développé pendant des décennies se heurtant à une religion intrinsèquement conquérante. Pourquoi se priverait-elle de la possibilité d’emprunter ce boulevard que nous lui laissons ? Il serait donc bon de se remettre en question.

LVdlR. Selon Alain Soral, il faudrait "refaire du catholicisme la religion d'Etat en France". Croyez-vous qu'il s'agisse d'un remède efficace et surtout d'actualité au stade où nous en sommes?

Christopher Lings. Comme l’a toujours dit M. Soral, il faut absolument instaurer le catholicisme comme religion d’Etat en France, car, premièrement, – et cela rejoint les questions précédentes – on ne s’opposera pas à l’islamisme et à l’idéologie libérale-libertaire en proposant le Vide en face. Deuxièmement, comme disait l’Empereur, on ne gouverne pas sous un ciel vide. On ne puit donc se passer de transcendance et de spirituel dans la mesure où ces références garantissent un cadre moral qui nous aurait évité de pratiquer, pour ne citer que quelques exemples au passage, 8 millions d’avortements depuis 40 ans ou encore de fonder son droit au mariage et à l’adoption d’enfants par rapport à ses pratiques sexuelles privées. Nous aurions été certainement protégés de ces aberrations.

Pour ceux qui verraient dans la réinstauration du catholicisme comme religion d’Etat un virage dictatorial insupportable préfigurant le retour des bûchers en place publique, je les invite à sortir de l’imaginaire laïco-maçonnique qui a fait du catholicisme une monstruosité. Or, celui-ci garantit en soi la laïcité. Comme l’a souligné Alain Soral, il correspond en plus profondément à l’identité française.

Pour se protéger de l’identité expansionniste de l’autre, encore faudrait-il en avoir une soi-même. Au lieu de se focaliser sur le débordement identitaire d’autrui, il conviendrait d’abord de se défaire des restrictions laïcardes qui prétendent défendre la France et ses traditions avec du saucisson et du pinard – je vous laisse apprécier le niveau – alors qu’ils ne font que la détruire depuis près de 200 ans en créant ce Vide dans lequel l’islam s’immisce d’une manière tout à faire naturelle.

En parallèle, parce qu’il faut bien noter ce paradoxe, l’islam bénéficie – que ce soit au nom de l’antiracisme, de l’électoralisme ou d’une volonté de détruire l’identité française – d’un traitement bien plus favorable de la part de la classe politique de droite comme de gauche qui inaugure des mosquées à tour de bras. Il y a donc certes un Vide qui s’est creusé mais comme par hasard c’est le catholicisme qui en est la première et plus importante victime. Je vous rappelle l’épisode de 2013 lorsque François Hollande avait souhaité l’Aïd aux musulmans en omettant de dire ne serait-ce qu’un seul mot adressé aux chrétiens à l’occasion de Noël.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabiité de l'auteur.
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/217362642/280940201/#.VIH5dpxBsnM.gmail


AUTOCENSURE, POLITIQUEMENT CORRECT, CONFORMISME, NOVLANGUE... (par Maurice D.)


Ah, tout ce qu'il ne faut pas dire !

Sur une chaîne de télévision quelconque (elle le sont toutes devenues, pourtant là il s'agit d'Arte), un scientifique explique que les organismes des gens du Nord, mais vraiment, du Nord, du "grand" Nord même, fabriquent telle vitamine en grande quantité pour contrer l'absence de luminosité hivernale, "parce qu'ils sont blonds". Par contre, "les gens des pays tropicaux qui sont… eueuh… qui sont… euh… moins blonds…". 

"Moins blonds" pour parler des Africains, des Javanais, des Arabes, des Malais, des Indiens, il fallait le trouver !!!

"Moins blonds" parce qu'il est interdit de parler de Noirs ou d'Arabes sur une chaine publique sans encourir les poursuites des richissimes associations néo-nazies chargées de la défense et promotion des races à peau sombre d'où qu'elles viennent.

"Moins blonds" parce que même le mot "ethnie" qui remplaça "race" dans les cervelles débiles de la gauche complexée est désormais suspect. Pourtant "ethnie" et "race", c'est bonnet-blanc et blanc-bonnet, n'importe quel dictionnaire vous le dira, mais "race" rappelle paraît-il "une période sombre de notre histoire, aux relents nauséabonds".

S'ils connaissaient un peu l'histoire de leur pays - mais ils ne la connaissent pas puisque seul l'enseignement de l'histoire révisée par les historiens gauchistes de l'éducation nationale est autorisé - ils sauraient que cette période sombre fut dans les deux camps l'œuvre de socialistes qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau à quelques nuances près. D'un côté ils étaient internationalistes et de l'autre nationalistes mais les deux se reconnaissaient avant tout comme socialistes ("Mussolini est le meilleur des socialistes", disait Staline), et d'un côté on pratiquait un racisme physique, de l'autre un racisme social. Après, allez savoir si les camps de Staline étaient plus doux que ceux de Hitler et ses exterminations idéologiquement plus pures ? Ou si le génocide nazi était préférable au génocide khmer, d'autant que Pol Pot - qui avait passé son diplôme de génocidaire 44 rue Le Peltier (9èmeart.), siège du PCF à l'époque - était encensé par les socialistes et leurs journaux : "Phnom-Penh libérée par les Khmers rouges" titrait Le Monde dont Bergé et Pigasse (de la banque Lazard) sont aujourd'hui les malheureux propriétaires. 

Est-ce que la balle nazie dans la nuque est plus sale que le coup de binette khmer rouge ou le couteau de l'égorgeur musulman ? Voilà une question qu'il faudrait poser aux victimes, ou aux lycéens du prochain bac philo.

Nos associations néo-racistes reçoivent le soutien de journalistes incultes au conformisme intellectuel confondant qui obéissent aux instructions de milliardaires de la gauche caviar, acquis aux thèses néo-esclavagistes des trilatéralistes et des bilderbergers de tous poils pour lesquels le peuple est là pour obéir et payer. Surtout obéir, et s'il n'obéit pas, pour être puni.

Ceux-là peuvent dire sans encourir le moindre risque de poursuites judiciaires qu'il serait bien de jeter une bombe dans une manifestation pacifique (Pierre Bergé) ou de faire violer, dans la prison où il a été jeté, un prisonnier politique (Stéphane Guillon).

Elles reçoivent aussi le soutien de politiciens prompts à lever l'immunité parlementaire de ceux d'entre eux qui critiquent le comportement d'étrangers qui croient avoir touts les droits dans le pays qu'ils envahissent et occupent. 

"La chasse au dérapage, au mot de travers, le gril pour les sulfureux, le bannissement pour les hérétiques sont le pain quotidien de ceux dont la pensée est simple au point de répartir personnes, discours et comportements en deux catégories : le bien et le mal. Avec un intérêt soutenu pour le second que l’on déniche jusque dans les arrière-pensées de propos qui n’ont pas été tenus, mais presque, que l’on débusque de proche en proche par amalgame chez celui qui a rencontré celui qui avait lu le récit de celui qui avait dit avoir vu le diable, que l’on dévoile en révélant le choix politique honteux qu’aurait, à l’évidence, effectué tel sale individu, s’il était né un siècle plus tôt…
(Christian Vanneste, Pdt du Rassemblement pour la France, Boulevard Voltaire).

Et c'est ainsi que Marine Le Pen voit son immunité parlementaire levée. Se rendent-ils compte, ces minus habens, qu'ils portent un nouveau coup à la Constitution européenne et à la française, à la liberté d'expression et à la démocratie ? Car c'est aux électeurs de décider si un parlementaire doit ou non être sanctionné. Le plus fort, c'est que le seul, ou presque, à avoir pris sa défense au Parlement européen est le trublion écolo Daniel Cohn Bendit. Il a invoqué à juste titre le droit d'avoir des opinions et de les exprimer, même si chacun est en droit de les trouver un peu outrancières. C'était bien dit et c'était honnête de sa part, qu'il en soit remercié.

Le plus fort encore, est que Marine Le Pen va être poursuivie pour "incitation à la haine raciale" alors que le mot "race" vient d'être retiré de la Constitution et que parler de "race" est on ne peu plus politiquement incorrect. 
Il est clair que la logique n'est pas dans le schéma mental de la gauche !

C'est vrai, quoi ! Si dénoncer le blocage de rues par des gens qui prient est un acte racial, cela signifie que les accusateurs du dénonciateur assimilent les pratiquants de la religion concernée à une race. Mais si les musulmans sont de race mahométane, alors les catholiques qui manifestent avenue de la Grande Armée et aux Invalides sont de race catholique et vouloir leur jeter des bombes comme le souhaite Bergé, les faire gazer, tabasser arrêter comme le fait Valls, espérer qu'ils seront violés comme le veut Guillon, sont aussi des actes non seulement d'incitation mais, s'agissant de Valls, de pratique de haine raciale… 

À moins qu'il n'y ait une "bonne" race, celle des musulmans et une race "inférieure", celle des catholiques ? Comme dans le Coran où la hiérarchie des êtres est clairement décrite : les musulmans, en-dessous les dhimmis chrétiens et juifs, en-dessous les femmes, en-dessous les chiens, en-dessous les cochons... Nos socialistes ont peut-être l'intention d'officialiser la chose ?

C'est apparemment ce que pense Vincent Peillon qui voudrait éradiquer les catholiques "qui ne devraient même pas être vivants" comme aurait dit Clément Méric. 

Voir absolument cette vidéo si vous ne l'avez pas encore vue ! Entendre le ministre de l'Education regretter ouvertement ne pas pouvoir supprimer la religion catholique est un plaisir de fin gourmet !!! Que n'aurait-t-on dit s'il avait dit la même chose de l'islam ???

Session Formation: Savoir communiquer pour convaincre - 23-24 mars  

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Les 23 et 24 mars prochains, France Jeunesse Civitas propose un week-end militant : "Savoir communiquer pour convaincre".

 

 

Il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées, encore faut-il savoir les exprimer et les propager.

Le samedi, dès 9h, les participants recevront une formation en des domaines aussi variés que : 

- la rédaction et la présentation d'un dossier de presse

- la rédaction et la présentation d'un tract

- les relations publiques

- l'interview

- les nouvelles techniques d'information et de communication

- l'utilisation efficace d'internet et des réseaux sociaux

- le montage d'un clip-vidéo

 

Cette formation sera adaptée à différents niveaux. Ambiance militante et camaraderie.

Dimanche des Rameaux. Office religieux suivi d'applications pratiques et directes des enseignements reçus la veille.

 

Places limitées. Ne tardez pas à vous inscrire. L'inscription préalable est obligatoire auprès de notre secrétariat ( 01.34.11.16.94 - secretariat@civitas-institut.com )

Frais de participation : 20 euros pour les membres en ordre de cotisation - 25 euros pour les autres (comprend le déjeuner le samedi et le dimanche ainsi que le goûter).

 

En cas de besoin de logement, le signaler lors de l'inscription.

 

 

A partir du 4 avril, tous devant le Sénat !

 

Ni ballons, ni flonflons; prières et sainte colère !

 

CIVITAS appelle tous les défenseurs de la Famille à se rassembler devant le Sénat à partir du jeudi 4 avril. Nous nous rassemblerons à partir de 19h à cette date où le Sénat se saisira en séance plénière du projet de loi Taubira dénaturant le mariage et la parenté. Avec détermination et persévérance, nous y reviendrons plusieurs jours de suite.

 

Le samedi 6 avril fera office de rendez-vous national dès 15h.

 

Toutes les informations suivront bientôt.

  

 

Parution du n° 47 de la revue Civitas: Revue 47 - Mars 2013: Image d’aperçu

     Abonnement revue: 25€/an :  Image d’aperçu 

  version PDF 12€/an: Image d’aperçu

 

 

 

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Peillon cherche à faire culpabiliser les chrétiens»

«Au lieu d'être le projet de tolérance dont se réclament ses défenseurs, cette réforme est d'abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine à l'égard des religions», accuse Laurent Wauquiez

INTERVIEW - Laurent Wauquiez s'insurge contre les propos «scandaleux» du ministre de l'Éducation, qui a tancé vendredi l'enseignement catholique pour ses prises de position sur le mariage gay.

 

Député (UMP) de la Haute-Loire, Laurent Wauquiez a été ministre chargé des Affaires européennes puis ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Conseiller politique de l'UMP depuis 2009, il a fondé La Droite sociale, un club de réflexion de parlementaires voué à faire entendre la sensibilité sociale au sein de la droite.

LE FIGARO. - Comment réagissez-vous aux déclarations de Vincent Peillon?

Laurent WAUQUIEZ. - C'est parfaitement scandaleux de laisser croire que la vision de la famille dans l'enseignement catholique serait responsable de suicides chez les jeunes homos. Cela relève au mieux de l'ignorance, au pire du mépris pour l'enseignement catholique. C'est une grande manipulation politique qui cherche à faire culpabiliser les chrétiens et à faire croire que l'opposition au mariage homo et à l'adoption est le fait d'une minorité.

Les débats autour du mariage homosexuel donnent jour, selon vous, à une «cathophobie intolérable», que dénoncez-vous précisément?

La volonté de rejeter tout rapport avec les religions est très frappante depuis ce nouveau gouvernement socialiste. Tout particulièrement avec les chrétiens, à en juger par la violence et la cristallisation dont ils font l'objet dans les débats sur le «mariage pour tous». Au lieu d'être le projet de tolérance dont se réclament ses défenseurs, cette réforme est d'abord la réforme du rejet, du mépris et de la haine à l'égard des religions.

Vous vous scandalisez que l'on réduise l'opposition au projet aux seuls catholiques…

Le mariage homosexuel et l'homoparentalité, c'est un sujet pour tous et pour toutes les religions. Les juifs, les musulmans, les protestants s'y opposent. Or le gouvernement marque une volonté scandaleuse de réduire l'opposition à un seul groupe réactionnaire qui serait les cathos. Bien commode.

Vous accusez particulièrement certains ministres, que leur reprochez-vous?

Les lignes rouges ont été franchies de manière inacceptable avec l'attitude insultante de plusieurs membres du gouvernement et du rapporteur socialiste du projet de loi qui, lors des auditions, a accusé les religions d'un «défaut d'intelligence». Passons sur le ridicule dont s'est couverte Cécile Duflot avec son intention de réquisitionner les biens de l'Église pour loger les sans-abri. Le plus inacceptable vient de la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, Michèle Delaunay, qui a relayé un tweet outrageant et discriminant («Aujourd'hui les catholiques condamneraient la sainte Famille: un mari qui n'était pas le père, une mère vierge…», NDLR). Elle insulte juste la foi de millions de Français. Dans quelle république est-on si un ministre se permet ce genre de dérive? Sommes-nous condamnés à devoir tout accepter? Stop, ça suffit!

C'est ça la cathophobie?

Jamais on n'aurait accepté ces propos sur l'islam ou sur les juifs. Tout le monde l'aurait aussitôt taxée d'antisémitisme ou de racisme. Toutes les religions ont droit à un égal et même respect. Nous devons être très vigilants avec ce sectarisme et cette intolérance. Cette attitude est un vrai dévoiement de la vision de la laïcité car, pour ces responsables politiques, l'idéal serait d'extirper toute forme de religion de la société or la laïcité est tout le contraire: c'est le respect de toutes les religions.

C'est le point de vue de l'homme politique ou une conviction personnelle?

Les religions sont une richesse pour notre société, elles font partie de notre histoire et de notre civilisation. Si je tire la sonnette d'alarme, ce n'est pas en tant que croyant mais en tant qu'élu car je crois sincèrement que c'est une vraie dérive pour la société et la République.

Que demandez-vous au gouvernement?

Un seuil intolérable a été franchi et cela mérite des éclaircissements de la part de Jean-Marc Ayrault. Il doit rappeler à l'ordre ses ministres et faire un geste de respect et de dialogue avec les religions.

 

Calixthe Beyala s’indigne de la place du Qatar dans la francophonie

Enfin quelqu’un ose poser la question !  Dans la rubrique Controverse l’article, qui émane de l’écrivain Calixthe Beyala, s’ajoute au dossier assez complet sur le Qatar que le Journal Marianne (1), friand de titres accrocheurs a intitulé : Comment ils ont livré la France au Qatar… Si l’analyse des journalistes rejoint les nombreux articles déjà publiés dansRiposte laïque sur la prise en mains de notre pays par les pétrodollars du Golfe, Calixthe s’étonne, et elle n’est pas la seule, de l’intrusion du Qatar dans la francophonie, «  pays riche en pétrole dit-elle mais pays avec qui, moi écrivain francophone, je ne partage rien ». Plus loin elle précise sa pensée :  « ce pays riche s’est introduit dans ma cartographie intellectuelle par effraction, un viol presque de ma mémoire tant il m’a été répété que ces gens là sont riches que rien ni personne ne leur échappent ».

Elle a réfléchi sur des points fondamentaux : l’influence et la manipulation des jeunes : « Ils financent nos banlieues et j’ai pensé que c’était une très mauvaise chose : que, malgré nos difficultés financières, je me passerais volontiers de leur argent, car par cet acte, ils achètent nos enfants, leur conscience et leur liberté de pensée ».

L’appropriation de notre patrimoine : « ils achètent en gros et en détail… le patrimoine français, mon patrimoine. Et, à chaque fois, mon cœur se vrille. Je me sens dépouillée. Dénudée. Rasée. Je suis désespérée malgré les explications qu’on nous donne : « c’est à cause de la crise économique, vous comprenez ? ». Combien sont-ils les Français qui, comme cette femme, ressentent  douloureusement la même blessure devant cette perte de notre  patrimoine dont on nous dépouille ?

Femme lucide  elle a  vu l’autre côté du miroir aux alouettes la face  pas belle :  « ce pays ne s’est pas illustré pour ses idéaux lumineux, pour sa grandeur littéraire, mais exclusivement parce que détenteur de pétrodollars… et du record des femmes bannies, bafouées, sans aucun droit, voilées, mais ça, chut ! on n’en parle pas. Ils sont riches ! ».

Que vient donc faire le Qatar dans la francophonie ? La francophonie n’a jamais eu pour objectif de construire des écoles coraniques, mais plutôt d’aider à l’édification des établissements scolaires de langue française tout en favorisant le dialogue avec d’autres langues d’autres cultures. Sans doute parce qu’il a de l’argent, nous dira-t-on bientôt que le Qatar est très utile puisqu’il financera les burqas qui voileront les femmes jusqu’aux ovaires ? Peut-être argumenteront-ils que le Qatar est à idolâtrer parce qu’il financera les parlements aussi bien en occident qu’en Afriquepour favoriser l’adoption de la charia dans nos cités.

Tout est dit par cette femme déterminée qui perce avec finesse et justesse : l’ambition de ce pays riche de ses pétrodollars, son objectif et ses prétentions à imposer ses valeurs religieuses en occident, au Maghreb comme dans toute l’ Afrique, le danger pour la jeunesse et pour les femmes. De nombreux analystes des révolutions arabes mettent, aujourd’hui, en lumière le rôle malsain  du Qatar dans le financement des partis  islamistes, et la désinformation quotidienne pratiquée par la chaîne Al-Jazira, sur les faits réels des printemps arabes. Au moment où les groupes  armés et financés, entre autre,  par ces pétrodollars, obligent notre pays à agir militairement au Mali, nos élus et notre Gouvernement vont-ils, enfin,   prendre leurs distances avec ces théocraties du golfe (2)? Face aux risques terroristes que court la communauté française, sur son propre territoire, il semble qu’il y ait urgence!

Chantal Crabère 

(1) Marianne N° 820  du 5/11 janvier 2013

(2) Et puisque l’Etat français n’a plus d’argent, avant de pressurer les  Français, le Gouvernement socialiste s’honorait, et gagnerait en cohérence, de revenir sur l’incroyable  convention fiscale signée par Nicolas Sarkozy  une niche fiscale qui dispense un investisseur qatari de tout impôt sur les plus-values réalisées  sur la revente de biens immobiliers en France, disposition décriée à l’époque par le PS , mais, à ce jour pas abrogée.  

 

Conte des deux poules :

 - Camarade, si tu avais deux maisons, tu en donnerais une à la révolution ?
 - Oui ! répond le camarade
>  - Et si tu avais deux voitures de luxe, tu en donnerais une à la révolution ?
  - Oui ! répond de nouveau le camarade.
  - Et si tu avais un million sur ton compte en banque, tu en donnerais la moitié à la révolution?
  - Bien sur que je le donnerais ! répond le fier camarade.
Et si tu avais deux poules, tu en donnerais une à la révolution ?
  -Non ! répond le camarade.
  - Mais ..... pourquoi tu donnerais une maison si tu en avais deux, une voiture si tu en avais deux, 500 000
si tu avais un million........et que tu ne donnerais pas une poule si tu en avais deux ?
  - Mais parce que les poules, je les ai !

> > >  
Moralité : Il est toujours facile d'être socialiste avec la propriété et le travail des autres !

Gauche au pouvoir et climat de guerre civile

Michel Garroté, réd en chef – Quatre églises du Finistère, situées à Loctudy, Combrit, Huelgoat et à l’intérieur de l’Hôtel-Dieu, à Pont-l’Abbé, ont été profanées ces derniers jours. La cathédrale d’Agen a été victime d’actes de vandalisme et de sacrilège. Le décor de la crèche de la nativité a été saccagé. Des affiches, des prospectus et un cahier d’intentions de prières ont été déchirés et éparpillés à travers le chœur et le transept. Les auteurs ont brisé des cierges.

Des vols ont été commis, notamment dans la crèche. Des personnages de cire datant du XIXe siècle qui mesurent 50 à 60 cm de long, un bœuf, un âne et l’enfant Jésus ont été dérobés. L’argent laissé par les fidèles dans un angelot a également été volé. Les églises de Touvet et de Crolles, dans l’Isère, ont subi des effractions sur leur sacristie et leur tabernacle.

Par ailleurs, je tombe sur ce texte diffusé par des socialistes suite au dépôt d’une proposition de loi relative à la reconnaissance du génocide vendéen, texte diffusé par des socialistes qui instaure l’Inquisition de la gauche contre les Français de droite et/ou chrétiens : « Le bloc UMP-FN est devenu réalité à l’Assemblée Nationale le 16 janvier 2013 avec la proposition de loi commune demandant la reconnaissance du génocide vendéen » entre 1793 et 1794 ».

Le texte diffusé par des socialistes ajoute : « Il ne s’agit pas d’un dérapage mais bien d’un choix révélant une inquiétante proximité idéologique. Une attitude révélatrice de la criante perméabilité qui existe aujourd’hui entre l’UMP de Jean-François Copé et le FN de Marine Le Pen, dénigrant d’un même élan l’héritage de la révolution française. Ce sont des pièces maitresses de l’UMP comme M. Marleix ou M. Luca qui fusionnent aujourd’hui avec le Front National dans la plus grande tradition de la droite réactionnaire et contre-révolutionnaire », conclut le texte diffusé par des socialistes.

Je me suis déjà exprimé sur ce sujet la semaine dernière (voir les trois liens vers mes articles en bas de page). A la lumière du texte socialiste susmentionné, je note que pour la gauche française au 21e siècle, reconnaître humblement la véracité historique du génocide des Vendéens perpétré par des révolutionnaires au 18e siècle est une chose dont ils s’avèrent totalement incapables.

Et qu’ils préfèrent stigmatiser l’UMP et la droite nationale en utilisant des mots qui participent du terrorisme intellectuel, des méthodes staliniennes de propagande et de l’appel gauchiste à la vindicte populaire contre une partie du peuple et contre certains de ses représentants. Si la gauche française voulait pousser une partie des Français à entrer dans une forme concrète et active de résistance, elle ne s’y prendrait pas autrement.

En effet, les membres de La Manif Pour Tous, de Résistance Républicaine, de Riposte Laïque, du Bloc Identitaire et de Génération Identitaire, demeurent, pour l’instant, dans le cadre strict de la République. Mais si la gauche au pouvoir continue son Inquisition, il n’est pas à exclure que certains éléments se radicalisent.

En cas d’insurrection, de rébellion, de printemps français, cette même gauche au pouvoir, accusera les autres, du climat de guerre civile, qu’elle aura pourtant elle-même provoqué. Et cette accusation ne fera qu’aggraver ce climat de guerre civile. Pour l’instant, les socialistes français croisent le fer au Mali en y envoyant des soldats se faire tuer. Mais c’est la France elle-même qui pourrait devenir le vrai cauchemar de la gauche au pouvoir.

Que fera alors ce pouvoir socialiste français ?

Donnera-t-il l’ordre de tirer sur la foule ?

Reproduction autorisée

 

Comme naguère Émile Zola : J’ACCUSE !

J’accuse Madame Christiane Taubira, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, d’avoir sciemment trompé les Français le dimanche 13 janvier 2013 sur TF1 au journal de 20 heures de Claire Chazal.

Je vous accuse, Madame, d’avoir sciemment menti aux Français en leur disant ce soir-là, je vous cite :« Le Code civil ne bouge pas sur la filiation, il n’y a pas une ligne de modifiée au titre VII qui concerne la filiation », alors qu’en fait, l’article 2 de votre projet consiste bel et bien à remanier ce titre VII.

Mais votre mensonge ne s’arrête pas là, vous qui avez dit ce soir-là : « C’est un texte de loi qui n’enlève strictement rien à personne, qui ne supprime pas les mots de « père » et de « mère » ».

Quel mensonge énorme ! L’avez-vous donc lu, votre projet de loi ? Il comporte 9 pages, 23 articles. Eh bien, les pages 2 à 9, les articles 4 à 21, consistent en la chasse aux mots « père » et « mère » dans tout le corpus juridique français avec un effrayant esprit de système.

Dans le Code civil, le mot « père » (et « mère ») est effacé plus de 97 fois !!! Et vous dîtes devant des millions de Français, dimanche dernier sur TF1, que le projet « ne supprime pas les mots de « père » et de « mère » » ! Votre mensonge est stupéfiant.

Votre projet est en fait essentiellement une chasse aux mots « père » et « mère », aux mots « homme » et « femme », « mari » et « femme » qu’il s’agit de faire disparaître dans tout le droit français. Et même les mots « beau-père » et « belle-mère ». Et les mots « paternel » et « maternel ». Un comble.

Faire disparaître ces mots de tout le corpus juridique français, c’est l’objectif caché de votre projet, c’est pourquoi vous avez menti aussi effrontément. En effet, votre projet ne concerne pas seulement le Code civil, mais aussi douze autres codes, comme le Code de procédure pénale, le Code des transports, et quatre autres grandes lois (l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante ; la loi sur la fonction publique hospitalière ; la loi sur la fonction publique de l’État ; la loi sur la fonction publique territoriale) car les mots désormais honnis qui ont le toupet d’y figurer doivent en disparaître aussi… (articles 5 à 21 de votre projet).

Par exemple, les mots « paternelle ou maternelle » figurent-ils à l’article 399 du Code Civil ? Votre projet, article 4, 25° est ainsi rédigé : « L’Article 399 est (…) modifié : (…) c) Au dernier alinéa, les mots : « , paternelle ou maternelle, » sont supprimés ; ». Ces mêmes mots figurent-ils aussi aux articles 747 et 749 du Code Civil ? C’est l’objet du 45° du même article 4 de votre projet : « Aux articles 747 et 749 les mots : « entre ceux de la branche paternelle et ceux de la branche maternelle » sont remplacés par les mots : « entre chaque branche » ; ».

Vous n’avez pas craint de supprimer le beau mot de « maternel » de tout le droit français. Vos électrices apprécieront.

Ainsi, ce n’est pas seulement l’accès des homosexuels au mariage que vise dans votre projet de loi. Il veut en réalité enclencher un bouleversement de la société française. Et parce que les Français commencent à s’en apercevoir, vous leur avez menti en leur affirmant le contraire de ce que vous aviez mis dans votre projet de loi.

Madame Christiane Taubira, ministre de la Justice, Garde des Sceaux : dimanche soir sur TF1, vous avez abusé de manière à vrai dire effrayante de la confiance de millions des Français. Maintenant, vous êtes démasquée. Vous êtes prise en flagrant délit. Il ne vous reste plus qu’à retirer votre projet de loi et à démissionner.

*Jean Vermeer est un citoyen français qui s’est donné le mal de lire votre projet de loi.