Laudato Si : une imposture ?

 

Marion Duvauchel

Professeur de philosophie, historienne des idées

Fondatrice de la Pteah Barang au Cambodge

 

 

Nul ne l’ignore, au moins dans le monde chrétien, paraissait il y a cinq ans, l’encyclique du pape François, Laudato Si, encyclique qui provoqua bien des remous parmi les fidèles d’obédiences diverses et même de l’émotion dans la pourpre cardinalice. C’est bon signe quand on a lu le texte. Si l’on en croit Vatican news, 2020-2021 sera une année spéciale pour célébrer le cinquième anniversaire de cette bouteille à la mer dont l’essentiel tient en deux mot : « hommes de tous les pays, unissez-vous holistiquement pour sauver la planète ».

Ouvrons une parenthèse didactique. L’encyclique se rattache à la mission d’enseignement du pape : elle a vocation à exposer à ses destinataires la position officielle de l’Église sur un thème précis, qui peut être une question d’actualité, occasion aussi de condamner des agissements que la sainte Église réprouve. C’est son droit et c’est même son devoir. Formellement destinée aux Évêques, la lettre s’adresse en pratique à tous les fidèles confiés à l'enseignement de leur évêque respectif. Mais toute personne intéressée par la position de l’Église peut être ou se sentir concernée par une encyclique.  

Dans le cas qui nous occupe, il s’agit de l’écologie pour le thème d’actualité et de la théologie de la création pour ce qui touche à la mission d’enseignement.

Dans sa rédaction même, cette encyclique brise plusieurs usages. Le premier, c’est la qualité de l’écriture. Même vieillies dans le style, les encycliques sont rédigées avec un soin visible. Celle de Jean-Paul II, Fides et Ratio, est tout à fait remarquable par la précision de l’écriture, mais c’est une encyclique qui, comme Splendor veritatis, relève strictement de la mission d’enseignement. Le ton a changé en effet. C’est une encyclique bavarde, mal écrite et désordonnée. Après une introduction qui, saint François d’Assise à l’appui, justifie le propos avec l’évocation poétique de « sœur terre », elle comporte deux parties. La première se veut une sorte de bilan exhaustif – et dramatique - de l’œuvre des hommes sur la nature et qui aboutit au défi urgent que nous sommes invités à relever, celui de sauvegarder notre maison commune. Ce défi « inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer ». 

Ce sont les prémisses de la prochaine encyclique. « Il nous faut une nouvelle solidarité universelle ».

C’est la mission des diocèses de commenter et d’exposer l’encyclique et son enseignement, comme de la présenter aux fidèles. Alors pourquoi nos prêtres et nos évêques se sont-ils contentés d’évoquer quelques termes un peu poétiques comme « sœur terre » ou « l’écologie intégrale » en omettant de développer la théologie de la Création, qui constitue la deuxième partie de ce texte édifiant? 

La réponse est simple : c’est que la théologie de la création du pape François est une doctrine erronée. Le terme même d’Évangile de la Création qu’il emploie n’est pas juste. C’est utiliser un mot chargé de connotations précises, (et déjà largement dévoyé), à des fins qui ne sont pas d’enseignement mais idéologiques. On chercherait en vain dans le canon du Nouveau Testament une doctrine de la Création. Le Salut du monde en revanche… Le pape (ou ses scribes) détourne et instrumentalise la Genèse à des fins pastorales. Les cardinaux qui se sont scandalisés ne s’y sont pas trompés, même s’ils ne l’ont pas dit en ces termes.

Les Cieux dit le psalmiste, raconte la Gloire de Dieu. Mieux, toute la Création porte le sceau de la divinité, (ce qui signifie qu’il y a la trace ou le vestige, comme dit Saint Bonaventure, de l’incréé dans le créé). Saint Augustin en avait eu l’intuition dans sa sagesse de contemplatif, reprenant d’ailleurs le propos de saint Paul sur le fait que nous voyons ici-bas en énigmes. Si la nature est écrite en langage mathématique comme le disait Galilée, encore convient-il de savoir l’interpréter. La Création est la parole de la Sainte Trinité, rapportée par appropriation à la personne du Père, l’Évangile celle du Fils et l’Ancien Testament est la parole propre du Saint Esprit : le chrétien observant (comme disent les sociologues aujourd’hui) qui récite le Credo sait qu’Il a parlé par les prophètes. On n’exploite pas un texte révélé comme on exploite une poésie dans une dissertation. 

C’est donc la lumière de la foi que propose le pape. Nous le suivons sur ce point sauf qu’il appelle pour ce faire la « sagesse religieuse », ou les sagesses religieuses, parmi lesquelles celle de l’Église, « ouverte au dialogue avec la pensée philosophique, et cela lui permet de produire diverses synthèses entre foi et raison ». 

Cette seule proposition laisse ahuri tous ceux qui ont étudié la philosophie et son histoire et qui ne sauraient ignorer que l’Église a fait bien mieux que cela. C’est d’abord par elle que la « sagesse païenne », autrement dit la philosophie antique est entrée dans l’épistémè chrétienne, et la conciliation fut rude et difficile. Ce que dit l’Église sur cette question, c’est que la foi chrétienne surélève la raison et l’éclaire, elle ne l’abolit pas.

L’Église catholique est beaucoup plus qu’ouverte au dialogue avec la pensée philosophique, puisqu’elle a toute une longue et patiente tradition de pensée philosophique, à commencer par les Docteurs et Pères de l’Église qui ont permis la première inculturation hellénistique jusqu’à la grande synthèse de saint Thomas d’Aquin. Si cette histoire s’est vue interrompue depuis trois siècles par les grandes forces hostiles au catholicisme et au christianisme, elle ne saurait sans dommage se voir effacée de notre histoire culturelle, donc de l’histoire de l’Église.

Le pape François (ou ses rédacteurs) invitent ainsi les grands récits bibliques à l’appui de sa vision écologique rédemptrice. Que disent-ils donc ces « grands récits bibliques de la Création sur la relation entre l’être humain et le monde ? » Posé en ces termes, ils ne disent tout simplement rien.

« Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique ».

Le récit de la Genèse ne comporte pas un profond enseignement sur l’existence humaine et sa réalité historique. Il décrit dans un système d’images étrange les principes d’intelligibilité de la nature humaine, une nature dite « adamique », autrement dit dans un état premier qui n’est plus le nôtre. Dans cet état, l’homme était en lien non médié avec la Création comme avec son créateur. Parce que cette nature humaine est participée, la faute d’Adam a désorganisé toute la structure, dans son unité psycho-spirituelle comme dans son unité psycho-somatique. Parce que la Création est dans une relation de solidarité organique avec l’homme, qui est au sommet, et qui doit la gouverner justement, elle porte ontologiquement le poids de ce qu’on appelle la « chute ». On est un petit peu loin de l’explication du pape :

Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. Selon la Bible, les trois relations vitales ont été rompues, non seulement à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de nous. Cette rupture est le péché.

Là encore, foin de nature humaine, il ne reste que l’existence humaine. Ces récits ne suggèrent pas, ils sont d’une précision confondante et décrivent un déroulement cyclique, à travers des séquences qu’on appelle « jour » ou « nuit », et ce déroulement cyclique nous informe de quelque chose d’unique dans l’histoire des sagesses religieuses : Bereshit bara Elohim, dans le commencement, dans le principe, Dieu créa, un monde organisé, ruisselant d’intelligence, et offert à l’homme comme une miroir dans lequel quelque chose du Créateur se donne à connaître et à aimer. Non pas la « sœur terre », mais dans un acte unique et en quelque sorte quadriforme, Dieu crée « le ciel, la terre, les eaux et l’abîme inconnaissable». La terre n’est qu’un seul de ces quatre éléments qui forment une quaternité, obéissant à des lois précises.

L’homme adamique ne veut pas prendre la place de Dieu, comme l’assure l’encyclique. C’est l’homme prométhéen qui y aspire, l’homme de la modernité folle, celle qui provoque tous ces dérèglements des cycles naturels. L’homme adamique placé dans le jardin pour y nourrir son intelligence et donc la déployer n’a pas cette folie en tête. Mais il transgresse un interdit fondateur d’une structure qui organise toute la Création comme aussi son esprit et son intelligence. En s’emparant du seul fruit d’un arbre défendu, l’homme se nourrit de ce qui ne devait pas se manger, mais qui supportait le reste de la structure. Ce faisant, il détruit la structure de connaissance fondatrice et  la relation sans médiation qui le relie à ce qui l’entoure, comme avec son Créateur. Car si la parole propre du Père est la Création, alors ce monde participe d’une parole, d’un langage, dont nous avons perdu les clés, mais qui peut nous être restitué moyennant un effort, un désir et une connaissance aussi. C’est pourquoi une authentique théorie de la Création est une urgence.

La relation harmonieuse entre l’humain et la nature n’existe que dans l’esprit des rédacteurs de l’encyclique. La question ne se pose tout simplement pas en ces termes. L’homme dans le récit biblique est donné comme un arbre parmi les arbres, ce qui signifie qu’au fondement de la nature humaine est posé le principe de la symbolicité, ce que l’arbre figure dans le monde sensible et ce que l’Évangile rappelle dans le récit de l’homme aveugle une fois guéri : je vois des hommes comme des arbres. Parce que l’arbre est la figure visible d’une réalité invisible qui s’appelle la symbolicité.

L’homme n’a pas vocation à dominer la Création, mais à la gouverner dans la justice et c’est ce que dit très précisément l’Ancien Testament. En abîmant cette nature humaine qui lui est donnée, Adam altère le principe de justice qui y est inhérent. La désorganisation qui s’ensuit porte un nom : le péché. Nous en voyons les conséquences : un monde qui ne nous est accessible que sous sa forme sensible et dont la beauté ne nous est perceptible qu’en énigmes, un monde donc que nous exploitons sans vergogne, ordonné non plus à la justice et à l’amour mais à l’avidité sans frein des puissants. Là-dessus, nous sommes bien d’accord.

La terre ne nous précède pas, elle est constitutive de notre nature humaine, avec le ciel, avec les eaux et l’abîme inconnaissable sur lequel l’esprit palpite. La terre ne nous précède pas parce que le temps est coextensif à  l’éternité.

Pour comprendre ce texte énigmatique de la Genèse, il faut une noétique juste : les choses dans la contingence du monde sensibles existent en puissance dans notre esprit et notre mémoire et demandent à s’éveiller. Elles sont gouvernées par des anges, car la théologie de la création le dit : ils ont le gouvernement du monde (comme aussi celui du corps humain) et portent l’information véritable, l’intelligibilité de la chose, les philosophes diraient : la quiddité. En s’éveillant à cette quiddité, l’homme entre dans la beauté véritable du monde. La question de s’emparer des choses de la terre ne se pose plus, il cesse ipso facto d’être un prédateur.

Mais il continue de vivre dans un monde de prédateurs tant que les autres ne se sont pas éveillées à cette gloire incréée dont les grands poètes ont eu l’intuition, comme aussi ce grand saint qu’est François d’Assise. Les Cieux racontent la Gloire de Dieu et la terre est la figure des trésors d’intelligibilité qui demandent à s’éveiller dans l’esprit enténébré de l’homme déchu, éveillant l’homme à sa nature véritable. Le Christ Pantocrator est l’image de cette Création assumée dans le Verbe par qui et pour qui tout a été fait.

Le jardin n’implique pas « une relation responsable entre l’être humain et la nature ». Il s’agit de la vocation de l’homme placé dans le jardin avec des arbres beaux à regarder et bons à manger : autrement dit, il est là pour contempler et pour intelliger.

Il n’est nullement question dans la Genèse des « délicats équilibres entre les êtres de ce monde ». L’homme Adam a nommé les animaux et il est entré dans la parole, comprenant dans l’acte de nommer qu’il n’est pas un animal mais qu’il contient en lui le monde animal, figure des pulsions psychobiologiques qu’il lui revient de gouverner. Et que le péché a désorganisé.

La théologie de la Création développée par le pape n’a guère de fondement dans la Révélation. Elle se veut accessible à tous les frères potentiels sans se soucier des jeunes chrétiens qui ont besoin vitalement d’une véritable théologie de la Création, enracinée dans une tradition doctrinale qui n’a sans doute pas tout découvert encore de ce que le texte encode dans sa formulation énigmatique. Comme était énigmatique la Parole du Fils lorsqu’Il a enseigné.

On peut lire sur le site Vatican news que «l'encyclique nous offre en effet une boussole morale et spirituelle pour nous guider sur ce chemin commun, visant à créer un monde plus désintéressé, plus fraternel, plus pacifique et plus durable». Il nous faut imaginer un monde post-pandémique et pour cela, il nous faut adopter une approche intégrale, car tout est intimement lié et les problèmes actuels exigent un regard qui prenne en compte tous les aspects de la crise mondiale (LS, 137).

Même le plus puissant des ordinateurs d’intelligence artificielle ne pourrait prendre en compte tous les aspects de la crise mondiale, et pour une raison simple, cette crise est plus ou moins aigue selon la ville ou la campagne, selon les pays, le climat. Ce que disent d’ailleurs les spécialistes qui récitent autre chose que le catéchisme de BFMTV.

Il n’est nul besoin d’une théologie de la Création pour aller planter des arbres dans le Sahel comme Vatican news s’en vante avec une naïveté confondante. Tous ceux qui ont travaillé durablement dans des milieux démunis savent combien il faut de patience pour entrevoir quelque chose de la psychologie des hommes et des femmes qui vivent dans la précarité et l’extrême pauvreté, combien il faut de temps pour apprivoiser ceux dont les conditions d’existence rendent plus difficile encore de s’éveiller à la beauté du monde créé ; quand et parce qu’ils vivent dans un bidonville.

Moyennant quoi, les écoles catholiques sont invitées à entrer dans l’invraisemblable sottise éducative qui consiste à ne plus enseigner que les dernières modes. Le discours du pape contribue ainsi à l’effrayante entreprise de décerveler les générations des pays de vieille culture chrétienne. Nos élèves ont vu leur programme de français effroyablement appauvri s’il en était encore possible. Mais ont fleuri et continueront de fleurir, n’en doutons pas, les projets de fraternité cosmique et de solidarité universelle. Plus grave, un concours a été lancé sur cette théologie de la Création chimérique qui n’est pas fondé sur le texte révélé.

Tout est lié. Certainement non. Le papillon qui vibrait à l’autre bout du monde n’avait rien à voir avec l’éruption du Vésuve. Les chaînes causales demandent une analyse, ce que les mathématiciens savent parfaitement. Le problème écologique dans un pays développé où existent des déchetteries, le tri sélectif, où l’écologie est un parti admirable d’opportunisme qui se moque éperdument de la vie humaine n’a rien de commun avec l’écologie à mettre en place dans un pays du tiers monde comme le Cambodge par exemple, sous dominium chinois.

Les axes pratiques de l’encyclique sont : constater, enraciner, comprendre et agir.

Lorsque j’arrive à Tra Peang Anshang, village bidonville du Cambodge où j’ai fondé un centre pour enfants, je contemple sur près d’un kilomètre l’interminable dépotoir des deux côtés de la route et la nuit j’entends les rats traverser la maison. Pour dormir, je l’ai appelé Népomucène, et j’ai décidé arbitrairement qu’il était le seul, qu’il aimait se promener dans cette maison dont les enfants raffolent, et que c’était donc supportable. Le problème écologique n’est pas le même, et il n’est pas utile d’être relié au tout de l’univers pour s’occuper des hommes et des femmes qui vivent dans des maisons construites sur de l’eau putride et pour aimer leurs enfants. Je n’ai rien besoin d’enraciner pour entreprendre de réhabiliter des taudis pour permettre à une famille de dormir dans un lieu salubre. Constater l’état d’un taudis est simple. Il n’y a rien à comprendre qu’une chose : il faut remblayer la maison, cimenter, surélever en vue des pluies futures. Il n’y a pas de protocole miracle pour agir, il y a la raison prudentielle, cet agir humain qui est aussi une vertu cardinale, il y a l’argent dont on dispose, les priorités qu’il faut déterminer, et quand tout est prioritaire, il faut des arbitrages douloureux.

Une ONG sur place est intervenue. Nous avons monté un projet pour réhabiliter les taudis les plus pauvres. La direction n’a pas donné l’argent, elle a décidé de distribuer des filtres à eau. Deux ans plus tard, rien n’avait été fait. Un nouveau projet était en cours (sans moi). On a bien fait, car si l’on avait distribué des filtres à eau, cela eût impliqué de changer le filtre et dans ce village la plupart des familles n’en aurait pas eu les moyens. Il suffisait en revanche de distribuer des bouilloires car l’eau bouillie est sans danger. Il y a bien des années, le père Ponchaud avait dénoncé l’imposture des ONG au Cambodge : commerce déguisé le plus souvent, ce dont je peux témoigner dans ma déjà longue expérience de présence efficace dans ce village oublié. Rien sur les ONG dans la longue liste des dénonciations diverses de l’encyclique sur l’état de notre planète.

L’Église n’a pas besoin d’ONG, elle a besoin de saints, et les saints ont le plus profond respect de leur Tradition révélée. Ils savent qu’elle vient du Seigneur et qu’elle est aussi le fruit d’une rude pédagogie divine. Ils savent que la nature humaine, un Dieu l’a endossée, hormis le péché, pour nous redonner un état nouveau, qui n’est pas celui d’Adam, qui est mieux encore, puisque l’Esprit Saint nous habite et habite tout chrétien. Ils savent que la Création est le lieu épiphanique où se révèle l’amour de Dieu. Et c’est pourquoi la France a pétri de main d’homme ce paysage qui est le sien, ces bocages, ces forêts, ces plaines ouvertes où le blé chante, ces rivages bercés par les mers ou les océans. Parce que la France est chrétienne, elle a aimé et chanté l’amour du pays, des terroirs où des solidarités organisées se sont développées pour disparaître aussi pour d’autres formes plus adaptées. C’est un monde lié en effet, non dans une sorte de tout chimérique, mais par des formes et des modalités issues de l’histoire et de l’amour que les hommes se sont portés, dans cette histoire, dans une géographie, dans un climat singulier, et non dans la chimère d’un climat unique, universel, qui se réchaufferait uniformément. Ce que tous les scientifiques n’admettent pas, contrairement à ce que prétend l’encyclique.

Pour se reconnaître comme frère, il faut un même père, un père qu’on reconnaît comme tel et qui nous a reconnu. Le pape François place la famille humaine sous une sorte de paternité non identifiée. La conséquence logique est que cela rend le travail d’évangélisation totalement inutile. Si l’on est tous frères sans avoir besoin du baptême, de la connaissance du vraie Dieu (donc de la Révélation), il n’est nul besoin de l’enseignement de l’Église, enseignement rigoureux jusqu’à ce jour, ce qui se traduisait par une langue précise et nette, concise et argumentée. Je n’ai rien trouvé de tel dans l’encyclique Laudato Si.

 

La prochaine encyclique sera sans doute en droite ligne de ce nouveau mondialisme ultra lié. Ce sera sur la solidarité universelle.


Résister à la tendance hérétique / La relatio du card. Erdö efface d’un coup le péché et la loi naturelle

[Roberto de Mattei - Correspondance Européenne] Résister à la tendance hérétique / La relatio du card. Erdö efface d’un coup le péché et la loi naturelle

SOURCE - Correspondance Européenne - Roberto de Mattei - 29 octobre 2014


Correspondance Romaine - Sens du péché supprimé ; notions du bien et du mal abolies ; loi naturelle abrogée ; toute référence positive aux valeurs telles que la virginité et la chasteté archivée. Avec le discours présenté par le cardinal Péter Erdö le 13 octobre 2014 au Synode sur la famille, la révolution sexuelle s’introduit officiellement dans l’Eglise, avec des conséquences dévastatrices sur les âmes et la société.

 

La Relatio post disceptationem rédigée par le cardinal Erdö est le rapport de synthèse de la première semaine des travaux du Synode et aussi celui qui oriente ses conclusions. La première partie du document cherche à imposer, avec un langage dérivé du plus mauvais 1968, le «changement anthropologico-culturel» de la société comme un «défi» pour l’Eglise. A partir d’un tableau qui va de la polygamie et du «mariage par étapes» africains à la «pratique de la cohabitation” de la société occidentale, le rapport admet l’existence d’un «désir diffus de famille». Aucun élément d’évaluation morale n’est présent.

 

A la menace que représente l’individualisme et l’égoïsme individualiste, le texte oppose l’aspect positif du «relationnel», considéré comme un bien en soi, surtout quand il tend à se transformer en rapport stable (nn. 9-10). L’Eglise renonce à exprimer des jugements de valeur pour se limiter à «dire une parole d’espérance et de sens» (n. 11). Et on affirme donc un nouveau principe moral extraordinaire, la “ loi de la gradualité”, qui permet de recueillir des éléments positifs dans toutes les situations jusqu’alors définies par l’Eglise comme peccamineuses.

 

Le mal et le péché au sens propre n’existent plus. Il existe seulement des «formes imparfaites du bien» (n. 18), selon une doctrine des “degrés de communion” attribuée au concile Vatican II. «Un discernement spirituel étant donc nécessaire en ce qui concerne les cohabitations et les mariages civils ainsi que pour ce qui est des divorcés "remariés", il appartient à l’Église de reconnaître ces semina Verbi répandus hors des frontières visibles et sacramentelles» (n. 20).

 

Le problème des divorcés remariés sert de prétexte pour faire passer un principe qui démonte deux-mille ans de morale et de foi catholique. En suivant Gaudium et Spes, «l’Église se tourne avec respect vers ceux qui participent à sa vie de manière incomplète et imparfaite, appréciant plus les valeurs positives qu’ils conservent que leurs limites et leurs manquements» (ivi). Cela signifie que tombe toute espèce de condamnation morale, parce que tout péché constitue une forme imparfaite de bien, une façon incomplète de participer à la vie de l’Eglise.

 

«Dans ce sens, une nouvelle dimension de la pastorale familiale actuelle, consiste dans la prise en compte de la réalité des mariages civils et également, en faisant les différences nécessaires, des cohabitations» (n. 22). Et cette affirmation surtout : «En effet, lorsque l’union atteint une stabilité notable au travers d’un lien public, est marquée par une affection profonde, par la responsabilité vis-à-vis des enfants, par une capacité à résister dans les épreuves» (ivi). C’est ainsi qu’est renversée la doctrine de l’Eglise selon laquelle la stabilisation du péché au travers du mariage civil constitue un péché plus grave que l’union sexuelle occasionnelle et passagère, parce que cette dernière permet de revenir plus facilement dans la droite voie.

 

«Une nouvelle sensibilité de la pastorale d’aujourd’hui consiste à comprendre la réalité positive des mariages civils et, compte tenu des différences, des concubinages» (n. 36). La nouvelle pastorale impose donc le silence sur le mal, en renonçant à la conversion du pécheur et en acceptant le statu quo comme irréversible. C’est ce que le rapport appelle des «choix pastoraux courageux» (n. 40).

 

Le courage, à ce qu’il semble, ne consiste pas à s’opposer au mal, mais à s’y adapter. Les passages dédiés à l’accueil des personnes homosexuelles sont ceux qui ont paru les plus scandaleux, mais ils sont dans la cohérence logique des principes exposés jusqu’ici. Même le premier passant rencontré dans la rue comprend bien que s’il est possible au divorcé remarié de s’approcher des sacrements, tout est permis, à commencer par le pseudo mariage homosexuel.

 

Jamais, au grand jamais, souligne Marco Politi sur “Il Fatto” du 14 octobre, on n’avait lu jusqu’alors une phrase de ce genre dans un document officiel produit par la hiérarchie ecclésiastique: «Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne». Suivie d’une demande adressée aux évêques du monde entier : «sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés ? » (n. 50).

 

Bien qu’elle ne mette pas sur le même plan d’égalité les unions entre personnes du même sexe et le mariage entre homme et femme, l’Eglise se propose d’«élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle» (n. 51). «Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires» (n. 52).

 

Il n’est émis aucune objection de principe aux adoptions d’enfants par des couples homosexuels : on se limite à dire que «l’Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang» (ivi). Dans la conférence de presse de présentation, Mgr Bruno Forte en est arrivé à souhaiter «une codification des droits qui puissent être garantis aux personnes unies de même sexe».

 

Les paroles foudroyantes de saint Paul selon lequel : “ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, ne mériteront le royaume de Dieu» (1 Cor 6, 9) perdent leur sens pour ceux qui jonglent avec la nouvelle morale pansexuelle. Pour eux, il faut recueillir la réalité positive de ce que fut le péché qui crie vengeance devant Dieu (Catéchisme de saint Pie X). A la “morale de l’interdit”, il faut substituer celle du dialogue et de la miséricorde et le slogan de 68, “interdit d’interdire” est remis à jour par la formule pastorale selon laquelle «on ne peut rien condamner». Ce ne sont pas seulement deux commandements qui tombent, le sixième et le neuvième qui interdisent pensées et actes impurs en dehors du mariage, mais c’est aussi l’idée même d’un ordre naturel et divin objectif résumé dans le Décalogue.

 

Il n’existe pas d’actes intrinsèquement illicites, ni vérités et valeurs morales pour lesquelles on doit être disposés à donner même sa vie (n. 51 e n. 94), comme le définit l’encyclique Veritatis Splendor. Sur le banc des accusés il n’y a pas seulement Veritatis Splendor et les récentes déclarations de la Congrégation pour la doctrine de la Foi en matière de morale sexuelle, mais le Concile de Trente lui-même qui donne une formule dogmatique des sept sacrements, à commencer par l’Eucharistie et le Mariage.

 

Tout commence en octobre 2013, quand le pape François, après avoir annoncé deux synodes sur la famille, le synode ordinaire et le synode extraordinaire, édite un Questionnaire qui s’adresse aux évêques du monde entier. L’usage fallacieux de sondages et de questionnaires est bien connu. L’opinion publique croit qu’un choix qui a été fait par une majorité est nécessairement le bon. Et les sondages attribuent à la majorité des opinions déjà prédéterminées par des manipulateurs. Le questionnaire voulu par le pape François a abordé les thèmes les plus brûlants, de la contraception à la communion des divorcés, des unions de fait aux mariages homosexuels, plus dans un but d’orientation que d’information. La première réponse publiée fut celle de la Conférence Episcopale allemande, le 3 février (“Il Regno Documenti”, 5 (2014), pp. 162-172) rendue publique clairement pour conditionner la préparation du Synode et surtout pour offrir au cardinal Kasper la base sociologique dont il avait besoin pour son rapport au Consistoire que le pape François lui avait confié. Ce qui émergeait était en effet le refus, de la part des catholiques allemands «des affirmations de l’Eglise sur les rapports sexuels avant le mariage, l’homosexualité, les divorcés remariés et le contrôle des naissances» (p. 163). «Les réponses venues des diocèses laissent entrevoir à quel point est grande la distance entre les baptisés et la doctrine officielle surtout en ce qui concerne la vie commune avant le mariage, le contrôle des naissances et l’homosexualité» (p. 172). Cette distance n’était pas présentée comme un éloignement des catholiques du Magistère de l’Eglise, mais comme une incapacité de l’Eglise à comprendre et à soutenir son époque. Le cardinal Kasper, dans son rapport au Consistoire du 20 février parlera à propos de cette distance d’un “abîme” que l’Eglise aurait dû combler en s’adaptant à la praxis de l’immoralité.

 

Selon l’un des proches de Kasper, le prêtre gênois Giovanni Cereti, connu pour son étude tendancieuse sur le divorce dans l’Eglise primitive, le questionnaire a été divulgué par le pape François pour éviter que le débat ne se déroule «dans des salles secrètes» (“Il Regno-Attualità”, 6 (3014), p. 158). Mais s’il est vrai que le Pape a voulu que la discussion se déroule de manière transparente, on ne comprend pas sa décision de tenir le Consistoire extraordinaire de février puis le Synode d’octobre à huit clos. Le seul texte dont on ait eu connaissance, grâce au “Foglio”, fut ce rapport du cardinal Kasper. Puis, sur leurs travaux, le silence est retombé.

 

Dans son Journal du Concile, le 10 novembre 1962, le père Chenu cite cette phrase de don Giuseppe Dossetti, l’un des principaux meneurs du front progressiste : «La bataille efficace se joue sur la procédure. C’est toujours par cette voie que je l’ai emporté». Dans les assemblées le processus décisionnel n’appartient pas à la majorité, mais à la minorité qui tient sous son contrôle la procédure. La démocratie n’existe pas dans la société politique et encore moins dans la société religieuse. La démocratie dans l’Eglise, a observé le philosophe Marcel de Corte, est un césarisme ecclésiastique, le pire de tous les régimes. Dans le processus du synode en cours, l’existence de ce césarisme ecclésiastique est démontré par le climat de lourde censure qui l’a accompagné jusqu’à présent.

 

Les vaticanistes les plus attentifs tels que Sandro Magister et Marco Tosatti ont souligné qu’à la différence des Synodes précédents on a refusé aux pères synodaux leurs interventions. Magister, rappelant la distinction faite par Benoît XVI entre le Concile Vatican II “réel” et le concile “virtuel” qui s’y superposa, a parlé d’un «dédoublement du synode en un synode réel et un synode virtuel, ce dernier étant construit par les médias qui mettent systématiquement l’accent sur les éléments qui correspondront le mieux à l’esprit du temps». Aujourd’hui cependant ce sont les textes mêmes du Synode qui s’imposent avec leur force révolutionnaire, sans possibilité de déformation par les médias qui se sont montrés littéralement stupéfaits de la puissance explosive de la Relatio du cardinal Erdö.

 

Naturellement ce document n’a aucune valeur magistérielle. Il est même permis de douter qu’il reflète la pensée réelle des Pères synodaux. La Relatio préfigure cependant la Relatio Synodi, le document de conclusion des assises des évêques.

 

Le vrai problème qui va se poser maintenant est celui de la résistance, annoncée par le livre Demeurer dans la Vérité du Christ des cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra, De Paolis et Müller (Cantagalli 2014). Le cardinal Burke, dans l’interview qu’il a accordée à Alessandro Gnocchi sur le “Foglio” du 14 octobre, a affirmé que d’éventuels changements apportés par le Pape à la doctrine ou à la praxis de l’Eglise seraient inacceptables, «parce que le Pontife est le Vicaire du Christ sur la terre et en cela le premier serviteur de la vérité de la foi. Connaissant l’enseignement du Christ, je ne vois pas comment on peut dévier de cet enseignement par une déclaration doctrinale ou une praxis pastorale qui ignorent la vérité».

 

Les évêques et les cardinaux, plus encore que les simples fidèles, se trouvent face à un terrible drame de conscience, bien plus grave que celui que durent affronter les martyrs anglais au XVIème siècle. En effet il s’agissait alors de désobéir à la plus haute autorité civile, le roi Henri VIII qui, par son divorce, créa un schisme avec l’Eglise romaine, tandis qu’aujourd’hui la résistance est à mener contre la plus haute autorité religieuse dans la mesure où elle dévierait de l’enseignement pérenne de l’Eglise. Et ceux qui sont appelés à résister ne sont pas des catholiques désobéissants et dissidents, mais justement ceux qui vénèrent le plus profondément l’institution de la Papauté. Celui qui résistait alors était laissé au bras séculier qui le destinait à la décapitation ou à l’écartèlement. Le bras séculier contemporain applique le lynchage moral, à travers la pression psychologique exercée par les mass-media sur l’opinion publique.

 

L’issue en est souvent l’effondrement psychique et physique des victimes, la crise d’identité, la perte de la vocation et de la foi, à moins qu’on ne soit capable de pratiquer, avec l’aide de la grâce, la vertu héroïque de force. Résister signifie, en dernière analyse, réaffirmer la cohérence intégrale de sa propre vie avec la Vérité immuable de Jésus-Christ, renversant ainsi la thèse de qui voudrait dissoudre l’éternité du Vrai dans la précarité du vécu. (Roberto de Mattei)

 

 


Mgr Schneider défend les cardinaux qui ont exprimé leurs « dubia » au pape François

 

Bp+Athanasius+Schneider

Mgr Athanasius Schneider vient de publier une lettre en défense des “Quatre Cardinaux” qui ont exprimé leurs « dubia », ou « doutes » au pape François en lui demandant de faire la clarté, au nom de sa charge pontificale.

Ce texte est d’abord paru en anglais mercredi soir sur le site du Remnant. En voici la traduction française qui circule depuis.

 

« Nous ne pouvons rien contre la vérité, mais seulement pour la vérité. » (2 Cor. 13: 8)

La voix prophétique de Quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine

 

Mus par une profonde préoccupation pastorale, quatre Cardinaux de la Sainte Eglise catholique romaine, Son Eminence Joachim Meisner, archevêque émérite de Cologne (Allemagne), Son Eminence Carlo Caffarra, archevêque émérite de Bologne (Italie), Son Eminence Raymond Leo Burke, Patron de l’Ordre militaire souverain de Malte, et Son Eminence Walter Brandmüller, président émérite de la Commission pontificale des sciences historiques, ont publié le 14 novembre 2016 le texte de cinq questions, appelées dubia ( le mot latin signifiant « doutes ») que préalablement, le 19 septembre 2016, ils avaient adressées au Saint-Père et au Cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, accompagnées d’une lettre. Les Cardinaux demandent au pape François de mettre fin au « grave désarroi » et à la « grave confusion » à propos de l’interprétation et de l’application pratique – en particulier du chapitre 8 – de l’Exhortation apostolique Amoris laetitia et ses passages relatifs à l’accès des divorcés remariés aux sacrements, et à l’enseignement moral de l’Eglise.

Dans leur déclaration, qui a pour titre Faire la clarté. Problèmes non résolus posés par Amoris lætitia, les Cardinaux affirment que « pour beaucoup de personnes – des évêques, des prêtres de paroisse, des fidèles – ces paragraphes font allusion à, voire enseignent de manière explicite, un changement dans la discipline de l’Eglise en ce qui concerne les divorcés qui vivent au sein d’une nouvelle union. » En s’exprimant ainsi, les Cardinaux ont simplement mis en évidence des faits réels de la vie de l’Eglise. Ces faits sont attestés par des orientations pastorales de la part de plusieurs diocèses et par des déclarations publiques de certains évêques et cardinaux, affirmant que dans certains cas, des catholiques divorcés et remariés peuvent accéder à communion alors même qu’ils continuent d’user des droits réservés par la loi divine aux époux validement mariés.

En publiant un appel à la clarté dans une matière qui touche simultanément à la vérité et à la sainteté des trois sacrements du mariage, de la pénitence et de l’Eucharistie, les Quatre Cardinaux n’ont fait que remplir leur devoir fondamental d’évêques et de cardinaux, qui consiste à contribuer activement afin que la révélation transmise à travers les apôtres puisse être gardée comme sacrée et interprétée fidèlement. Le concile Vatican II a spécialement rappelé tous les membres du collège des évêques, en tant que successeurs légitimes des apôtres, « de par l’institution et le précepte du Christ, à cette sollicitude qui est, pour l’Eglise universelle, éminemment profitable, même si elle ne s’exerce pas par un acte de juridiction. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et servir l’unité de la foi et la discipline commune de l’ensemble de l’Eglise » (Lumen Gentium, 23 ; cf. également Christus Dominus, 5-6).

En adressant un appel public, les évêques et les cardinaux doivent une véritable affection collégiale à l’égard du successeur de Pierre et du Vicaire du Christ sur terre, conformément à l’enseignement du concile Vatican II (cf. Lumen Gentium, 22) ; ce faisant ils rendent « service au ministère primatial » du pape (cf. Directoire pour le ministère pastoral des évêques, 13).

Toute l’Eglise, de nos jours, doit réfléchir au fait que le Saint Esprit n’a pas inspiré en vain à saint Paul d’évoquer, dans la Lettre aux Galates, l’incident de sa correction publique de Pierre. On doit avoir confiance en ce que le pape François puisse accepter cet appel public des Quatre Cardinaux dans l’esprit de l’apôtre Pierre, lorsque saint Paul lui offrit une correction fraternelle pour le bien de toute l’Eglise. Que les paroles de ce grand docteur de l’Eglise, saint Thomas d’Aquin, nous illuminent et nous réconfortent tous : « Lorsqu’il existe un danger pour la foi, les sujets sont tenus de réprouver leurs prélats, même publiquement, puisque Paul, qui était sujet à Pierre, en raison du danger du scandale, l’a réprouvé publiquement. Et Augustin commente : “Pierre lui-même a donné un exemple aux supérieurs en ne dédaignant pas d’être corrigé par ses sujets lorsqu’il leur est apparu qu’il s’était écarté du bon chemin”. » (Summa theol., I-II, 33, 4c).

Le pape François appelle souvent à un dialogue franc et sans crainte parmi tous les membres de l’Eglise dans les domaines relatifs au bien spirituel des âmes. Dans l’Exhortation apostolique Amoris laetitia, le pape évoque la nécessité « de continuer à approfondir librement certaines questions doctrinales, morales, spirituelles et pastorales. La réflexion des pasteurs et des théologiens, si elle est fidèle à l’Église, si elle est honnête, réaliste et créative, nous aidera à trouver davantage de clarté » (n°2). En outre, les relations à tous les niveaux au sein de l’Eglise doivent être libres d’un climat de peur et d’intimidation, ainsi que le pape François l’a demandé lors de ses diverses déclarations.

A la lumière de ces déclarations du pape François et du principe de dialogue et d’acceptation de la légitime pluralité des opinions, qui a été encouragé par les documents du concile Vatican II, les réactions inhabituellement violentes et intolérantes de la part de certains évêques et cardinaux face à la sollicitation calme et prudente des Quatre Cardinaux provoquent un grand étonnement. Parmi de telles réactions intolérantes, on trouve par exemple des affirmations comme celles-ci : les Quatre Cardinaux sont écervelés, naïfs, schismatiques, hérétiques, et même comparables aux hérétiques ariens.

De tels jugements apodictiques et sans miséricorde ne révèlent pas seulement l’intolérance, le refus du dialogue, et la rage irrationnelle, mais apportent également la preuve d’une capitulation devant l’impossibilité de dire la vérité, une capitulation face au relativisme dans la doctrine et dans la pratique, dans la foi et dans la vie. La réaction cléricale sus-mentionnée contre la voix prophétique des quatre cardinaux fait parader en dernière analyse l’impuissance face à la vue de la vérité. Une réaction aussi violente n’a qu’un seul but : faire taire la voix de la vérité, qui dérange et agace l’ambiguïté nébuleuse et apparemment paisible de ces critiques cléricaux.

Les réactions négatives à la déclaration publique des Quatre Cardinaux ressemblent à la confusion doctrinale généralisée de la crise arienne au quatrième siècle. Il est utile à tous de citer, dans cette situation de confusion doctrinale de notre temps, certaines affirmations de saint Hilaire de Poitiers, l’« Athanase de l’Occident ».

« Vous [les évêques de Gaule] qui demeurez avec moi fidèles au Christ, n’avez pas cédé lorsque vous avez été menacés par l’apparition de l’hérésie, et maintenant, en faisant face à cette apparition vous avez brisé toute sa violence. Oui, mes frères, vous avez vaincu, à la joie abondante de ceux qui partagent notre foi : et votre constance sans faille a obtenu la double gloire de garder une conscience pure tout en donnant un exemple d’autorité » (Hil. De Syn., 3).

« Votre foi invincible, [évêques de Gaule], conserve la distinction honorable de la valeur consciencieuse et, se satisfaisant de répudier l’action rusée, vague ou hésitante, demeure en toute sûreté dans le Christ, en préservant la profession de sa liberté. Car comme nous avons tous souffert d’un mal profond et douloureux devant les actions des méchants contre Dieu, c’est uniquement à l’intérieur de nos frontières que la communion dans le Christ a pu être trouvée depuis le temps où l’Eglise a commencé à être harassée par des troubles telles l’expatriation des évêques, la déposition des prêtres, l’intimidation du peuple, des menaces contre la foi, et la définition du sens de la doctrine du Christ par la volonté et la puissance humaines. Votre foi ferme ne prétend pas ignorer ces faits, ni elle ne professe qu’elle peut les tolérer, conscient de ce que par l’acte d’un sentiment hypocrite elle s’amènerait elle-même devant le tribunal de la conscience » (Hil. De Syn., 4).

« J’ai parlé de ce que j’ai moi-même cru, conscient que c’était mon devoir de soldat au service de l’Eglise de vous envoyer par ces lettres, en accord avec l’enseignement de l’Evangile, la voix de l’office que je remplis dans le Christ. Il nous appartient de discuter, de prévoir et d’agir, afin que la fidélité inviolable où vous vous tenez puisse être gardée toujours par des cœurs consciencieux, et afin que vous puissiez continuer de garder ce que vous gardez maintenant » (Hil. De Syn., 92).

Les paroles suivantes de saint Basile le Grand, adressées aux évêques latins, peuvent être dans certains aspects appliqués la situation de ceux qui, en notre temps, demandent la clarté doctrinale, y compris nos Quatre Cardinaux : « L’unique charge qui aujourd’hui est sûre d’attirer une punition sévère, c’est la garde attentive des traditions des Pères. Nous ne sommes pas attaqués à cause des richesses, de la gloire, ou de quelque avantage temporel. Nous nous tenons dans l’arène pour lutter pour notre héritage commun, pour le trésor de la foi certaine, transmise par nos pères. Lamentez-vous avec nous, vous tous qui aimez les frères, devant le bâillonnement de nos hommes de vraie religion, et devant l’ouverture des lèvres enhardies dans le blasphème de tous ceux qui disent des iniquités contre Dieu. Les piliers et la fondation de la vérité sont éparpillés en tous sens. Nous autres, dont l’insignifiance a permis qu’on ne nous remarque pas, sommes privées de notre droit de libre parole » (Ep. 243, 2,4).

Aujourd’hui ces évêques et ces cardinaux, qui demandent la clarté et qui essaient de remplir leur devoir de garder en tant que trésor sacré, et d’interpréter fidèlement la divine Révélation qui nous a été transmise par rapport aux sacrements de mariage et de l’Eucharistie, ne sont plus exilés comme l’étaient les évêques Nicéens pendant la crise arienne. Contrairement à ce qui passait à l’époque de la crise arienne, aujourd’hui, comme l’écrivait Rudolf Graber, l’évêque de Ratisbonne, en 1973, l’exil des évêques est remplacé par des stratégies d’étouffement et par des campagnes de diffamation (cf. Athanasius und die Kirche unserer Zeit, Abensberg 1973, p. 23).

Un autre champion de la foi catholique pendant la crise arienne était Grégoire de Nazianze. Il a rédigé une mise en scène frappante du comportement de la majorité des pasteurs de l’Eglise en ce temps-là. Cette voix du grand docteur de l’Eglise devrait constituer une mise en garde salutaire pour les évêques de tous les temps : « Certainement, les pasteurs ont agi sottement ; car à l’exception d’un très petit nombre, qui soit ont été ignorés en raison de leur insignifiance, ou qui ont résisté en raison de leur vertu, et qui devaient être nécessaires comme semences et racines pour le resurgissement et la renaissance d’Israël par les influences de l’Esprit, tous ont temporisé, se distinguant les uns des autres seulement par le fait que certains ont succombé plus tôt, et d’autres plus tard ; certains étaient les champions et les chefs de cette course vers l’impiété, et d’autres ont rejoint le deuxième rang de la bataille, ayant été vaincus par la peur, ou par l’intérêt, ou par la flatterie, ou – et c’est le plus excusable – par leur propre ignorance » (Orat. 21, 24).

Lorsqu’en 357 le pape Libère a signé l’une des dites formules de Sirmium, dans laquelle il a délibérément écarté l’expression dogmatiquement définie de « homo-ousios », et excommunié saint Athanase afin d’obtenir la paix et l’harmonie avec les évêques ariens et semi-ariens de l’Orient, des catholiques fidèles et un petit nombre d’évêques, spécialement Saint Hilaire de Poitiers, ont été profondément choqués. Saint Hilaire a transmis la lettre écrite par le pape Libère aux évêques orientaux, annonçant l’acceptation de la formule de Sirmium et l’excommunication de saint Athanase. Dans sa profonde douleur et dans son désarroi, saint Hilaire a ajouté à sa lettre, comme avec désespérance, la phrase : “Anathema tibi a me dictum, praevaricator Liberi” ( je te dis anathème, prévaricateur Liberius), cf. Denzinger-Schönmetzer, n° 141. Libère voulait la paix et l’harmonie à n’importe quel prix, même au prix de la vérité divine. Dans sa lettre aux évêques latins hétérodoxes, Ursace, Valence et Germinius, annonçant les décisions ci-dessus mentionnées, il écrivait qu’il préférait la paix et l’harmonie au martyre (cf. Denzinger-Schönmetzer, n. 142).

Quel contraste dramatique offre ce comportement du pape Libère par rapport à cette ferme affirmation de saint Hilaire de Poitiers : « Ne faisons pas la paix au prix de la vérité, en faisant des concessions en vue d’acquérir une réputation de tolérance. Nous faisons la paix en nous battant légitimement selon les règles du Saint Esprit. Il y a un danger à s’allier subrepticement avec l’incroyance sous le beau vocable de la paix » (Hil. Ad Const., 2, 6, 2).

Le bienheureux John Henry Newman a commenté ces faits tristes et inhabituels avec cette affirmation sage et équilibrée : « Alors qu’il est historiquement vrai, il n’est d’aucune manière doctrinalement faux que le pape, en tant que docteur privé, et d’autant plus des évêques, lorsqu’ils n’enseignent pas formellement, puissent errer comme nous constatons qu’ils ont en effet erré au quatrième siècle. Le pape Libère peut bien signer une formule eusébienne à Sirmium, et la masse des évêques peut bien l’avoir fait à Ariminum et pourtant, en dépit de cette erreur, ils peuvent être infaillibles dans leurs décisions ex cathedra » (Les Ariens du IVe siècle, Londres, 1876, p.465).

Les Quatre Cardinaux avec leur voix prophétique qui demande la clarté doctrinale et pastorale ont un grand mérite face à leur propre conscience, face à l’histoire, et face aux innombrables simples fidèles catholiques de nos jours, qui sont poussés vers la périphérie ecclésiastique en raison de leur fidélité à l’enseignement du Christ à propos de l’indissolubilité du mariage. Mais par-dessus tout, les Quatre Cardinaux ont un grand mérite aux yeux du Christ. A cause de leur voix courageuse, leurs noms brilleront avec éclat lors du Jugement Dernier. Car ils ont obéi à la voix de leur conscience, se rappelant les paroles de saint Paul : « Car nous ne pouvons rien contre la vérité, mais seulement pour la vérité. » (2 Cor 13.8). Certainement au Jugement Dernier, les critiques des Quatre Cardinaux mentionnés plus haut, clercs pour la plupart, ne trouveront pas de réponse facile pour rendre compte de leur attaque violente contre un acte aussi juste, digne et méritoire de ces quatre membres du Sacré Collège des cardinaux.

Les paroles suivantes, inspirées par le Saint Esprit, conservent leur valeur prophétique, spécialement par rapport à la diffusion de la confusion doctrinale et pratique à propos du sacrement du mariage en notre temps : « Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais ils amasseront autour d’eux des docteurs selon leurs désirs ; et éprouvant aux oreilles une vive démangeaison, ils détourneront l’ouïe de la vérité, et ils la tourneront vers des fables. Mais toi, sois vigilant, travaille constamment, fais l’œuvre d’un évangéliste, acquitte-toi pleinement de ton ministère ; sois sobre » (2 Tim. 4: 3-5).

Que tous ceux qui en notre temps prennent encore au sérieux les vœux de leur baptême et leurs promesses sacerdotales et épiscopales, reçoivent la force et la grâce de Dieu afin qu’ils puissent redire, avec saint Hilaire, ces paroles : « Que je puisse demeurer toujours en exil, si seulement la vérité recommence à être prêchée ! » (De Syn., 78). Cette force et cette grâce, nous les souhaitons de tout cœur à nos Quatre Cardinaux, et aussi à ceux qui les critiquent.

23 novembre 2016

+ Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte Marie d’Astana


La déclaration commune du Pape François et du patriarche Cyrille


Le Pape François et le patriarche Cyrille, après la signature de leur déclaration commune. - AP

(RV) A l'issue de leur rencontre en privé, le Pape François et le patriarche Cyrille ont signé une déclaration commune, un texte dense et dont chaque mot a été soupesé, témoignant d'une convergence sur de nombreux points. Une déclaration qui comprend trente paragraphes et qui revient sur les grands enjeux contemporains comme les conflits au Moyen-Orient, la liberté religieuse, la famille, la destruction de la création ou encore l'unité de l'Europe. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, le Pape et le patriarche de Moscou souhaitent, dans leur déclaration commune, que leur rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu. 

Dans ce texte, les deux chefs spirituels font part de leur joie de se retrouver « comme des frères dans la foi chrétienne ». Ils reviennent sur l'importance de Cuba, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle et théatre de cette rencontre. «Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu» écrivent-ils, faisant part de leur détermination commune à entreprendre tout ce qui est nécessaire pour surmonter les divergences historiques, et à répondre ensemble aux défis du monde contemporain. 

Eviter une nouvelle guerre mondiale

La déclaration revient aussi de façon précise sur la situation des Chrétiens persécutés surtout au Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord : des chrétiens exterminés par familles et villages entiers, des églises détruites et pillées de façon barbare, des objets sacrés profanés, et évoquent l'exode massif qui a transformé l'Irak et la Syrie. Le Pape et le patriarche de Moscou appellent la communauté internationale à trouver des actions urgentes pour faire cesser ces persécutions, mais l'invitent aussi à tout faire pour mettre fin au terrorisme et à trouver des solutions pour rétablir la paix. Toutes les parties sont par ailleurs invitées à agir de façon responsable et prudente et les croyants sont exhortés à prier pour que Dieu protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale, écrivent-ils.

Dans ce texte, les Églises catholique et orthodoxe russe sont également préoccupées par la situation qui prévaut dans les sociétés sécularisées où la liberté religieuse est menacée, où les chrétiens n’ont plus le droit de témoigner de leurs convictions religieuses. Ils se déclarent convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Le Pape François et le Patriarche Cyrille espèrent que leur rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. À propos de l’Ukraine, ils appellent leurs Églises à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit.

Après avoir signé chacun le texte, le Pape et Cyrille ont prononcé à tour de rôle quelques paroles improvisées. «Nous nous sommes parlé comme des frères, nous avons le même baptême, nous sommes des évêques» a relevé François, soulignant  «avoir senti la consolation de l'Esprit au cours de cet entretien»: de son côté, le patriarche russe a souligné que cette discussion «a montré que les deux Églises peuvent travailler ensemble pour défendre le christianisme dans le monde entier, afin qu'il n'y ait plus de guerre et que la vie humaine soit respectée». 

(OB-RF)

Voici le texte intégral de cette déclaration commune:

«La grâce de Notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous» (2 Co 13, 13).

1. Par la volonté de Dieu le Père de qui vient tout don, au nom de Notre Seigneur Jésus Christ et avec le secours de l’Esprit Saint Consolateur, nous, Pape François et Kirill, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, nous sommes rencontrés aujourd’hui à La Havane. Nous rendons grâce à Dieu, glorifié en la Trinité, pour cette rencontre, la première dans l’histoire.

Avec joie, nous nous sommes retrouvés comme des frères dans la foi chrétienne qui se rencontrent pour se «parler de vive voix» (2 Jn 12), de cœur à cœur, et discuter des relations mutuelles entre les Eglises, des problèmes essentiels de nos fidèles et des perspectives de développement de la civilisation humaine.

2. Notre rencontre fraternelle a eu lieu à Cuba, à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest. De cette île, symbole des espoirs du "Nouveau Monde" et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle, nous adressons notre parole à tous les peuples d’Amérique latine et des autres continents.

Nous nous réjouissons de ce que la foi chrétienne se développe ici de façon dynamique. Le puissant potentiel religieux de l’Amérique latine, sa tradition chrétienne séculaire, réalisée dans l’expérience personnelle de millions de personnes, sont le gage d’un grand avenir pour cette région.

3. Nous étant rencontrés loin des vieilles querelles de l’"Ancien Monde", nous sentons avec une force particulière la nécessité d’un labeur commun des catholiques et des orthodoxes, appelés, avec douceur et respect, à rendre compte au monde de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).

4. Nous rendons grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus par la venue au monde de son Fils unique. Nous partageons la commune Tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme. Les témoins de cette Tradition sont la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, et les saints que nous vénérons. Parmi eux se trouvent d’innombrables martyrs qui ont manifesté leur fidélité au Christ et sont devenus «semence de chrétiens».

5. Malgré cette Tradition commune des dix premiers siècles, catholiques et orthodoxes, depuis presque mille ans, sont privés de communion dans l’Eucharistie. Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l’explicitation de notre foi en Dieu, un en Trois Personnes – Père, Fils et Saint Esprit. Nous déplorons la perte de l’unité, conséquence de la faiblesse humaine et du péché, qui s’est produite malgré la Prière sacerdotale du Christ Sauveur : «Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous» (Jn 17, 21).

6. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Puisse notre rencontre inspirer les chrétiens du monde entier à prier le Seigneur avec une ferveur renouvelée pour la pleine unité de tous ses disciples ! Puisse-t-elle, dans un monde qui attend de nous non pas seulement des paroles mais des actes, être un signe d’espérance pour tous les hommes de bonne volonté !

7. Déterminés à entreprendre tout ce qui nécessaire pour surmonter les divergences historiques dont nous avons hérité, nous voulons unir nos efforts pour témoigner de l’Evangile du Christ et du patrimoine commun de l’Église du premier millénaire, répondant ensemble aux défis du monde contemporain. Orthodoxes et catholiques doivent apprendre à porter un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire. La civilisation humaine est entrée dans un moment de changement d’époque. Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune.

8. Notre regard se porte avant tout vers les régions du monde où les chrétiens subissent la persécution. En de nombreux pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, nos frères et sœurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers. Leurs églises sont détruites et pillées de façon barbare, leurs objets sacrés sont profanés, leurs monuments, détruits. En Syrie, en Irak et en d’autres pays du Proche Orient, nous observons avec douleur l’exode massif des chrétiens de la terre d’où commença à se répandre notre foi et où ils vécurent depuis les temps apostoliques ensemble avec d’autres communautés religieuses.

9. Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l’éviction des chrétiens du Proche Orient. Elevant notre voix pour défendre les chrétiens persécutés, nous compatissons aussi aux souffrances des fidèles d’autres traditions religieuses devenus victimes de la guerre civile, du chaos et de la violence terroriste.

10. En Syrie et en Irak, la violence a déjà emporté des milliers de vies, laissant des millions de gens sans abri ni ressources. Nous appelons la communauté internationale à mettre fin à la violence et au terrorisme et, simultanément, à contribuer par le dialogue à un prompt rétablissement de la paix civile. Une aide humanitaire à grande échelle est indispensable aux populations souffrantes et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins.

Nous demandons à tous ceux qui pourraient influer sur le destin de ceux qui ont été enlevés, en particulier des Métropolites d’Alep Paul et Jean Ibrahim, séquestrés en avril 2013, de faire tout ce qui est nécessaire pour leur libération rapide.

11. Nous élevons nos prières vers le Christ, le Sauveur du monde, pour le rétablissement sur la terre du Proche Orient de la paix qui est «le fruit de la justice» (Is 32, 17), pour que se renforce la coexistence fraternelle entre les diverses populations, Églises et religions qui s’y trouvent, pour le retour des réfugiés dans leurs foyers, la guérison des blessés et le repos de l’âme des innocents tués.

Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu’elles fassent preuve de bonne volonté et s’asseyent à la table des négociations. Dans le même temps, il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l’aide d’actions communes, conjointes et coordonnées. Nous faisons appel à tous les pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour qu’ils agissent de façon responsable et prudente. Nous exhortons tous les chrétiens et tous les croyants en Dieu à prier avec ferveur le Dieu Créateur du monde et Provident, qu’il protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale. Pour que la paix soit solide et durable, des efforts spécifiques sont nécessaires afin de redécouvrir les valeurs communes qui nous unissent, fondées sur l’Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ.

12. Nous nous inclinons devant le martyre de ceux qui, au prix de leur propre vie, témoignent de la vérité de l’Évangile, préférant la mort à l’apostasie du Christ. Nous croyons que ces martyrs de notre temps, issus de diverses Églises, mais unis par une commune souffrance, sont un gage de l’unité des chrétiens. A vous qui souffrez pour le Christ s’adresse la parole de l’apôtre : «Très chers !… dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse» (1 P 4, 12-13).

13. En cette époque préoccupante est indispensable le dialogue interreligieux. Les différences dans la compréhension des vérités religieuses ne doivent pas empêcher les gens de fois diverses de vivre dans la paix et la concorde. Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d’actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu, «car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (1 Co 14, 33).

14. Attestant de la haute valeur de la liberté religieuse, nous rendons grâce à Dieu pour le renouveau sans précédent de la foi chrétienne qui se produit actuellement en Russie et en de nombreux pays d’Europe de l’Est, où des régimes athées dominèrent pendant des décennies. Aujourd’hui les fers de l’athéisme militant sont brisés et en de nombreux endroits les chrétiens peuvent confesser librement leur foi. En un quart de siècle ont été érigés là des dizaines de milliers de nouvelles églises, ouverts des centaines de monastères et d’établissements d’enseignement théologique. Les communautés chrétiennes mènent une large activité caritative et sociale, apportant une aide diversifiée aux nécessiteux. Orthodoxes et catholiques œuvrent souvent côte à côte. Ils attestent des fondements spirituels communs de la convivance humaine, en témoignant des valeurs évangéliques.

15. Dans le même temps, nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangère à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme si souvent agressif, s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique.

16. Le processus d’intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses. Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Évangile, pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne.

17. Notre regard se porte sur les personnes se trouvant dans des situations de détresse, vivant dans des conditions d’extrême besoin et de pauvreté, alors même que croissent les richesses matérielles de l’humanité. Nous ne pouvons rester indifférents au sort de millions de migrants et de réfugiés qui frappent à la porte des pays riches. La consommation sans limite, que l’on constate dans certains pays plus développés, épuise progressivement les ressources de notre planète. L’inégalité croissante dans la répartition des biens terrestres fait croître le sentiment d’injustice à l’égard du système des relations internationales qui s’est institué.

18. Les Églises chrétiennes sont appelées à défendre les exigences de la justice, le respect des traditions des peuples et la solidarité effective avec tous ceux qui souffrent. Nous, chrétiens, ne devons pas oublier que «ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu» (1 Co 1, 27-29).

19. La famille est le centre naturel de la vie humaine et de la société. Nous sommes inquiets de la crise de la famille dans de nombreux pays. Orthodoxes et catholiques, partageant la même conception de la famille, sont appelés à témoigner que celle-ci est un chemin de sainteté, manifestant la fidélité des époux dans leurs relations mutuelles, leur ouverture à la procréation et à l’éducation des enfants, la solidarité entre les générations et le respect pour les plus faibles.

20. La famille est fondée sur le mariage, acte d’amour libre et fidèle d’un homme et d’une femme. L’amour scelle leur union, leur apprend à se recevoir l’un l’autre comme don. Le mariage est une école d’amour et de fidélité. Nous regrettons que d’autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l’homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique.

21. Nous appelons chacun au respect du droit inaliénable à la vie. Des millions d’enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu (cf. Gn 4, 10).

Le développement de la prétendue euthanasie conduit à ce que les personnes âgées et les infirmes commencent à se sentir être une charge excessive pour leur famille et la société en général.

Nous sommes aussi préoccupés par le développement des technologies de reproduction biomédicale, car la manipulation de la vie humaine est une atteinte aux fondements de l’existence de l’homme, créé à l’image de Dieu. Nous estimons notre devoir de rappeler l’immuabilité des principes moraux chrétiens, fondés sur le respect de la dignité de l’homme appelé à la vie, conformément au dessein de son Créateur.

22. Nous voulons adresser aujourd’hui une parole particulière à la jeunesse chrétienne. A vous, les jeunes, appartient de ne pas enfouir le talent dans la terre (cf. Mt 25, 25), mais d’utiliser toutes les capacités que Dieu vous a données pour confirmer dans le monde les vérités du Christ, pour incarner dans votre vie les commandements évangéliques de l’amour de Dieu et du prochain. Ne craignez pas d’aller à contre-courant, défendant la vérité divine à laquelle les normes séculières contemporaines sont loin de toujours correspondre.

23. Dieu vous aime et attend de chacun de vous que vous soyez ses disciples et apôtres. Soyez la lumière du monde, afin que ceux qui vous entourent, voyant vos bonnes actions, rendent gloire à votre Père céleste (cf. Mt 5, 14, 16). Eduquez vos enfants dans la foi chrétienne, transmettez-leur la perle précieuse de la foi (cf. Mt 13, 46) que vous avez reçue de vos parents et aïeux. N’oubliez pas que vous «avez été rachetés à un cher prix» (1 Co 6, 20), au prix de la mort sur la croix de l’Homme-Dieu Jésus Christ.

24. Orthodoxes et catholiques sont unis non seulement par la commune Tradition de l’Église du premier millénaire, mais aussi par la mission de prêcher l’Évangile du Christ dans le monde contemporain. Cette mission implique le respect mutuel des membres des communautés chrétiennes, exclut toute forme de prosélytisme.

Nous ne sommes pas concurrents, mais frères : de cette conception doivent procéder toutes nos actions les uns envers les autres et envers le monde extérieur. Nous exhortons les catholiques et les orthodoxes, dans tous les pays, à apprendre à vivre ensemble dans la paix, l’amour et à avoir «les uns pour les autres la même aspiration» (Rm 15, 5). Il ne peut donc être question d’utiliser des moyens indus pour pousser des croyants à passer d’une Église à une autre, niant leur liberté religieuse ou leurs traditions propres. Nous sommes appelés à mettre en pratique le précepte de l’apôtre Paul : «Je me suis fait un honneur d’annoncer l’Évangile là où Christ n’avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d’autrui» (Rm 15, 20).

25. Nous espérons que notre rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. Il est clair aujourd’hui que la méthode de l’«uniatisme» du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la détachant de son Église, n’est pas un moyen pour recouvrir l’unité. Cependant, les communautés ecclésiales qui sont apparues en ces circonstances historiques ont le droit d’exister et d’entreprendre tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles, recherchant la paix avec leurs voisins. Orthodoxes et gréco-catholiques ont besoin de se réconcilier et de trouver des formes de coexistence mutuellement acceptables.

26. Nous déplorons la confrontation en Ukraine qui a déjà emporté de nombreuses vies, provoqué d’innombrables blessures à de paisibles habitants et placé la société dans une grave crise économique et humanitaire. Nous exhortons toutes les parties du conflit à la prudence, à la solidarité sociale, et à agir pour la paix. Nous appelons nos Églises en Ukraine à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit.

27. Nous exprimons l’espoir que le schisme au sein des fidèles orthodoxes d’Ukraine sera surmonté sur le fondement des normes canoniques existantes, que tous les chrétiens orthodoxes d’Ukraine vivront dans la paix et la concorde et que les communautés catholiques du pays y contribueront, de sorte que soit toujours plus visible notre fraternité chrétienne.

28. Dans le monde contemporain, multiforme et en même temps uni par un même destin, catholiques et orthodoxes sont appelés à collaborer fraternellement en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut, à témoigner ensemble de la dignité morale et de la liberté authentique de la personne, «pour que le monde croie» (Jn 17, 21). Ce monde, dans lequel disparaissent progressivement les piliers spirituels de l’existence humaine, attend de nous un fort témoignage chrétien dans tous les domaines de la vie personnelle et sociale. De notre capacité à porter ensemble témoignage de l’Esprit de vérité en ces temps difficiles dépend en grande partie l’avenir de l’humanité.

29. Que dans le témoignage hardi de la vérité de Dieu et de la Bonne Nouvelle salutaire nous vienne en aide l’Homme-Dieu Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur, qui nous fortifie spirituellement par sa promesse infaillible : «Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume» (Lc 12, 32) !

Le Christ est la source de la joie et de l’espérance. La foi en Lui transfigure la vie de l’homme, la remplit de sens. De cela ont pu se convaincre par leur propre expérience tous ceux à qui peuvent s’appliquer les paroles de l’apôtre Pierre : «Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n’obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde» (1 P 2, 10).

30. Remplis de gratitude pour le don de la compréhension mutuelle manifesté lors de notre rencontre, nous nous tournons avec espérance vers la Très Sainte Mère de Dieu, en l’invoquant par les paroles de l’antique prière : «Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu». Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, par son intercession, conforter la fraternité de ceux qui la vénèrent, afin qu’ils soient au temps fixé par Dieu rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu, à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité !

François                                     Kirill

Évêque de Rome                       Patriarche de Moscou et de toute la Russie

Pape de l’Eglise catholique

                                                                                         

 

 


Ainsi s’accomplit l’Écriture

   Jean-Marie Élie Setbon a la joie de vous annoncer la sortie de son dernier livre : "Ainsi s'accomplit l'Écriture. Guide de formation à la transmission." L'ouvrage est disponible à la vente sur le site des éditions Salvator.

 

AINSI S´ACCOMPLIT L´ECRITURE. 

GUIDE DE FORMATION A LA TRANSMISSION

 

Auteurs : Jean­-Marie Élie Setbon, Solène Colombel
Editeur : SALVATOR
Paru en : octobre 2015
14.90 €

Résumé

« Celui qui ignore les Écritures ignore le Christ », écrit saint Jérôme. Mais comment bien comprendre l’articulation entre l’Ancien et le Nouveau Testament ? Jésus n’a-­t-­il pas accompli à sa manière une forme de rupture avec l’ancienne alliance ? Comment le message de l’Évangile puise-­t-­il aux sources de l’expérience spirituelle d’Abraham ? 
Pour mieux répondre, Jean-­Marie Élie Setbon ouvre un parcours biblique très pédagogique, riche à la fois d’enseignements, de prières et de pistes de réflexion. Il permet de découvrir ainsi comment l’Écriture s’accomplit par l’avènement de Jésus, mort et ressuscité pour le salut du monde.
Jean-­Marie Élie Setbon, conférencier, se consacre à l’étude de la Bible. Il a raconté sa conversion du judaïsme au christianisme dans son livre à succès, De la kippa à la croix (Salvator). Il a également publié chez Salvator, Oser être soi­-même, la finalité de l'Incarnation..


Le travail dominical entrave la liberté des chrétiens... Où s’arrêteront-ils ?

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Sujet :Le travail dominical entrave la liberté des chrétiens... Où s’arrêteront-ils ?

 

Le travail dominical entrave la liberté des chrétiens

Si vous ne visualisez pas correctement l’e-mail, cliquez ici


 

Bonjour !

S’il vous plaît, dites NON au projet du gouvernement qui permet:

1. d’ouvrir les portes au travail dominical,

2. le remplacement des jours fériés chrétiens par des jours fériés locaux.

Sous le prétexte de tenir compte des “spécificités culturelles, religieuses et historiques” des territoires d’Outre-Mer...

...le projet de loi Macron permet le remplacement des fêtes chrétiennes par des jours fériés locaux. Les “fêtes républicaines”, elles, ne sont pas visées.

 

Mgr Olivier Ribadeau Dumas, Secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France a déclaré:

Il s’agit d’une attaque forte contre la religion catholique, nous ne pouvons l’accepter” (La Croix, 18/02/15).

Dites NON à cette avancée laïcarde !

Signez ici la pétition lancée par la Fédération Pro Europa Christiana exigeant du Premier Ministre le retrait de ces deux dispositions du projet de loi.

 


 

Oui ! En plus cette mesure ne se bornera pas aux DOM-TOM et il n’y a aucune raison pour que bientôt, sous prétexte de laïcité, ce soit étendu à toute la France.

Vous le savez, ce projet de loi ouvre la possibilité de travailler jusqu’à douze dimanches par an dans certaines zones... pour le moment.

Devant cette attaque, je vous invite à envoyer aujourd’hui votre véhémente protestation au Premier Ministre pour :

     Exiger le respect de la sanctification du dimanche        ainsi que des jours fériés chrétiens : tous font          partie de notre tradition la plus sacrée, la plus        incontestable.

Voulez-vous connaître les détails de ce projet absurde ?

Le 17 février 2015, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi pour la croissance et l’activité, dit loi Macron.


Au motif de “libérer les énergies là où les gains économiques seront possibles pour les entreprises, les salariés et les territoires”, l’article 80 de ce projet ouvre la possibilité de travailler jusqu’à douze dimanches par an dans certaines zones touristiques et commerciales... pour le moment, bien sûr.

Cliquez ici pour envoyer votre « NON » au Premier Ministre.

 


 

Une autre disposition de ce projet de “loi Macron” prévoit que, pour les territoires d’Outre-Mer, un arrêté préfectoral peut remplacer des jours fériés chrétiens par des “jours fériés locaux” “afin de tenir compte des spécificités culturelles, religieuses et historiques de ces territoires”.

Dans la motivation de cet amendement, il est affirmé qu’une partie substantielle des jours fériés est “l’héritage de fêtes religieuses catholiques”...

...et qu’“il existe un paradoxe de fait dans une République laïque à donner ainsi dans le calendrier républicain un statut légal aux seules fêtes d’une religion”.

Le texte initial mentionnait que les jours fériés susceptibles d’être ainsi remplacés seraient le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption et la Toussaint.

Le texte adopté a jugé plus prudent de ne pas mentionner les cinq fêtes ci-dessus. On fixe en revanche que certains jours fériés ne pourront pas être remplacés par d’autres: et ce sont les 1er mai, 8 mai, 14 juillet et 11 novembre... !

Cela signifie que, tôt ou tard, cette législation pourra s’appliquer à Noël.

Dites tout de suite au Premier Ministre : Non, non et non!


Je compte sur VOTRE CLIC ICI et votre signature ! Vous réagissez ainsi contre cette attaque forte contre la religion catholique.

 

Car accepter ces deux mesures sans réagir reviendrait à renier les bienfaits reçus de la civilisation chrétienne.

Vous protestez ainsi contre cette laïcité agressive qui se veut « non-négociable » et sape à la dérobée ce qu’il reste de chrétien dans notre façon de vivre en société.


Dès maintenant, s’il vous plaît :

  • —> SIGNEZ ICI VOTRE PETITION pour que la Fédération Pro Europa Christiana puisse la transmettre, ensemble avec tous les nombreux signataires, directement au Premier Ministre.
  •  

Vous et moi assistons à une campagne bien structurée d’un réseau qui veut réduire au silence l’Église et les chrétiens.

Je compte sur votre signature ici ! Oui, si vous et moi arrivons à incorporer toujours plus de foyers à cette campagne, la force de la pétition sera incontournable.

Cette mobilisation sera aussi votre riposte à la décadence morale et la rapide paganisation de notre pays.

Je compte sur vous et je vous remercie de votre attention.

Sincèrement vôtre,


François PY
chargé de la communication
Avenir de la Culture

 



Jean-Marie Élie Setbon: le témoignage émouvant d'une conversion

Qui est Jean-Marie Elie Setbon ? Dans le récit autobiographique qu’il nous propose, c’est l’histoire de sa vie, et plus précisément encore, celle de sa conversion qu’il nous décrit.

Bien sûr, ce n’est pas le premier juif qui se convertit, ni même le premier rabbin… Mais son parcours et l’histoire de sa relation avec Jésus sont tout à fait étonnants.

Rabbin , Juif orthodoxe, puis loubavitch : a priori rien ne prédisposait ce jeune homme sans histoire, né à Paris en 1964, de parents juifs mais non pratiquants, puis installé ensuite à La Courneuve, dont le meilleur ami est un musulman, à faire un tel choix de vie ! D’autant plus que dès sa jeunesse, il avoue être attiré par le Christ en croix … Son départ en Israël à 18 ans, sa formation rabbinique, puis son mariage avec une jeune juive très religieuse, la naissance de six enfants, la vie de rabbin … vont-ils mettre fin à cette attirance que le crucifix exerce sur lui ?

Son récit dévoile l’itinéraire complexe d’un Juif croyant, habité secrètement par cette contradiction apparemment indépassable : être Juif et aimer le Christ !

Mais, c’est la mort d’un autre juif converti, celle du cardinal Jean-Marie Lustiger, qui va l’amener à franchir le pas de la … conversion et à être baptisé dans l’église catholique le 14 septembre 2008.

C’est bien une histoire d’amour que nous découvrons, une rencontre singulière de cet homme avec Jésus, scandale pour les Juifs et folie pour les païens. La conversion de Jean-Marie nous rappelle celle d’un autre Juif, pratiquant zélé lui aussi de la Torah avant sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas, Saul de Tarse, qui deviendra ensuite l’apôtre des gentils, saint Paul.

C’est d’ailleurs sur une prière de saint Paul, qu’il appelle son grand frère, que Jean-Marie Setbon conclut son livre :

« Je fléchis les genoux devant le Père, qui est la source de toute paternité au ciel et sur la terre. Lui qui est riche en gloire, qu’il vous donne la puissance par son Esprit pour rendre fort l’homme intérieur. Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur … Vous connaîtrez l’amour du Christ qui surpasse tout ce que l’on peut connaître. Ainsi vous serez comblés jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu. Gloire à celui qui a le pouvoir de réaliser en nous par sa puissance infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même imaginer, gloire à lui dans l’Église et le Christ Jésus. Amen. » (Lettre aux Éphésiens, 3, 14-21)

Si vous n’avez pas eu l’occasion de rencontrer Jean-Marie Elie Setbon lors de ses séjours dans notre île, ne manquez surtout pas celle de le lire. Il a beaucoup à nous apprendre !

Lectures conseillées

André Paul, Le Judaïsme ancien et la Bible, Desclée De Brouwer

Encyclopédie du judaïsme, Editions du Cerf


Grand Prieuré de France

Excellence, chers confrères, chères consœurs, chers amis

  

Une messe à l'intention des Chevaliers et Frères de l'Ordre Militaire et Hospitaliers de Saint Lazare de Jérusalem ( www.oslj.org )
sera dite au centre Saint Paul 12 rue Saint Joseph le vendredi 31 mai à 19 h,suivi d'une veillée d'armes
vous y êtes le bienvenu.

Un sermon sur les trois fins de l'ordre sera prononcé par l'Abbé de Tanouarn.
Un vin d'honneur réunira les membres présents, les amis et tous ceux qui se reconnaissent dans les fins de l'Ordre.

Merci de confirmer votre présence à l’organisateur de cette journée, notre confrère Constantin Parvulesco, SBLJ,  : 
parvulesco@arc-atlantic.com / 06 37 34 82 20 

  

  

  Confraternellement

  

  

                ATAVIS et ARMIS

 

 

              Le Chancelier

  

S.E. Dominique M. DOYEN,  GCLJ

       42 rue Henri Revoil

              30900 Nîmes

                FRANCE

           04 66 23 80 13

      http://www.oslj.fr

*Ordre international, en France association régie par la loi du 1er juillet 1901

 

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UN PRÉLAT DE L'OPUS DEI ORDONNE " SELON LA FORME EXTRAORDINAIRE " POUR LA FRATERNITÉ SAINT-PIERRE

Comme l'a relevé notre confrère Riposte Catholique le 3 mars, “ les ordinations aux ordres mineurs et au sous-diaconat conférées le 11 février au séminaire européen de la Fraternité Saint-Pierre, à Wigratzbad, sont à marquer d'une pierre blanche en raison non seulement du nombre de clercs concernés mais aussi de la qualité ecclésiastique du célébrant ”.

 

C'est en effet la première fois, depuis le Motu Proprio Summorum Pontificum, qu'un membre de l'Opus Dei consacre selon les livres liturgiques en vigueur avant la réforme conciliaire. En l'occurrence, il s'agissait de l'évêque espagnol Mgr Juan Ignacio Arrieta Ochoa de Chinchetru.

 

Docteur en droit canonique, un des meilleurs spécialistes de cette matière dans une Prélature particulièrement « pointue » en droit de l’Église, il a été président de l'institut de droit canonique de l’Université pontificale de la Sainte-Croix. Âgé de 60 ans, Mgr Arrieta est depuis 2007 membre de la Curie où il a la charge de Secrétaire du Conseil Pontifical pour les Textes législatifs. Son intérêt pour la question traditionaliste est connu, de même que celui du Sous-Secrétaire du même Conseil, Mgr José Aparecido de Almeida. Ainsi, leur contribution à l'élaboration de solutions canoniques pour la reconnaissance de la Fraternité Saint-Pie-X n’est pas négligeable.

 

Au cours de la cérémonie du 11 février, 13 séminaristes ont reçu les ordres de portier et lecteur et 13 autres les ordres d'exorciste et d'acolyte. Enfin, 7 séminaristes ont été promus au sous-diaconat des mains de Mgr Arrieta. 20 Français étaient concernés par ces ordinations.

 

Une nouvelle fondation bénédictine dans le Var : Dom Aidan - Le Baptistère

 

SOURCE - Dom Aidan - Le Baptistère (n°63) - 24 mars 2012

 

27 MARS 2012

En décembre 2011, Monseigneur Dominique Rey, Evêque de Fréjus-Toulon, a érigé le Monastère Saint-Benoît, une nouvelle communauté monastique selon la règle de Saint Benoît qui célèbre la liturgie sacrée selon les formes classiques et anciennes du rite monastique romain. Le supérieur, Dom Aidan, a donné cet entretien au site New Liturgical Movement et à notre demande d’interview nous en a donné une traduction française.

Révérend Père Prieur, pouvez-vous nous raconter les origines de ce monastère?

Les origines de notre monastère trouvent leurs racines dans notre désir de vivre une vie monastique selon la Règle de Saint Benoît. Certains d’entre nous ont été formés et professés moines bénédictins par le passé mais nous nous sentions frustrés de devoir vivre notre vocation dans des circonstances dont nous n’avions pas le contrôle. D’autres ont également rencontré cette difficulté mais souhaitaient tout de même être moines. Il en a résulté une vie menée loin de la vie monastique qui, bien que pénible, a renforcé notre désir de vivre la vie monastique traditionnelle et, chaque jour, son harmonie naturelle dans le rite liturgique classique et l’office. Dans des circonstances qui se sont avérées tout à fait providentielles, nous avons pu exprimer notre désir à Monseigneur Rey.

 

Monseigneur Rey nous a reçus comme l’aurait fait un vrai père. Notre demande a été suivie d’une période de discernement et de préparation pratique impliquant l’entourage de l’évêque, nous-mêmes, et mon propre évêque (qui lui aussi a démontré bienveillante sollicitude, gentillesse et générosité infinies) ainsi que le soutien et la générosité de beaucoup d’amis, sans oublier l’accueil chaleureux des habitants de La Garde-Freinet. A notre grande et très agréable surprise, il a été possible de commencer l’horarium monastique complet dès le premier dimanche de l’Avent et de célébrer notre érection canonique aux premières vêpres solennelles de l’Immaculée Conception au mois de décembre dernier.

Quel soutien avez-vous reçu du Diocèse de Fréjus-Toulon et de son évêque ?

Le soutien de l’évêque et du diocèse a été, et demeure encore, des plus solides. L’approche de Monseigneur Rey est de toujours se demander comment il peut, en tant qu’évêque, encourager et faire progresser le développement de l’Eglise. Il est prêt à mettre lui-même et son diocèse au service d’initiatives qui selon lui permettront de développer le royaume de Dieu sur terre. Il cherche des solutions, non des problèmes. Comme le fait également son entourage – du vicaire général à ses secrétaires et canonistes, son conseiller financier, etc. tous collaborent dans le but d’asseoir l’Eglise sur des fondations sures, tant financièrement que canoniquement.

 

Un très grand presbytère à côté de l’église paroissiale nous a été confié (on se demande déjà avec joie s’il ne va pas être trop petit !). L’église, elle, a été mise à notre disposition pour tous nos offices liturgiques. Le curé, qui nous a accueillis chaleureusement, vit dans un autre village dont il est aussi le désservant, et célèbre ici trois messes toutes les semaines pour la petite paroisse locale très impliquée. Ce « partage » de l’église fonctionne bien et propose la messe et l’office quotidien en plus des messes de paroisses déjà en place.

 

Monseigneur l’évêque a également été très généreux, en nous aidant financièrement pour notre installation –les coûts de la Sécurité Sociale française étant à eux seuls astronomiques – mais nous travaillons pour devenir très rapidement financièrement autonomes.

 

Un soutien pratique et fraternel est venu de tout le diocèse et bien sûr du clergé et des habitants locaux, qui en plus de leurs encouragements, nous ont fourni bon nombre d’effets matériels indispensables pour cette grande maison. Un monastère est quelque chose de différent et de nouveau, mais sa création a été accueillie avec l’hospitalité et l’ouverture d’esprit dont les habitants et le clergé de ce diocèse savent faire preuve.

Faîtes-vous partie de la confédération bénédictine mondiale ?

Bien que deux d’entre nous aient validé le noviciat bénédictin et aient été professés moines dans la confédération, notre communauté est établie par l’évêque et fait partie du diocèse. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes isolés : beaucoup de moines de la confédération sont de bons amis et nous nous sommes réjouis de leur aide et encouragement fraternels. Un de nos amis, un père abbé, a accepté l’invitation de l’évêque de l’assister ainsi que nous-mêmes au cours de notre croissance. Nous avons demandé notamment au père abbé de nous aider à former les novices. Donc, tout en étant indépendants de la confédération nous entretenons des liens étroits avec ses membres, et nous apprécions particulièrement leurs visites, leur soutien, la sagesse et l’expérience qu’ils partagent avec nous. 

Parlez nous de l’horarium et de la vie liturgique du monastère.

Notre horarium est simple, commence avec les matines à 04h00 et se termine avec les complies à 20h. Il inclut tous les offices chantés selon le Brevarium monasticum(1963) ainsi que la messe conventuelle selon l’usus antiquior. L’horarium n’est pas une accroche publicitaire ou une fantaisie, il est réel et il faut admettre que malgré les exigences qu’il impose, c’est une joie de le vivre.

 

Dans notre vie liturgique nous « osons faire autant que nous pouvons » comme St Thomas d’Aquin encouragerait de le faire (« quantum potes, tantum aude » seq. Lauda Sion). Vu notre taille, c’est parfois forcément modeste. Chanter fidèlement tous les offices monastiques chaque jour n’est pas une mince entreprise. En nous développant, plus de choses deviendront possibles et chaque nouvelle vocation est un don de la Providence de Dieu permettant à toute la famille monastique de louer Dieu de manière plus approfondie dans la liturgie sacrée.

 

Bien sûr la vie liturgique est par essence la vie du monastère. C’est notre raison d’être. Nous sommes ici avant tout pour servir Dieu, pour « ne rien placer avant l’œuvre de Dieu » comme Saint Benoît le prêche. Ceci nous façonne une identité claire et rythme notre journée, et encore une fois c’est une joie. C’est une grande joie de savoir que, grâce à la vision et la législation de notre très cher Saint-Père (qui est tout à fait partagée, soutenue et promue par Monseigneur Rey), l’usage des rites liturgiques plus anciens n’est pas un problème. Il n’y a aucune controverse autour du fait que nous passions nos journées et nos nuits à chanter les louanges de Dieu ou à offrir le saint sacrifice de la messe comme les moines l’ont fait pendant des siècles, et en effet il ne devrait jamais y en avoir. 

Comment envisagez-vous la façon dont le monastère peut participer et encourager le nouveau mouvement liturgique souhaité par le Pape Benoît XVI ?

Nous sommes une petite communauté monastique vivant la vie liturgique aussi intensément et fidèlement que possible. Nous cherchons à servir Dieu Tout Puissant comme il se doit et ce faisant nous cherchons à développer la propre conversion de notre vire en conformité avec Ses voies. Donc, comme on peut le voir, avec le « nouveau mouvement liturgique » il s’agit tout d’abord de devenir liturgique soi-même, de s’imprégner de la liturgie sacrée, de la laisser définir qui l’on est et la façon dont on vit, de lui permettre de faire place à cette conversion de la vie qui est au cœur de la règle de Saint Benoît.

 

Nous n’avons absolument pas la prétention d’apporter de contributions, quelles qu’elles soient, à grande échelle. Mais si chaque jour, nous pouvons fidèlement et généreusement vivre la vie liturgique, cela-même fera sa propre petite marque sur l’Eglise et sur le monde. Dans la Providence de Dieu, nous jouerons notre petit rôle dans le développement du nouveau mouvement liturgique.

 

Nous donnons le témoignage d’une vie liturgique et monastique dont l’effet n’est pas négligeable. Notre inauguration a été célébrée aux premières vêpres de l’Immaculée Conception – chantées entièrement en grégorien selon le rite monastique. Amis, clergé local, paroissiens et certains qui n’étaient pas entrés dans une église depuis longtemps se sont joint à nous dans la prière des vêpres –beaucoup pour la première fois- et ils ont très bien chanté ! La liturgie de l’Eglise, resplendissante dans toute sa tradition monastique, a touché bien des cœurs ce soir-là. Si nous pouvons continuer ainsi –et nous le pouvons- cela apportera sa contribution aussi.

A quoi pourrait s’attendre un homme qui envisagerait de faire partie de votre communauté ?

Nous serions prêts à l’accueillir pour une courte visite afin qu’il découvre un peu notre vie : en parler est une chose, mais en faire l’expérience personnellement est ce qui est indispensable. Après ça, une visite plus longue pour plus de discernement serait appropriée – normalement au moins un mois. S’il souhaitait alors être candidat pour entrer au monastère, le processus habituel de candidature aurait lieu, suivi en temps voulu par le postulat (qui est normalement au moins de trois mois, mais reste flexible, puis le noviciat d’une année, voire même un an et demi).

Et quelle formation ensuite ?

Durant le postulat et le noviciat, la formation se concentre sur la vie monastique et la prière : la règle, l’histoire monastique, la liturgie sacrée et les psaumes, etc., le latin, et, étant donné notre situation géographique, le français seront aussi étudiés. Après la profession temporaire, la formation répondrait aux talents de l’individu et aux besoins du monastère. Certains poursuivront les études d’ordination tandis que d’autres développeront leurs compétences dans d’autres secteurs –notre famille monastique peut accueillir tous ceux que Dieu Tout Puissant nous envoie, qu’ils soient ce qu’on appelait autrefois « moines du chœur » ou « frères convers ». Les études supérieures seraient encouragées pour les individus qui en ont la capacité, si celles-ci sont utiles au monastère ou à l’Eglise.

 

Mais la plus grande formation pour tout postulant ou novice est l’effort d’être fidèle aux nombreuses demandes de notre vie quotidienne avec ses défis et parfois ses réelles difficultés. Persévérer à travers elles permet à ceux appelés par la vocation monastique de commencer cette conversion de vie qui est notre vocation et de goûter un peu à ces joies parmi leurs frères dans une fraternité ordonnée, une « école du service du Seigneur ». C’est difficile à expliquer, mais pour ceux qui sont appelés, il s’agit de quelque chose de réel, nourrissant, d’une véritable grâce et d’un privilège. Comme nous le chantons à l’office de prime au dimanche, « Viam mandatorum tuorum cucurri, cum dilastasti cor meum » (Je veux courir dans la vois de vos commandements, car vous élargissez mon cœur). 

Avez-vous des novices actuellement ?

Pour le moment, l’existence du monastère a été plus courte que la durée d’un postulat ! Nous avons deux sérieux candidats pour le noviciat et, si Dieu le veut, ils pourraient revêtir l’habit de novice plus tard cette année. Il y a d’autres candidats qui envisagent de faire des visites prolongées. Il est important de ne pas précipiter le discernement et de donner à chaque candidat le temps, l’espace et la liberté nécessaires pour prendre la bonne décision au bon moment. Nous préférons ne pas trop évoquer qui ou quand, dans le but de protéger cette liberté : comme les moines, chacun a droit à sa vie privée. 

Le monastère est-il exclusivement anglophone ?

Non pas exclusivement. Nous parlons bien sûr anglais, mais nous devons tous apprendre le français. Nous sommes ouverts à tous ceux que Dieu nous envoie. En effet, notre évêque nous a récemment confié la formation finale d’un séminariste qui n’est pas anglophone, donc notre français s’améliore à tout instant ! Quand nous prêchons, nous utilisons à la fois l’anglais et le français : beaucoup d’habitants ici sont des anglophones natifs. 

Quel travail pratiquent les membres de la communauté ?

Notre première tâche est la prière et notre propre conversion de vie. Puis, il y a le travail obligatoire de discernement et de formation des candidats. Ensuite, suivent toutes les tâches administratives et ménagères habituelles, de la cuisine au nettoyage en passant par les réponses au courrier et le payement des factures.

 

Nous gérons aussi une petite boutique et produisons nous-mêmes certaines des choses qui y sont vendues, nous imprimons entre autres des cartes. Nous espérons pouvoir publier un peu. Nous avons à notre disposition un petit terrain pour y faire pousser nos aliments. Parfois, nous donnons des cours dans les domaines liturgiques ou académiques ou autres tâches intellectuelles. Nous accueillons les visiteurs et retraitants et rendons un service de pastorale pour les gens attaché à l’ancien rite. Nous assistons aussi l’évêque de temps en temps dans divers projets.

 

A part les activités ordinaires, notre travail consistera en une réponse aux opportunités, talents et besoins que la Providence de Dieu nous envoie, à partir du moment où ceux-ci n’éclipsent pas l’œuvre de Dieu.

Où êtes-vous situés ? Est-il possible de recevoir des visiteurs ?

Nous sommes situés dans un village sur les hauteurs brumeuses de la chaîne des Maures, entre Fréjus et Toulon en Provence. Nous sommes à un peu plus de 10 kms de la Méditerranée et à 20 kms au nord de Saint-Tropez. C’est une région exceptionnellement belle et notre village a la chance d’être petit et calme. On y trouve des vues splendides, offrant de longues randonnées en montagnes – idéal pour les gens en retraite. Nous avons mis quelques photos sur notre site internet.

 

Oui, les visiteurs sont les bienvenus que ce soit pour assister à l’office ou à la messe qui tous sont publics, ou pour passer quelques jours de repos ou de retraite. Les visiteurs hommes qui souhaitent séjourner dans le monastère doivent bien sûr toujours nous contacter à l’avance, mais l’hospitalité est une part importante de notre vocation.

 

En ce qui concerne l’accès, il y a des bus qui passent par le village – plus nombreux le week-end et l’été - et il y a une grande gare (Les Arcs) assez près d’ici. Cependant, la voiture est le moyen de transport le plus pratique, il y a une bonne route de la côte jusqu’ici, et une autre depuis l’autoroute de Provence (A8). Nous sommes à moins d’une demi-heure de route des deux. 

Comment peut-on soutenir le monastère ?

 

Tout d’abord, je dois noter ici notre gratitude envers les nombreuses donations, petites et grandes, que nous avons reçues jusqu’à présent. Nous avons été continuellement touchés par la bonté de la Providence de Dieu œuvrant parmi tant de cœurs généreux. Le fait que nous ayons pu bien commencer notre vie ici est en grande partie dû à la charité des individus – dont les actes sont connus de Dieu Tout Puissant - et pour qui nous prions tous les jours et nous offrons une messe une fois par mois.

 

Cela dit, comme je l’ai mentionné précédemment, nous devons en effet devenir rapidement indépendants financièrement. Avec l’arrivée de nouvelles vocations, ce besoin est d’autant plus grand. Le soutien et les donations sont toujours les bienvenus et sont une véritable bénédiction. Notre site internet mentionne diverses façons de nous soutenir : en utilisant nos propres lien pour tout acheter sur Amazon, en nous offrant un titre sur notre liste de souhaits Amazon (nous avons particulièrement besoin de développer notre bibliothèque), en achetant dans notre boutique, par des dons, offrandes de quêtes etc. Nous sommes aussi conscients que nous devons travailler dur et développer à la fois notre industrie et un revenu nous-mêmes. Ce qui requiert à la fois du personnel et du capital – mais la Providence de Dieu ne nous fera pas défaut tant que nous resterons fidèles à notre vocation monastique.

Avez-vous un programme d’oblats ?

 

Oui et nous eu avons la joie de voir notre premier oblat-novice, un prêtre du diocèse et un grand ami du monastère, revêtir l’habit peu de temps après notre inauguration. Les oblats font partie de notre famille élargie, pour ainsi dire, et partagent les fruits spirituels de nos prières de même que nous bénéficions de leur fraternité et soutien. Les hommes et femmes catholiques intéressés par notre oblature peuvent consulter notre site internet.

Dom Aidan, que réserve l’avenir pour le Monastère Saint-Benoît?

 

Ce que l’avenir nous réserve c’est l’office monastique qui va suivre, la prochaine opportunité d’exercer notre charité monastique parmi nos frères, la prochaine occasion d’endurer la souffrance dans la foi et l’espoir, la prochaine opportunité d’accueillir comme le Christ la personne qui vient au monastère et qui n’a peut-être même pas conscience du besoin de chercher Dieu. Et si je dois être fidèle à ce que la règle demande de moi dans chacune de ces circonstances, ce que l’avenir nous réserve, non, ce qu’il nous promet c’est que Dieu sera loué et trouvé et que ce faisant je me conformerais plus à Dieu.

 

Nous avons bien sûr des espoirs et des projets, mais la Providence changera la donne et redistribuera les cartes en vue d’un plus vaste dessein. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve. Mais si cette communauté peut être fidèle à la règle et suivre la voix de Dieu, l’avenir, quoiqu’il apporte, sera fait de Dieu.

 

Que Dieu vous bénisse vous et tous vos lecteurs.

 

Monastère Saint-Benoît 

2, rue de la Croix

83680 La Garde-Freinet

France

 www.msb-lgf.org