Appel aux Evêques de France

Marion Duvauchel
Professeur de philosophie

 

Toute colère, juste ou injuste, a un fondement dans une requête de justice. Cette
requête elle-même peut-être juste comme injuste. Cette question de la justice est au
coeur de la nature humaine, et elle est fondée sur un axiome élémentaire: on ne peut
avoir une notion juste de la justice sans être mu par la foi, ou par une foi. Il faut que la
justice s’enracine quelque part, faute de quoi elle est remplacée par toute une
bibliothèque et un arsenal de textes juridiques.
La « foi » musulmane conduit à la justice de la charia, c'est à dire à une abomination.
Thomas d’Aquin a expliqué ce principe de la Loi avec la lumineuse rigueur qui est sa
marque de fabrique: pour établir une loi, les législateurs considèrent les conditions
générales ; or ce qui est soumis aux lois, ce sont les actes humains qui portent sur des
situations singulières qui peuvent varier à l’infini. La loi est donc par essence,
imparfaite et dans certains cas, son observance serait contraire à la justice et au bien
commun que la loi entend sauvegarder. Le bien consiste alors à transgresser la lettre
de la loi pour rester fidèle à l'esprit de justice et à l'exigence du bien commun.
Notre droit est aujourd’hui déraciné de toute idée de justice. Car la Justice est
conduite par une foi, entendue non pas comme fidélité à la lettre (comme l’islam, qui
est fidélité à la lettre du Coran), mais fidélité à un Dieu et à une Parole, enrichie de
toute une tradition de réflexion.
La « foi » du socialisme réel, que Pie XII avait jugé intrinsèquement pervers, cette foi
que la Russie a prétendu imposer, pour son malheur et celui des peuples soumis à son
joug, a conduit au goulag, à la famine, à la déportation des peuples du Caucase, à des
souffrances sans nom : des millions de destins broyés dans la meule de l’Histoire. Nous
avons assisté à la chute de cette foi meurtrière, et nos hommes politiques ne
pardonnent pas à Vladimir Poutine d’avoir enraciné de nouveau cet immense pays
dans la foi ancienne.
La « foi » dans le libéralisme économique à l'américaine conduit quant à elle à une
exploitation universelle des peuples, et à leur mise en esclavage.
Le discernement de la vérité de la foi est une question qui devrait être cruciale pour
chaque être humain. Parce que c’est cette foi qui va gouverner notre justice, et donc
nous déterminer largement dans nos choix humains, dés lors que ces choix humains
ont pour horizon la recherche du Bien.
C’est ce que l’oecuménisme militant de l’Eglise catholique a oublié. En mettant sur le
même plan les autres religions, il a rogné ce « présupposé » théologique de la vérité de
la foi catholique. Il a semé le doute dans le coeur des fidèles : si l’islam est la troisième
religion, sur le même plan que la mienne, alors sa validité est comparable à la « foi »
catholique. Alors je peux douter de la Parole. On a ainsi donné une solide assise et une
formidable audience à ce relativisme religieux qu’on fait par ailleurs semblant de
déplorer.
La première urgence n’est donc pas d’organiser de vains débats dans nos paroisses
dévastées, où ils seront organisés de toute manière par les hommes des diocèses, laïcs
dans la mouvance et la droite ligne du parti, dont certains occupent ces emplois
salariés destinés à promouvoir les « pastorales » en usage. Ces pastorales du chien
crevé au fil de l’eau, de l’aller au monde auxquelles on prétend substituer aujourd’hui les
pastorales du grand débat généralisé. Le frottement des opinions n’a jamais fait de la
lumière. La première urgence est de proclamer la foi chrétienne qui conduit à la
justice des dix commandements et au-delà même, à l'amour des ennemis.
Cet amour ne se confond pas avec les affects que nous sommes continuellement invités
à éprouver pour un prochain le plus souvent imaginaire et fantasmé. Jusqu’à ce qu’il
arrive à nos portes et qu’on réalise qu’il faut le nourrir, le loger, le soigner et que cela
va alourdir encore la dette fabuleuse qui hypothèque paraît-il notre pays et l’avenir de
nos enfants.
L’amour des ennemis n’implique pas d’accepter leurs idées quand on les croit fausses
et dangereuses. Aimer les ennemis dans la justice n’entraîne pas qu'on les laisse faire
n'importe quoi, - tuer, prêcher la haine, construire des mosquées, voiler leurs filles et
les marier sans leur consentement, humilier et contraindre leurs femmes, et parfois
violer les nôtres - il faut les combattre justement, sans haine, en vue d’abord de les
empêcher de nuire et de nuire à celles que ces structures religieuses emprisonnent sans
rémission ni espoir.
Et puis aussi, en vue qu’ils se convertissent à la véritable justice.
D’après saint Thomas d’Aquin, il y a une charité politique qui dépasse et de loin les
sentiments individuels de compassion, et qui ne s’y réduit surtout pas. Or, ces affects
compassionnels sont proposés comme l’unique modalité de l’amour du prochain.
L’apostasie d'une grande partie du clergé consiste aujourd’hui à proposer et à diffuser
un discours social compatissant, inconsistant, doucereusement culpabilisant, fondé sur
des affects qu’on nous somme d’éprouver, Evangile à l’appui, ou en convoquant la
presse et l’actualité. Pas le moindre appel à la conversion véritable - ou si peu et
quasiment toujours noyé dans ces bons sentiments obligatoires.
Cette conversion véritable consiste à se tourner ensemble vers la divinité. Car
comment pouvons-nous être frères si nous n’avons pas le même Père, si nous
n’obéissons pas au même Dieu, aux mêmes Lois données – les dix commandements --,
et ultimement à la même Loi : celle d’aimer. D’aimer dans la justice et dans la vérité.
Ce qui implique, si l'on est disciple de Jésus Christ, de se tourner vers lui et son Père
avec le secours de l'Esprit Saint. Car qui peut aimer son ennemi sans un secours
particulier ? Qui peut aimer ceux qui ont détruit, tué, saccagé, violenté, menti, triché,
escroqué, exploité, pillé et ceux qui spolient et asservissent en accablant d’impôts
enveloppés dans des discours délibérément mensongers?
Il convient de souligner l’importance du langage utilisé. Il y a une tromperie profonde
et un énorme mensonge dans cette façon d'appeler à la fraternité en oubliant qu'il n'y
a de « frères » que s'il y a un « père » commun. Chaque fois que nous allons prier avec
des musulmans, nous ne faisons pas un rituel de fraternité, nous allons prier avec nos
ennemis en donnant à croire qu’ils sont des frères, et que nous avons le même Père.
Mais alors qui prie Qui ?
Il en découle une chose qui est un impératif catégorique, une exigence souveraine :
enseigner, enseigner et enseigner!
La doctrine de l’Eglise n’est pas réservée aux spécialistes, aux séminaristes, aux
bourgeois cathos et aux Instituts de philosophie. Ce mépris du peuple est totalement
insupportable. L’Eglise dispose d’un important corpus de doctrine, depuis l’encyclique
Rerum novarum jusqu'aux derniers textes de Benoît XVI en passant par Laborem exercens.
Elles touchent en particulier la destination universelle des biens de cette terre et le
droit de propriété.
Quand est-il possible d’entendre l'enseignement des dix commandements dans la
bouche des évêques? Quand est-il possible de les entendre rappeler ces questions
essentielles ? Quand dénoncent-ils les mensonges des uns et des autres, ce qui est le
corollaire de tout enseignement véritable ? Où entend t-on un seul Evêque, doctrine
sociale de l’Eglise à l’appui, appeler un chat un chat et la classe « bobo » une classe
d’exploiteurs et de voleurs, (et une classe solidement organisée). Il n’y a pas une note
de justice ni de foi dans les « sauvons la planète », il n’y a que du bavardage
opportuniste, relayé dans les diaconies démagogues. Dans certains diocèses on a même
mis en place des formations à l’écologie planétaire, auprès de publics qui n’ont même
plus une idée claire de la Trinité, enseignement qu’on se gardera bien de leur donner.
Pourtant, l'exploitation sociale est telle aujourd’hui qu'on exproprie les gens de leur
propre travail et de leur gestion vertueuse (plus d'économies ni d'héritage). On
transforme ainsi la multitude en esclaves. Et ces esclaves espèrent profiter à leur tour
du système, en imitant les grands profiteurs. Tous, dans une méchanceté unanime,
détruisent ainsi le bien commun. La singerie ultime vise à parvenir à une sorte
d’unanimité (une seule âme), mais par ce qui détruit l'âme précisément, dans un grand
suicide collectif, comme le désire le Père du mensonge, homicide dés le principe. C’est
ce qui nous est proposé dans la folie grandiose – et tragique - du mondialisme, hubris
des hubris qu’eussent condamné sans hésitation les Grecs anciens.
Le problème des évêques est simple : officiellement ils ne professent plus la Foi. Cela
n’a rien d'une folle exagération. Il suffit de lire la toute récente proposition des Evêques
de France face à cette insurrection populaire des gilets jaunes. Nous n’avons pas à
juger ou à préjuger du for interne qui ne regarde que la conscience personnelle et le
jugement de Dieu, mais il suffit d'écouter les discours épiscopaux et jusqu’à certains
discours du pape : ce n'est pas la Foi qui y est proclamée, c'est le compromis avec le
monde. La Foi chrétienne, qui est assentiment de l'intelligence à la vérité révélée,
suppose une constante référence à cette vérité révélée, et non aux dogmes du
réchauffement climatique dont le caractère scientifique est strictement impossible à
établir et qui sont exploités pour renforcer l’esclavage généralisé, en affolant et en
culpabilisant, on en jouant sur les ressorts les meilleurs de braves gens qu’on a saturé
de mensonges médiatiques.
Comment les chrétiens peuvent-ils encore croire à la Résurrection quand l’Evêque
émérite d’Amiens exprime publiquement ses doutes sur ce dogme ? Il faut espérer qu’il
croit au moins en le pardon des péchés car il ne lui resterait plus alors qu’à faire
comme Judas.
Certains de nos Evêques ne croient plus vraiment à la divinité de Jésus, à son
enseignement, à ses miracles… Ils ont fabriqué en lieu et place une religion à l'eau de
rose où il s'agit d'être bien consentant à la puissance du monde.
Aujourd’hui qu’une partie de la population se révolte contre ces Puissances du monde,
(dans une requête collective de justice qui s’exprime à travers des requêtes sociales
d’une grande diversité) ils frémissent et appellent au calme. Ils n’appellent pas à
revenir à Jésus, ils n’appellent pas les laïcs formés à s’engager pour un vaste projet
d’enseignement, ils appellent à débattre pour réfléchir sur une vision commune.
Messieurs les Evêques de France, il n’est sans doute plus temps pour cette civilisation que
nous voyons mourir et s’effondrer sous nos yeux. Mais nous pouvons et devons jeter les
semences de vie pour la nouvelle efflorescence de la seule vraie nouveauté:
l'Evangile. C’est notre dignité de baptisé, c’est notre honneur de chrétien, notre
accomplissement d’homme ou de femme, notre justification existentielle et c’est notre
gloire éternelle en Jésus Christ.
Et c’est aussi la vôtre. Il est temps encore…


Résister à la tendance hérétique / La relatio du card. Erdö efface d’un coup le péché et la loi naturelle

[Roberto de Mattei - Correspondance Européenne] Résister à la tendance hérétique / La relatio du card. Erdö efface d’un coup le péché et la loi naturelle

SOURCE - Correspondance Européenne - Roberto de Mattei - 29 octobre 2014


Correspondance Romaine - Sens du péché supprimé ; notions du bien et du mal abolies ; loi naturelle abrogée ; toute référence positive aux valeurs telles que la virginité et la chasteté archivée. Avec le discours présenté par le cardinal Péter Erdö le 13 octobre 2014 au Synode sur la famille, la révolution sexuelle s’introduit officiellement dans l’Eglise, avec des conséquences dévastatrices sur les âmes et la société.

 

La Relatio post disceptationem rédigée par le cardinal Erdö est le rapport de synthèse de la première semaine des travaux du Synode et aussi celui qui oriente ses conclusions. La première partie du document cherche à imposer, avec un langage dérivé du plus mauvais 1968, le «changement anthropologico-culturel» de la société comme un «défi» pour l’Eglise. A partir d’un tableau qui va de la polygamie et du «mariage par étapes» africains à la «pratique de la cohabitation” de la société occidentale, le rapport admet l’existence d’un «désir diffus de famille». Aucun élément d’évaluation morale n’est présent.

 

A la menace que représente l’individualisme et l’égoïsme individualiste, le texte oppose l’aspect positif du «relationnel», considéré comme un bien en soi, surtout quand il tend à se transformer en rapport stable (nn. 9-10). L’Eglise renonce à exprimer des jugements de valeur pour se limiter à «dire une parole d’espérance et de sens» (n. 11). Et on affirme donc un nouveau principe moral extraordinaire, la “ loi de la gradualité”, qui permet de recueillir des éléments positifs dans toutes les situations jusqu’alors définies par l’Eglise comme peccamineuses.

 

Le mal et le péché au sens propre n’existent plus. Il existe seulement des «formes imparfaites du bien» (n. 18), selon une doctrine des “degrés de communion” attribuée au concile Vatican II. «Un discernement spirituel étant donc nécessaire en ce qui concerne les cohabitations et les mariages civils ainsi que pour ce qui est des divorcés "remariés", il appartient à l’Église de reconnaître ces semina Verbi répandus hors des frontières visibles et sacramentelles» (n. 20).

 

Le problème des divorcés remariés sert de prétexte pour faire passer un principe qui démonte deux-mille ans de morale et de foi catholique. En suivant Gaudium et Spes, «l’Église se tourne avec respect vers ceux qui participent à sa vie de manière incomplète et imparfaite, appréciant plus les valeurs positives qu’ils conservent que leurs limites et leurs manquements» (ivi). Cela signifie que tombe toute espèce de condamnation morale, parce que tout péché constitue une forme imparfaite de bien, une façon incomplète de participer à la vie de l’Eglise.

 

«Dans ce sens, une nouvelle dimension de la pastorale familiale actuelle, consiste dans la prise en compte de la réalité des mariages civils et également, en faisant les différences nécessaires, des cohabitations» (n. 22). Et cette affirmation surtout : «En effet, lorsque l’union atteint une stabilité notable au travers d’un lien public, est marquée par une affection profonde, par la responsabilité vis-à-vis des enfants, par une capacité à résister dans les épreuves» (ivi). C’est ainsi qu’est renversée la doctrine de l’Eglise selon laquelle la stabilisation du péché au travers du mariage civil constitue un péché plus grave que l’union sexuelle occasionnelle et passagère, parce que cette dernière permet de revenir plus facilement dans la droite voie.

 

«Une nouvelle sensibilité de la pastorale d’aujourd’hui consiste à comprendre la réalité positive des mariages civils et, compte tenu des différences, des concubinages» (n. 36). La nouvelle pastorale impose donc le silence sur le mal, en renonçant à la conversion du pécheur et en acceptant le statu quo comme irréversible. C’est ce que le rapport appelle des «choix pastoraux courageux» (n. 40).

 

Le courage, à ce qu’il semble, ne consiste pas à s’opposer au mal, mais à s’y adapter. Les passages dédiés à l’accueil des personnes homosexuelles sont ceux qui ont paru les plus scandaleux, mais ils sont dans la cohérence logique des principes exposés jusqu’ici. Même le premier passant rencontré dans la rue comprend bien que s’il est possible au divorcé remarié de s’approcher des sacrements, tout est permis, à commencer par le pseudo mariage homosexuel.

 

Jamais, au grand jamais, souligne Marco Politi sur “Il Fatto” du 14 octobre, on n’avait lu jusqu’alors une phrase de ce genre dans un document officiel produit par la hiérarchie ecclésiastique: «Les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne». Suivie d’une demande adressée aux évêques du monde entier : «sommes-nous en mesure d’accueillir ces personnes en leur garantissant un espace de fraternité dans nos communautés ? » (n. 50).

 

Bien qu’elle ne mette pas sur le même plan d’égalité les unions entre personnes du même sexe et le mariage entre homme et femme, l’Eglise se propose d’«élaborer des chemins réalistes de croissance affective et de maturité humaine et évangélique en intégrant la dimension sexuelle» (n. 51). «Sans nier les problématiques morales liées aux unions homosexuelles, on prend acte qu’il existe des cas où le soutien réciproque jusqu’au sacrifice constitue une aide précieuse pour la vie des partenaires» (n. 52).

 

Il n’est émis aucune objection de principe aux adoptions d’enfants par des couples homosexuels : on se limite à dire que «l’Église prête une attention spéciales aux enfants qui vivent avec des couples du même sexe, en insistant que les exigences et les droits des petits doivent toujours être au premier rang» (ivi). Dans la conférence de presse de présentation, Mgr Bruno Forte en est arrivé à souhaiter «une codification des droits qui puissent être garantis aux personnes unies de même sexe».

 

Les paroles foudroyantes de saint Paul selon lequel : “ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, ne mériteront le royaume de Dieu» (1 Cor 6, 9) perdent leur sens pour ceux qui jonglent avec la nouvelle morale pansexuelle. Pour eux, il faut recueillir la réalité positive de ce que fut le péché qui crie vengeance devant Dieu (Catéchisme de saint Pie X). A la “morale de l’interdit”, il faut substituer celle du dialogue et de la miséricorde et le slogan de 68, “interdit d’interdire” est remis à jour par la formule pastorale selon laquelle «on ne peut rien condamner». Ce ne sont pas seulement deux commandements qui tombent, le sixième et le neuvième qui interdisent pensées et actes impurs en dehors du mariage, mais c’est aussi l’idée même d’un ordre naturel et divin objectif résumé dans le Décalogue.

 

Il n’existe pas d’actes intrinsèquement illicites, ni vérités et valeurs morales pour lesquelles on doit être disposés à donner même sa vie (n. 51 e n. 94), comme le définit l’encyclique Veritatis Splendor. Sur le banc des accusés il n’y a pas seulement Veritatis Splendor et les récentes déclarations de la Congrégation pour la doctrine de la Foi en matière de morale sexuelle, mais le Concile de Trente lui-même qui donne une formule dogmatique des sept sacrements, à commencer par l’Eucharistie et le Mariage.

 

Tout commence en octobre 2013, quand le pape François, après avoir annoncé deux synodes sur la famille, le synode ordinaire et le synode extraordinaire, édite un Questionnaire qui s’adresse aux évêques du monde entier. L’usage fallacieux de sondages et de questionnaires est bien connu. L’opinion publique croit qu’un choix qui a été fait par une majorité est nécessairement le bon. Et les sondages attribuent à la majorité des opinions déjà prédéterminées par des manipulateurs. Le questionnaire voulu par le pape François a abordé les thèmes les plus brûlants, de la contraception à la communion des divorcés, des unions de fait aux mariages homosexuels, plus dans un but d’orientation que d’information. La première réponse publiée fut celle de la Conférence Episcopale allemande, le 3 février (“Il Regno Documenti”, 5 (2014), pp. 162-172) rendue publique clairement pour conditionner la préparation du Synode et surtout pour offrir au cardinal Kasper la base sociologique dont il avait besoin pour son rapport au Consistoire que le pape François lui avait confié. Ce qui émergeait était en effet le refus, de la part des catholiques allemands «des affirmations de l’Eglise sur les rapports sexuels avant le mariage, l’homosexualité, les divorcés remariés et le contrôle des naissances» (p. 163). «Les réponses venues des diocèses laissent entrevoir à quel point est grande la distance entre les baptisés et la doctrine officielle surtout en ce qui concerne la vie commune avant le mariage, le contrôle des naissances et l’homosexualité» (p. 172). Cette distance n’était pas présentée comme un éloignement des catholiques du Magistère de l’Eglise, mais comme une incapacité de l’Eglise à comprendre et à soutenir son époque. Le cardinal Kasper, dans son rapport au Consistoire du 20 février parlera à propos de cette distance d’un “abîme” que l’Eglise aurait dû combler en s’adaptant à la praxis de l’immoralité.

 

Selon l’un des proches de Kasper, le prêtre gênois Giovanni Cereti, connu pour son étude tendancieuse sur le divorce dans l’Eglise primitive, le questionnaire a été divulgué par le pape François pour éviter que le débat ne se déroule «dans des salles secrètes» (“Il Regno-Attualità”, 6 (3014), p. 158). Mais s’il est vrai que le Pape a voulu que la discussion se déroule de manière transparente, on ne comprend pas sa décision de tenir le Consistoire extraordinaire de février puis le Synode d’octobre à huit clos. Le seul texte dont on ait eu connaissance, grâce au “Foglio”, fut ce rapport du cardinal Kasper. Puis, sur leurs travaux, le silence est retombé.

 

Dans son Journal du Concile, le 10 novembre 1962, le père Chenu cite cette phrase de don Giuseppe Dossetti, l’un des principaux meneurs du front progressiste : «La bataille efficace se joue sur la procédure. C’est toujours par cette voie que je l’ai emporté». Dans les assemblées le processus décisionnel n’appartient pas à la majorité, mais à la minorité qui tient sous son contrôle la procédure. La démocratie n’existe pas dans la société politique et encore moins dans la société religieuse. La démocratie dans l’Eglise, a observé le philosophe Marcel de Corte, est un césarisme ecclésiastique, le pire de tous les régimes. Dans le processus du synode en cours, l’existence de ce césarisme ecclésiastique est démontré par le climat de lourde censure qui l’a accompagné jusqu’à présent.

 

Les vaticanistes les plus attentifs tels que Sandro Magister et Marco Tosatti ont souligné qu’à la différence des Synodes précédents on a refusé aux pères synodaux leurs interventions. Magister, rappelant la distinction faite par Benoît XVI entre le Concile Vatican II “réel” et le concile “virtuel” qui s’y superposa, a parlé d’un «dédoublement du synode en un synode réel et un synode virtuel, ce dernier étant construit par les médias qui mettent systématiquement l’accent sur les éléments qui correspondront le mieux à l’esprit du temps». Aujourd’hui cependant ce sont les textes mêmes du Synode qui s’imposent avec leur force révolutionnaire, sans possibilité de déformation par les médias qui se sont montrés littéralement stupéfaits de la puissance explosive de la Relatio du cardinal Erdö.

 

Naturellement ce document n’a aucune valeur magistérielle. Il est même permis de douter qu’il reflète la pensée réelle des Pères synodaux. La Relatio préfigure cependant la Relatio Synodi, le document de conclusion des assises des évêques.

 

Le vrai problème qui va se poser maintenant est celui de la résistance, annoncée par le livre Demeurer dans la Vérité du Christ des cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra, De Paolis et Müller (Cantagalli 2014). Le cardinal Burke, dans l’interview qu’il a accordée à Alessandro Gnocchi sur le “Foglio” du 14 octobre, a affirmé que d’éventuels changements apportés par le Pape à la doctrine ou à la praxis de l’Eglise seraient inacceptables, «parce que le Pontife est le Vicaire du Christ sur la terre et en cela le premier serviteur de la vérité de la foi. Connaissant l’enseignement du Christ, je ne vois pas comment on peut dévier de cet enseignement par une déclaration doctrinale ou une praxis pastorale qui ignorent la vérité».

 

Les évêques et les cardinaux, plus encore que les simples fidèles, se trouvent face à un terrible drame de conscience, bien plus grave que celui que durent affronter les martyrs anglais au XVIème siècle. En effet il s’agissait alors de désobéir à la plus haute autorité civile, le roi Henri VIII qui, par son divorce, créa un schisme avec l’Eglise romaine, tandis qu’aujourd’hui la résistance est à mener contre la plus haute autorité religieuse dans la mesure où elle dévierait de l’enseignement pérenne de l’Eglise. Et ceux qui sont appelés à résister ne sont pas des catholiques désobéissants et dissidents, mais justement ceux qui vénèrent le plus profondément l’institution de la Papauté. Celui qui résistait alors était laissé au bras séculier qui le destinait à la décapitation ou à l’écartèlement. Le bras séculier contemporain applique le lynchage moral, à travers la pression psychologique exercée par les mass-media sur l’opinion publique.

 

L’issue en est souvent l’effondrement psychique et physique des victimes, la crise d’identité, la perte de la vocation et de la foi, à moins qu’on ne soit capable de pratiquer, avec l’aide de la grâce, la vertu héroïque de force. Résister signifie, en dernière analyse, réaffirmer la cohérence intégrale de sa propre vie avec la Vérité immuable de Jésus-Christ, renversant ainsi la thèse de qui voudrait dissoudre l’éternité du Vrai dans la précarité du vécu. (Roberto de Mattei)

 

 


Le Christ Roi des Nations est-il un roi "politique" ?

 

Etrange question… si le Christ est « roi des nations » n’est-il pas roi universel, roi divin bien au-dessus de toute royauté terrestre ? Mais dire « roi », qui plus est des « nations », n’est-ce pas  dire « social », « politique », « terrestre » ?!

La difficulté, la complication, voire l’aspect contradictoire de cette question qui m’est venue à l’esprit alors que je me proposais une intervention sur le thème du Christ Roi à la veille de la fête du même nom, fête instituée par le Pape Pie XI le 11 décembre 1925, m’a interrogé sur sa pertinence et l’opportunité d’aborder un tel sujet.

Je l’ai pourtant maintenue car, à la réflexion, la question reflète le sentiment d’indétermination et d’ambiguïté théorique et pratiques des catholiques, même les plus traditionnalistes, lorsqu’ils sont confrontés à la politique et au César laïc, malaise qui remonte  au moins au choix du « ralliement », c’est-à-dire à la demande faite par Léon XIII aux catholiques Français de ne point prêter à la critique d’insoumission aux autorités en place de la IIIe République.

Ce n’est pourtant pas l’unité qui a prévalue, puisque depuis lors, la ligne de séparation doctrinale qui existait entre les traditionnalistes et les progressistes s’est nettement accusée. Désormais, alors qu’une majorité du clergé et des catholiques reconnaît la laïcité et ne semble admettre qu’un  pouvoir indirect de Dieu sur les Etats, le restant des catholiques traditionnalistes, qui se déclarent les vrais défenseurs de la doctrine du Christ-Roi, affirment de leur côté la royauté sociale et politique de Jésus-Christ et la réclament sous la forme d’un Etat  chrétien.

Je propose de passer en revue les arguments qui me paraissent les plus forts en faveur de la thèse actuelle laquelle estime pouvoir concilier christianisme et laïcité, pour lui opposer ensuite le point de vue de ceux qui, comme le cardinal Pie, soutiennent la royauté sociale, c’est-à-dire politique, de Jésus-Christ sur les peuples et les Etats.

L’enjeu est de taille car le sens que nous accordons à la Royauté du Christ décide de la conception que nous nous faisons des rapports entre Dieu et l’Etat et de la nature de l’engagement politique chrétien, en particulier face à l’Etat neutre ou anti-chrétien tel que nous le connaissons aujourd’hui.

I.- Un Roi "spirituel"

 

Le Christ, « roi politique » ? Rien dans la vie terrestre du Christ ne semble autoriser un tel rapprochement de termes. Jésus n’a pas formé de « parti », ni entrepris la conquête du pouvoir. Il n’a eu ni trône, ni sceptre, alors qu’il aurait sans doute pu les revendiquer par sa naissance. Il a même déclaré : « à quoi sert à l’homme de conquérir le monde si c’est pour perdre son âme » (Marc, 8, 6).

Or, le Christ est le modèle du chrétien et par conséquent vouloir faire du Christ Roi un roi social ou politique c’est, ou bien un pléonasme, parce qu’un roi est toujours roi d’une société, ou un non- sens comme paraît le montrer l’Ecriture :  premièrement Jésus-Christ et ses apôtres déclarent que le « royaume n’est pas de ce monde » ; ensuite le Christ enseigne qu’il faut « rendre à César ce qui est à César », préfiguration de la séparation des pouvoirs, voire invention de la laïcité ; enfin, nous avons l’obligation d’aimer l’ennemi (« aime tes ennemis ») et il nous est demander, comme à Pierre à Gethsémani, de rengainer notre glaive.

Reprenons ces trois arguments  qui visent à justifier la thèse d’un Christ Roi d’abord spirituel en les resituant dans le texte évangélique.

 

Mon royaume n’est pas de ce monde

 

Au début de son ministère, alors qu’il prépare par le jeûne et la prière l’évangélisation d’Israël, le Christ est soumis à la tentation satanique du pouvoir et de la  gloire : « Je te donnerai, toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. Jésus lui répondit : Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » (Luc, 4, 6-8). Le Christ renonce donc à la royauté terrestre pour n’adorer que Dieu seul.

Ce n’est pas seulement au début de sa prédication que le Christ refuse la royauté. Lors de la multiplication des pains, les foules rassasiées, voyant les prodiges qu’il accomplit, eurent l’idée de le placer à leur tête le reconnaissant comme le Roi-messie prédit et attendu. L’Evangéliste rapporte que « Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne » (Jean 6, 13).

De plus, il décline les propositions qui lui sont faites d’employer les attributs de la souveraineté qui sont le pouvoir de donner des lois, de les faire exécuter et de juger.

 De fait, il ne fait pas œuvre de législateur, puisqu’il vient confirmer ou parachever et non abroger la loi de Moïse. En tout cas il n’a pas donné un code autre que le Décalogue et les deux commandements qu’il a placé au sommet de la loi : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, déjà inscrits dans l’Ancien Testament.

Sans doute, avait-il la capacité de juger en tant que fils de Dieu, mais il ne s’est pas donné pour juge et il a refusé de trancher les différends en lieu et place de la justice de son pays, institution dont il a respecté les prérogatives. A cet homme qui vient le trouver dans l’espoir qu’il dénoue la dispute qui l’oppose à son frère sur leur héritage, Jésus-Christ répond : « homme, qui m’a établi pour être votre juge ou régler vos partages ? » (Luc 12, 13).

En troisième lieu, il est bien sûr qu’il n’a pas  fait exécuter ses commandements divins par la force, comme le ferait un chef politique ou un chef d’armée, puisque à l’heure de la Passion il se laisse prendre et conduire à la mort.

Ce renoncement à la puissance terrestre et à ses privilèges pour une royauté spirituelle parfaite semble enfin trouver sa confirmation scripturaire dans la déclaration que Jésus adresse à Pilate avant son jugement : « mon Royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. » (Jean 18, 36).

Tout ce qui précède paraît en outre conforté par une parole célèbre, aussi fameuse que disputée.

 

Rendez à César ce qui est à César…

 

« Maître, faut-il ou non payer l’impôt à César ? »

La question que posent les pharisiens à Jésus est un piège. S’il répond qu’il faut payer l’impôt, on se servira de sa réponse pour dire sa soumission à César, preuve qu’il ne peut prétendre être le Roi-messie libérateur attendu d’Israël. S’il dit qu’on ne doit pas payer l’impôt à l’occupant, on peut témoigner contre lui devant César, dire qu’il est rebelle à l’ordre romain ; à moins qu’il ne fasse "ses preuves" de roi-messie en devenant enfin le roi charnel qu’ils espèrent, le roi qui boutera les romains hors du Pays...

Le messie est dans leur esprit un roi de la terre, le plus grand, un roi qui doit chasser l’ennemi, triompher, distribuer les prérogatives et les honneurs ; un chef qui les justifierait dans l’idée de leur propre grandeur et toutes les satisfactions humaines qu’ils s’autorisent.

La réponse nous la connaissons, c’est une autre question qui renvoie les hypocrites à leur ruse : « de qui ce denier porte-t-il l’effigie et l’inscription ? De César.  Alors, il leur dit : rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». (Luc, 20, 24-25).

C’est un autre genre de preuve que va donner le Roi des rois de sa messianité : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Matthieu 20, 28).

Si donc le Christ est tout sauf un roi charnel, il suit de là que le partage du chrétien est l’esprit de sacrifice, le don de soi au service des hommes et de la communauté : « Le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. » (…) « Moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » (Luc 22, 26).

Le modèle christique de la royauté est ainsi un exemple de renoncement à soi, ainsi qu’un exemple d’institution et de respect des deux ordres spirituel et civil de la vie commune.

Quant à la royauté absolue du Christ c’est une royauté de l’amour qui ne se réalisera pleinement qu’à la fin des temps.

La vouloir incarnée dès à présent dans la figure d’un chef ou d’un roi de droit divin, comme par le passé, c’est vouloir réunir les pouvoirs spirituels et temporel sous une même tiare, ou sous une même couronne, opter pour un pape-roi ou un roi-pape (comme le voulait un Mahomet, ou peut-être un J. de Maistre en faveur du Pape catholique) ; c’est aussi risquer d’opprimer une partie du peuple et créer les conditions d’une religion artificielle comme cela est arrivé au cours de l’histoire religieuse.

N’est-ce pas justement pour ne pas fondre ces deux ordres de réalité en un seul qu’a été prononcée cette parole : « rendez à César, ce qui est à César… »

Prendre pour exemple le Christ Roi qui nous demande de respecter la distinction de la politique et de la religion, ce serait imiter Dieu qui ne force ni notre conscience, ni notre liberté.

En effet, si le Christ était modèle en tant que Roi total, pourquoi tous les pouvoirs ne reposeraient-ils sur le même chef ?

Or, l’histoire est le temps de la communication entre l’ordre de la nature séparée et celui de la grâce, le temps de  la libéralité divine. Dieu ne fait pas violence aux hommes, il espère leur consentement, il est libéral, il les attend.

On rapporte qu’au moment de la naissance du Christ, sous l’empereur Auguste, celui-ci fit promulguer un édit interdisant qu’on l’appelle Dieu : n’était-ce pas un signe divin pour dire que le temps de l’homme (et le chef) qui se fait dieu est révolu ?

S’il faut « chercher d’abord le royaume des cieux », comme nous le demande Jésus, et comme il ressort des passages précédents, la politique peut-elle encore être l’affaire du chrétien ?

 

Tout pouvoir m’a été donné

 

Qu’en est-il de l’action sociale et politique  au temporel d’après l’argumentation que nous venons de conduire ?

Sur ce sujet, les défenseurs d’un christianisme conciliable avec le principe de laïcité tendent à défendre l’idée selon laquelle, dans le domaine de l’action sociale, c’est encore le spirituel et la liberté d’action qui doivent l’emporter, ce qui n’exclut pas l’engagement politique pourvu qu’il soit respectueux des deux ordres, loyal dans les limites de la foi et morale dans les formes de la lutte.

En effet, le chrétien, même engagé en politique, peut-il avoir un autre modèle que celui de Jésus-Christ et des disciples, eux qui tous ont donné leur vie, non pas comme chef ou militants de parti, mais comme hosties offertes, martyrs pour le salut des hommes.

Certes, le Christ après le Résurrection, venant trouver les disciples sur les bords du lac, leur a déclaré sa toute-puissance en disant que tout pouvoir lui a été donné « au ciel et sur la terre », ce qu’il commande toutefois ce n’est pas la conquête au fil de l’épée c’est l’Evangélisation : « allez et de toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et Saint Esprit ».

Vouloir faire du Christ un modèle de conquérant à la manière d’un Constantin ou d’un Charlemagne, vouloir en faire un chef de croisade, serait manifestement contraire aux paroles et à la vie du Christ et des premiers chrétiens.  Cette assimilation entre le chef spirituel et le chef politique proviendrait du contexte historique dans lequel la royauté s’est imposée aux peuples (par exemple l’Ancien Testament rapporte que ce n’est pas Dieu qui donne la royauté à Israël, mais c’est le peuple qui demande à Dieu un roi par imitation des autres peuples).

Dans ces conditions il ne serait pas juste d’appeler les chrétiens à lutter pour édifier un Etat chrétien. La théologie politique et la morale s’y  opposeraient. Néanmoins, l’action sociale et politique est légitime dans l’esprit du Christ « Roi spirituel », c’est-à-dire dans le respect des institutions qui favorisent la paix et suivant les principes pacifiques de la morale chrétienne.

Les paroles du Christ au disciple, au mont des oliviers, lorsque celui-ci veut empêcher l’arrestation du maître ne confirment-elles pas la primauté de la lutte spirituelle et le souci de la non-violence : « Et voilà qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, mettant la main à son glaive, le tira et, frappant le serviteur du grand prêtre, lui emporta l’oreille. Alors Jésus lui dit : « Remets ton glaive à sa place ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Ou penses-tu que je ne puisse pas recourir à mon Père, qui me fournirait sur l’heure plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Ecritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi ? » (Matthieu 26, 52).

La royauté spirituelle issue du sacrifice christique, la séparation des deux ordres et l’esprit des béatitudes, semble conforter l’idée apparue, dans les temps modernes selon laquelle le christianisme aurait inventé, par anticipation, la notion de laïcité.

 Ainsi, lors des discussions sur la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, Aristide Briand, ministre des cultes qui en fut aussi son rapporteur, se référa plusieurs fois à la maxime « rendez à César… », telle qu’on peut la lire en Saint Matthieu.

Quoi qu’il en soit de cette invention, la grande majorité des prêtres catholiques et des chrétiens d’aujourd’hui ont fait leur cette conciliation avec le principe de laïcité, figurant à l’article premier de la Constitution Française. Ils admettent par conséquent de facto ce mode de partage du pouvoir spirituel et du temporel comme n’étant pas contraire à la doctrine traditionnelle enseignée par l’Eglise.

Que dire de plus contre la représentation d’un Jésus Roi "politique", c’est-à-dire chef et commandant d’apôtres ou de disciples prêts à la conquête du pouvoir ?

 

II La royauté sociale de Jésus-Christ

 

La thèse que nous venons de présenter peut être qualifiée de « conciliaire », au double sens de "conciliatrice" avec le principe de laïcité et d’héritière du Concile Vatican II durant lequel cette approche s’est imposée, plutôt tacitement qu’explicitement d’ailleurs, en raison du contexte idéologique de l’époque.

Ce que nous devons en dire tout de suite c’est qu’elle n’énonce pas des propositions erronées, car la primauté du spirituel sur le matériel, de l’âme sur le corps, est bien une vérité évangélique.

Hélas pour les défenseurs de cette thèse, la doctrine du Christ Roi telle qu’elle a été enseignée par l’Eglise catholique pendant des siècles n’est pas celle-là !

Les vérités enseignées par l’Eglise serait-elle évolutives ?

Non, c’est cette conception qui est nouvelle dans la théologie et la doctrine sociale, nouvelle et incomplète car elle tend à occulter trois vérités essentielles que l’on ne peut passer sous silence.  On peut dire la vérité sans dire tout de la Vérité (« je suis la vérité », Jean 14, 6).

Tout d’abord le Christ est bien roi non seulement parce qu’il est Dieu, mais aussi « en tant qu’homme », suivant l’expression utilisée par Pie XI dans l’Encyclique Quas Primas.

Puis, il faut souligner la différence irréconciliable entre la séparation laïque des pouvoirs et la distinction chrétienne des pouvoirs.

Enfin, affirmer la supériorité ou la primauté du combat spirituel et la distinction des pouvoirs n’implique pas pour le catholique une soumission inconditionnelle à l’ordre temporel quel qu’il soit. L’engagement politique, devient même impérieux  lorsque le règne de la charité est menacé.

 

Voyons comment par opposition aux trois premiers arguments ces vérités révèlent un Christ roi réellement « politique » et pas seulement spirituel, un roi qui ne saurait admettre une séparation des pouvoirs qui l’écarte de la cité, un roi qui appelle à l’action pour la restauration de son Règne social au présent.

 

 

Le Roi des nations

 

Quand Jésus dit à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde », affirme-t-il qu’il n’a aucune royauté en ce monde ? Aucunement. Si nous relisons les propos que Jésus échange avec Pilate au moment où il déclare que son royaume n’est pas de ce monde[1], nous constatons qu’il affirme sa royauté ici et maintenant : « Pilate lui dit : « Donc tu es roi ? » Jésus répondit : « Tu le dis : je suis roi. » Je suis né, et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean, 18, 33-38).

Quoique qu’obscurément et mystérieusement, Pilate fait ratifier cette révélation par l’inscription « Jésus, roi des juifs » dans les trois langues universelles du temps (hébreu, grec, latin,  lesquelles symbolisent la triple royauté de sagesse, de science et de puissance de Jésus-Christ).

Que le Christ ait renoncé au pouvoir temporel pour « donner sa vie en rançon pour le plus grand nombre » ne lui ôte ni sa royauté divine, ni sa royauté humaine. Bien au contraire, c’est par ce renoncement qu’il va conquérir pleinement ou reconquérir, ce qu’il possède déjà pour le jugement : l’humanité et, avec elle, la création déchue.

Roi parce qu’il est Dieu, le Christ le démontre par ses paroles, car il se déclare lui-même être Dieu, et par ses actes qui montrent le pouvoir qu’il détient sur sa création.

Le Christ est le Verbe incarné, deuxième personne de la trinité et il est roi en vertu de son union consubstantielle[2] à Dieu (union hypostatique) qui lui donne puissance et souveraineté.

S’il ne jouit pas volontairement des prérogatives habituelles d’un roi terrestre, il ne dispose pas moins de pouvoirs supérieurs aux princes, comme législateur, juge ou chef  (voir Quas Primas) : il enseigne avec une autorité incomparable ; il commande aux éléments naturels (il fait cesser la tempête) et opère des miracles ; il chasse les esprits mauvais ; il remet les péchés et il se dit le maître du Sabbat.

Se dire maître du Sabbat est un outrage à Dieu pour les juifs car cela revient à s’égaler à Dieu. Ils n’ont pas compris le sens de la royauté du messie, de l’Oint de Dieu, annoncé comme roi d’Israël, tout au long de l’Ancien Testament (voir extraits en annexe), mais ils attestent à leur insu que le Christ s’est révélé être le Messie.

Le Christ est le Verbe, mais il est aussi un homme avec une âme humaine que saint Thomas d’Aquin dit « royale ». Il est Jésus, âme prédestinée à naître de la lignée d’Abraham et du Roi David avec les perfections du sang et de l’esprit pour être véritablement le roi d’Israël, le roi de l’Alliance nouvelle et éternelle. 

   En tant qu’homme, il est le nouvel Adam prédestiné à jeter dehors le Prince de ce monde et à racheter l’humanité. Et c’est librement qu’il reçoit en lieu et place de la couronne de pierres précieuses la couronne douloureuse d’épines avant d’offrir le sacrifice suprême, royal, le sacrifice de lui-même en réparation et satisfaction des fautes : « Voici maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jean 2, 27).

Ainsi a-t-il triomphé au-dessus de toute œuvre humaine et reçu le titre de « Prince des rois de la terre » (Apocalypse, I, 5).

Cette royauté universelle que le Christ possède par son essence divine, il la possède donc aussi par naissance humaine et par les mérites de sa souffrance et de sa mort. C’est pourquoi l’apôtre Paul présente cette royauté comme le fruit d’une conquête : « il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la croix, voilà pourquoi Dieu l'a exalté et Lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus, tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers. » 

Cependant, le Christ est roi sur la terre comme au ciel, avant comme après la mort sur la croix.

Sans le péché d’origine le Verbe devait s’incarner et être roi du monde au sein de sa Création et parmi les hommes, d’après la théologie et la révélation mystique.

Après le péché, et sans le choix du salut, le Verbe incarné aurait pu dominer et juger pour satisfaire à la justice, car c’est gratuitement et par dilection que Dieu a voulu opéré la rédemption, afin d’être roi d’un monde et d’une humanité sauvés.

Dans l’infinité de sa miséricorde et de sa puissance, Dieu a voulu offrir le sacrifice parfait, l’oblation du Roi lui-même, pour redonner droit à tout homme d’entrer en son royaume.

Mais notons-le bien, ce royaume n’est pas seulement futur, c’est un royaume présent qui croît en ce monde « (« le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé » Mat. 13, 31).

Et le Christ, premier des ressuscités est, après Adam, le nouveau roi d’une création transfigurée par la parousie et la résurrection : « Tout pouvoir m’a été donné, au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu, 28, 16-20)».

Aujourd’hui comme hier, le roi Jésus, Christ ressuscité, est dans son être de chair et d’esprit roi du monde, il est notre roi vivant et présent.

 

Les deux glaives

 

La thèse « conciliaire » rappelée dans notre première partie semblait dire que le Christ est Roi en tant que Dieu, non en tant qu’homme. Nous y avons répondu en rappelant que l’ancien testament annonce la royauté de Jésus-Christ en tant que roi d’Israël, libérateur du peuple de l’Exil. Nous y avons également répondu en montrant que le Christ, qui possède toutes les prérogatives de la royauté absolue sur la terre en reçoit la pleine possession non seulement au nom de sa divinité mais aussi par le sang de sa naissance et le sang répandu de sa conquête en tant qu’homme-Dieu, roi de charité crucifié et ressuscité.

A ce point de notre discussion, beaucoup de catholiques d’aujourd’hui admettraient l’idée d’un Christ souverain. Néanmoins ils pourraient faire valoir, avec J. Maritain (L’homme et l’Etat) par exemple, que la souveraineté au sens propre, étymologique du terme (superamus, au-dessus de tout), n’appartient qu’à Dieu et ne convient pas à la politique humaine.

Vouloir donner la souveraineté royale à un homme serait lui donner un pouvoir dont Dieu seul pourrait disposer. Or, aucun homme n’est Dieu.

Pourquoi mêler la politique et la religion en voulant allier les deux glaives, alors que le Christ lui-même a renoncé au pouvoir en ce monde ? N’est-ce pas, précisément, pour éviter cette totalisation que Jésus-Christ a demandé de rendre à César ce qui est à César et Dieu ce qui est à Dieu ?

Ce risque de fusion des pouvoirs existe sans nul doute et il est vrai également qu’au sens strict, Dieu seul est absolument souverain.

Pourtant, en vertu de quoi la distinction des pouvoirs est-elle devenue, dans la pensée moderne, la séparation stricte des pouvoirs ? C’est là une thèse qui n’a jamais été acceptée dans la doctrine catholique pour la simple raison qu’en toute rigueur elle la considère non viable et même hérétique comme nous le verrons plus loin.

L’union des deux natures divine et humaine en Christ suppose une différence et une distinction, sans aucune séparation. De même, l’union des deux natures matérielle et spirituelle en l’homme suppose la distinction sans séparation de l’âme et du corps. Séparer la religion de la politique, c’est séparer l’homme de Dieu, séparer l’âme du corps, et les soumettre à tous les périls.

La politique plus que tout autre domaine a horreur du vide. Dès lors que la vraie religion est écartée, aussitôt une place est faite pour une autre religion, quel que soit son nom (déisme, humanisme, socialisme etc.).  On ne peut ici arguer de la nouveauté de la troisième voie neutre laïque car la laïcité elle-même a été originellement conçue pour abaisser, diviser et détruire le catholicisme. L’histoire politique le montre autant que la raison naturelle penchée sur la nature de l’homme et de la société.

Autant il est impossible que le corps vive sans l’âme autant il est impossible à une société de conduire ses citoyens au salut éternel, et même à un bien commun durable, en dehors du Christ, précisément parce que tout a été fait par lui et pour lui.

La doctrine de la séparation laïque des pouvoirs ne peut pas être la doctrine catholique car elle s’oppose radicalement à la conception organique et christique qui forme la substance de cette doctrine (« vous êtes les corps du Christ… . » Corinthiens 12,  14-26 ; « il est la tête du corps de l’Eglise », Colossiens 1, 18).

Tout ceci n’implique pas que l’Eglise doive chercher à absorber l’Etat. En effet, il est juste que les fonctions de l’autorité spirituelle et celle de l’autorité temporelle ne repose pas sur le même chef. Il est même bon qu’il y ait une relative indépendance au sein même de la subordination des pouvoirs temporels au pouvoir spirituel.

Il est juste que chaque autorité gouverne dans son ordre et cela pour au moins trois raison : premièrement parce qu’il convient de ne pas confondre le sacré et le profane ; en second lieu, parce qu’il arrive que le pouvoir spirituel ou temporel abusent de leur autorité et outrepassent leur domaine ; enfin parce il y a une juste libéralité à l’égard des infidèles et des païens de la part de l’Etat dans les limites du bien commun, afin que l’homme de bonne volonté puisse se sanctifier librement sans y être contraint par la force ou simplement par la loi positive.

Pour autant, il n’est ni juste ni bon que le pouvoir civil ait deux têtes car le corps politique comme tout corps vivant exige une seule tête. « C’est le propre de tout monstre d’avoir plusieurs têtes » dit saint Albert le grand et le dragon ennemi du Christ du livre de l’apocalypse est un monstre à plusieurs têtes. C’est du mot tête que vient le mot chef. D’autre part, sans recteur, sans Rex, le peuple périt selon une autre parole de l’écriture (Proverbes).

 

 Soldat de Dieu

 

S’il y a des chrétiens progressistes qui rejettent les deux propositions que nous venons de rappeler à savoir que Jésus est roi en tant qu’homme et que le pouvoir spirituel et temporel ne sont pas séparés, en vertu de l’ordre naturel voulu par Dieu, nous pouvons les inviter à méditer plus profondément l’Ecriture sainte, les écrits des saints docteurs, Papes, Pères fondateurs et théologiens. Il faut de plus leur dire que des chrétiens qui reçoivent le principe de laïcité, y compris certaines valeurs issues de la révolution Française, ne les rejettent pas nécessairement, bien que cette option ambigüe jette le trouble dans les esprits.

Telle est par exemple la position d’un Jacques Maritain philosophe thomiste que le clergé catholique actuel prend souvent pour maître à penser afin d’étayer la nouvelle doctrine sociale.

Dans les vues de cet auteur, - cf. sa lecture de Quas Primas, voir annexe - la royauté du Christ homme et Dieu, la non séparation et la subordination du temporel au spirituel ne fait point de discussion. En revanche, il soutient que la royauté du Christ n’a jamais interdit la pluralité des régimes politiques et par suite que cette royauté ne justifie pas en soi un retour aux anciennes formes de gouvernement. C’était également parce que la doctrine chrétienne regarde davantage au principe qu’à la forme de gouvernement que Léon XIII avait opté pour un ralliement discret, estimant qu’il n’était pas utile aux les catholiques Français d’être désigné comme des séditieux et des fauteurs de troubles.  

Mais, s’il en est ainsi, nous n’avons pas encore complétement réfuter la thèse « conciliaire » car les défenseurs chrétiens du principe de laïcité se rendent parfois aux arguments précédents et déplacent, donc, le débat sur le terrain de la légitime diversité des formes de gouvernement et sur l’illégitimité de l’action politique violente, derniers refuges de la thèse semble-t-il.

En ce qui concerne l’indifférence aux formes du gouvernement, il faut rappeler que pour le catholique celle-ci reste limitée par deux principes fondamentaux : 

1° la société humaine a Dieu, autrement dit le Christ, pour origine et fondement ;

2° la loi naturelle est la condition vitale de la société humaine.

Si une certaine pluralité des régimes est admise, le catholique ne peut admettre un régime politique qui rejette constitutionnellement ces deux principes, cela sous peine de renier sa foi.

Aussi, c’est à l’aune de ces deux vérités tenues ensemble qu’il jugera en substance de la valeur d’un régime plus qu’au mode d’exercice ou de dévolution ou transmission (dite aussi collation), des pouvoirs qui les distingue (monarchie, république représentative ou démocratie).

Ces considérations sur l’origine du pouvoir et sur la loi naturelle permettent aussi de lever deux apories.

Les urnes et le dicton vox populi vox dei peuvent dans certains cas se justifier car « tout pouvoir vient de Dieu » (St Paul), soit pour édifier, soit pour châtier (« le buisson d’épines » choisi pour roi au livre des Juges 9, 9). En revanche le principe démocratique et le dicton sont des hérésies si l’on entend par là que seul le peuple est à l’origine du pouvoir car seule son opinion serait in fine la mesure de la vérité, le principe.

Au-delà du principe affiché, la loi naturelle permet ensuite de faire le jour sur la nature d’un régime. Car il est des Etats qui se disent chrétiens et s’avèrent apostats, tandis qu’il y eût des barbares prêts à recevoir l’Evangile telle la France des origines (« si les païens qui n’ont pas la loi pratiquent la loi de Dieu, ils sont à eux-mêmes leur propre loi », Lettre aux romains 2, 14). 

La question à présent – 2ième objection sur les formes de la lutte – est : que fera le catholique si ces vérités sont niées et combattues dans l’institution ? Les opposants à l’Etat chrétien ou encore les « conciliaires » pourraient ici observer que c’est par le sang des martyrs, « semence de chrétiens », que Rome a été conquise et l’Empire christianisé ?

C’est exact. Demandons-nous pourtant : où sont les martyrs et qui a le courage de s’adresser au César laïc du moment pour dénoncer l’adultère d’Hérode à la manière de Jean-Baptiste ?

La sagesse ici invoquée ressemble à cette « prudence de la chair » dont parle l’apôtre Paul, car on ne peut nier que la république laïque s’est constituée pour mettre fin à la royauté catholique de droit divin et éloigner le peuple de l’Eglise.

« L'infidélité générale que vous invoquez comme une excuse, répondrait Mg Pie, est une circonstance qui aggrave plutôt qu'elle n’atténue votre faute »

Les tenants du principe conciliaire sont plutôt d’avis qu’il ne faut pas déranger la "paix" et que le dialogue prime tout, atermoiement et collaboration intolérables lorsqu’on connaît les manœuvres pour la destruction de la foi. Un des signes révélateurs de cette désertion, qui a fait de la France, fille aînée de l’Eglise, une terre de mission, est l’oubli de la fête du Christ Roi par les fidèles et par les clercs. Une autre signe est l’absence totale de mention du Christ Roi dans les nouveaux exposés de la doctrine sociale de l’Eglise (ex. Le récent Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise qui en cinq cent pages ne le mentionne pas une fois, performance s’il en est dans ce domaine). Ainsi, peut-on dire que jamais l’apostasie ne s’est présentée avec une pareille assurance en se faisant passer pour la vraie religion.

Les conditions faites aux chrétiens furent, depuis les prémices de la révolution Française, celles d’une guerre d’abord ouverte, puis secrète et larvée pour leur élimination par l’apostasie silencieuse. Dans ces conditions est-il d’autres choix que de chercher à préserver sa foi et à lutter pour le respect de la loi naturelle ?

Nous nous trouvons dans un contexte de légitime défense et d’obligation d’agir pour réformer, s’il était possible, ou renverser le César antichrétien ?

A ce sujet, deux grandes conditions sont posées par le  droit naturel pour entreprendre une guerre ou une révolution juste : que les droits de Dieu soient niés (ici la négation du fondement divin et de la loi naturelle) et qu’une telle entreprise aient des chances sérieuses d’aboutir et ne soit pas un remède pire que le mal.

La première condition est réalisée malgré les apparences de la fausse paix ; la deuxième est moins évidente, mais il serait difficile d’affirmer que le remède sera pire que le mal. En effet, la république et l’Eglise visible actuelle collabore pour étouffer la vérité évangélique menant le plus grand nombre à sa perte.

Tel est la nature de l’engagement actuel, il est politique au sens le plus haut et le plus noble de ce terme, car la vie politique embrasse l’universalité de nos besoins humains pour les orienter vers le bien commun temporel et spirituel.

Il ne faut pas craindre de dire ces vérités (« la grande et suprême habileté, c'est la vérité. », écrit Mg Pie), même si cela déclenche des troubles. Il  vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

 

Conclusion 

 

La thèse du Christ-roi spirituel déclare que le royaume de Dieu n’est pas de ce monde, et en effet il ne sera pleinement réalisé qu’à la fin des temps[3].

Elle rappelle que le Christ a distingué les ordres de pouvoir, ce que l’on ne peut nier.

Elle souligne la primauté du combat spirituel ce qui là encore ne peut être discuté, si on entend par là que l’enjeu est le salut de l’âme et l’impossibilité de bien agir sans une vie spirituelle authentique.

Il n’en reste pas moins qu’à s’en tenir à ces vérités la doctrine du Christ Roi n’est pas entière. En faisant du Christ un roi "spirituel" on laisse dans l’ombre le fait que le « fils de l’homme » est Roi.

En assimilant la séparation des pouvoirs et la distinction des pouvoirs, on "baptise" la laïcité et la révolution, alors qu’un abîme les sépare de la doctrine catholique : la première sépare la tête du corps (décollation réelle et symbolique), alors que la seconde unie l’âme et le corps (Eglise et Etat), la tête et les membres (le roi et son peuple).  

Enfin, en ordonnant au chrétien de se soumettre à un César indifférent à Dieu et à sa loi naturelle, on offense la vérité et l’on paralyse les meilleures volontés.

Le Christ étant Roi « en tant qu’homme » et en tant que Dieu, il est le Roi universel des nations. Il est aussi la tête et celle-ci dirige le corps. Vouloir le Christ comme chef du corps et dans le même temps un César soi-disant neutre c’est vouloir deux têtes qui ne pensent et ne veulent pas les mêmes fins, au grand dam de a Cité et des fidèles (« nul ne peut servir deux maîtres » ; « qui n’est pas avec moi est contre moi »).

Le Christ nous a demandé de baptiser non seulement les âmes, mais aussi les nations, c’est-à-dire les chefs dont la conversion est le gage du salut d’un grand nombre.

Le Christ nous demande de chercher le royaume et le Notre Père nous fait dire « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».



[1] Une autre traduction du texte grec ou latin de l’entrevue ente Pilate et Jésus présente un autre aspect de la royauté spirituelle. Le Christ aurait dit « mon royaume ne vient pas de ce monde », plutôt que « mon royaume n’est pas de ce monde », signifiant surtout que sa royauté n’est pas donnée par les hommes et à la façon des hommes.

[2] Le 11 décembre de l'Année sainte 1925 date de promulgation de l’Encyclique est aussi l’année où l’on fête le XVI centième anniversaire du Concile de Nicée. Le Pape lie la royauté du Christ au dogme de la consubstantialité du père et du fils qui la fonde. Cette même année Pie XI canonise Ste Thérèse de Lisieux et Marguerite Marie, la sainte du sacré Cœur qui s’était adressée à Louis XIV pour qu’il consacre la France au Sacré Cœur de Jésus.

 

 

[3]  Le déplacement de la fête du Christ Roi à la fin de l’année liturgique  alors que Pie XI ‘avait souhaité à la veille de la Toussaint est un des signes révélateur du déplacement de signification de la doctrine qui s’est instaurée après Vatican II.

Les chrétiens et l’empire romain


Les chrétiens et l’empire romain 

 

Marta Sordi,  Editions Certamen, 2015

 

 

Deux thèses majeures organisent ce que nous savons des trois premiers siècles de l’histoire du christianisme romain : la plus ancienne de ces thèses fait de cette période un temps de persécution continue, la plus récente tend au contraire à minimiser ces persécutions. Dés la préface de son ouvrage, Les chrétiens et l’empire romain, traduit et édité par les éditions Certamen, Marta Sordi donne le ton. Dans les deux cas il s’agit selon l’auteur de « généralisations abusives ». Et elle l’établit.

S’il ne s’agissait que d’une magistrale leçon d’histoire destinée à faire découvrir ou redécouvrir tout un pan d’histoire antique ce livre serait déjà fort précieux. D’autant que cette leçon d’histoire se double d’une analyse historiographique détaillée des rapports entre le pouvoir impérial et le christianisme, rapports bien plus complexes que ce que le martyrologe et l’hagiographie – sans mépris aucun – répercutent.

 

Persécution politique ou persécution religieuse ?

 

Mais c’est une thèse, formulée d’emblée dans la préface, qui constitue le ressort de cet ouvrage : « le conflit entre Rome et le christianisme n’était pas un conflit politique mais un conflit de type religieux ». Dans leurs racines les plus profondes, les persécutions contre les chrétiens ont été des persécutions de type religieux, et non politique.

Philosophiquement, la frontière est ténue. Mais historiquement elle devient palpable et prend consistance à travers l’analyse de la situation juridique du christianisme de Claude à Constantin, situation qui représente l’une des clés d’interprétation pour comprendre la nature de la persécution des chrétiens tout au long de cette alternance de périodes de violences et de tolérance, d’hostilité ou de bienveillance, de haine ou de sympathie.

Pour poser simplement le problème, si on veut tuer des gens légalement, il faut pouvoir formuler une accusation – dans un cadre juridique établi - et donc établir la preuve qu’ils sont dangereux pour l’Etat, - on a là une raison politique - ou que leur religion est fautive, « illicite » - et dans ce cas, la raison est d’ordre religieux. Alors, on peut les sanctionner et même les tuer. Le plus licitement du monde…

La problématique du droit romain sera de régler de manière stable les rapports avec les Chrétiens au moyen d’une norme. Et il faut reconnaître qu’il n’y a pas réussi.

Les facteurs qui interagissent dans le rapport du christianisme au pouvoir politique sont nombreux. Il y a la relation des empereurs avec la religion nouvelle, et la connaissance (ou la méconnaissance, comme on le verra par exemple pour Marc Aurèle) qu’ils en ont. Il y a les dispositifs juridiques préexistants sur lesquels ils vont s’appuyer, qu’ils vont éventuellement modifier ou tout simplement exploiter –- pour permettre aux Chrétiens de vivre et à leur religion de se développer ou pour les faire mourir. Il y a également le climat culturel et religieux dans lequel chaque empereur va imposer sa bienveillance ou son hostilité, et qui va miner progressivement la tolérance des empereurs. Et dans ce climat culturel la philosophie prépondérante du monde romain : le stoïcisme, mais aussi l’élément juif, souvent violemment hostile aux chrétiens. Il y a encore l’insertion des chrétiens dans la classe dirigeante, permise, tolérée, puis encouragée et favorisée. Mais il y a surtout le poids de l’opinion publique (autrement dit le poids des « masses ») dans le monde antique qui joua un rôle déterminant dans la persécution.

 

La situation juridique des chrétiens : un point-clé de la persécution

 

Suivons dans les grandes lignes, telles que Marta Sordi les détaille et les examine dans la première partie de son livre,.les principales étapes qui ont façonné la situation juridique des chrétiens et ainsi permis leur persécution, ou au contraire dissuadé.

La toute première Eglise se constitue sous Claude et ses gouverneurs, entre Pierre et Paul. Et, si elle fut persécutée, elle le dut surtout au clergé juif. La tradition apostolique est fondée dés les premiers siècles sur la conviction qu’il est possible de faire concorder la conception romaine et la conception chrétienne de l’Etat. Autrement dit, dans ses aspects doctrinaux, le christianisme ne s’oppose pas à l’Etat romain.

Paul fut la première victime du revirement néronien face aux chrétiens – mais aussi aux Stoïciens. Si la persécution de Néron fut des plus effrayantes, la religion chrétienne avait déjà un statut « illicite » en raison précise l’auteur, « d’un sénatus-consulte pré-néronien ». Seule une reconnaissance officielle de leur religion aurait pu protéger les chrétiens contre toutes les accusations dont ils avaient fait l’objet. Si Néron a pu les faire périr, ce n’est pas seulement pour couvrir un forfait qu’il aurait commis – le fameux incendie – mais parce qu’il le pouvait juridiquement.

Après Néron, les Flaviens, personnellement entrés en contact avec le christianisme n’éprouvent pas d’hostilité envers les chrétiens. Mais Domitien n’aura pas la même bienveillance. Il les accuse d’athéisme. Comme Néron, il voulut personnellement la persécution, en orchestra la propagande et l’organisa avec les moyens d’un Etat totalisant. Mais avec Néron, il fut le seul.  A compter de cette période, le refus d’adorer les dieux de l’empire ne sera plus « couvert » et le christianisme deviendra alors un délit, voire un crime : celui d’impiété. Fragilisés, les chrétiens désertent de plus en plus la vie publique dans un monde qui a fait de la participation à la vie publique un devoir.

De Nerva à Trajan s’ouvre une période de prospérité, mais aussi un nouveau rapport à la grande philosophie de l’antiquité latine : le stoïcisme. Le climat culturel et religieux est modifié : l’hostilité anime les foules païennes. L’Etat intervient désormais sur plainte privée.

 

Le rescrit de Trajan : une nouvelle manière de légaliser la persécution anti-chrétienne

 

Le rescrit de Trajan fait l’objet d’une analyse détaillée : c’est qu’il touche à l’enjeu même de la question de la persécution : « l’essence même de la problématique juridique relative aux fondements légaux des persécutions antichrétiennes » (p. 81). Pour sanctionner des sectes dangereuses, il faut des lois, punissant des fautes religieuses, des lois qui fondent la légitimité de la violence contre les persécutés. L’analyse historiographique de l’auteur s’appuie sur la lettre de Pline (X, 97) à Trajan : « le plus ancien témoignage païen relatif aux assemblées liturgiques des chrétiens primitifs et à l’Eucharistie » (p. 83).  L’adhésion au christianisme porte alors un nom : le « nomen ». Doit-on punir des gens pour cette faute ? Autrement dit pour ce qu’ils sont : des chrétiens. La question que pose Pline est un problème juridique romain qui consiste à déterminer si le christianisme est une culpabilité de fait ou de pensée, une « culpa » ou une « erreur ». La réponse politico-juridique de Trajan – le rescrit – est un compromis entre ceux qui demandaient que soient débloqués la situation en faveur des chrétiens et ceux qui souhaitaient un durcissement.

S’il a une telle importance, c’est qu’il faudra attendre 257 pour qu’un empereur rompe avec la formulation du problème telle que ce rescrit le pose. 

Au IIème siècle, les chrétiens ne parviennent plus à susciter l’écoute et la sympathie qu’ils s’étaient attirés, notamment auprès du stoïcisme romain. C’est une époque de contrastes, « un siècle illuminé où la philosophie monte sur le trône des Césars avec Marc Aurèle » qui détermine un changement de cap. Marc Aurèle ne lève pas le « délit de christianisme », mais il punit de mort les accusateurs des chrétiens… La condamnation de ces accusateurs rendait possible de sortir de la clandestinité et a contribué à redonner de la visibilité à l’Eglise.

Surtout, l’attitude de l’empereur est dictée par une confusion entre la tendance montaniste et la position des l’Eglise officielle. Le montanisme, dérive sectaire, attaque les temples et professe une recherche agressive du martyre.  Il a rencontré la résistance et le désaveu de la hiérarchie apostolique. Le martyre de Polycarpe serait à l’origine de la première théorisation du « martyre » entendu comme don de sa vie, don sanglant, témoignage maintenu jusque dans la mort. L’analyse peut apparaître pointilliste, mais l’enjeu est crucial car il est aussi théologique : l’Eglise a eu des martyrs dés le premier siècle, mais aucun nom n’est transmis par des documents contemporains. Cela ne signifie pas que le « fait » ne soit pas reconnu, mais l’Eglise n’éprouve pas le besoin de définir et de théoriser. En revanche, face au montanisme et à ses excès et provocations, la « grande Eglise » est contrainte de définir le terme et par conséquent de proposer l’exemple du martyre véritable. L’apologétique naît en partie de ces remous de l’histoire.

Après Philippe l’Arabe – premier empereur favorable aux chrétiens sinon chrétien lui-même – vient la restauration néo-païenne, incarnée par l’empereur Dèce, qui prétend liquider le christianisme avec des méthodes de bureaucrate : il donne des certificats de bonne conduite. Le christianisme n’est pas seulement présent à Rome mais il est déjà largement développé à Alexandrie et dans l’Eglise romaine d’Afrique du Nord, l’Ifrikya, promise encore à un bel avenir au moins pour deux siècles. C’est dans ces parties de l’empire que les mesures persécutoires connaîtront le soutien massif des populations.

Mais la vieille législation qui considérait le christianisme comme une faute individuelle de nature religieuse n’est plus suffisante. Pour le combattre efficacement sur le plan légal il faut désormais prendre acte de sa réalité communautaire. De nouvelles lois sont nécessaires pour persécuter les chrétiens. Il faut frapper le christianisme en tant qu’Eglise, à travers les membres de la hiérarchie apostolique.

 

De Valérien à Constantin : la persécution de l’Eglise

 

C’est à Valérien à qui revint le premier ce sinistre honneur, ainsi que celui de moderniser la législation antichrétienne. L’édit de Galien, (le fils de Valérien), vient donc occuper un « vide juridique » comme on dirait aujourd’hui. Par ce rescrit, les communautés chrétiennes deviennent sujets de droits et les évêques sont autorisés à représenter ces droits devant la loi. C’est à ce titre qu’il a toute son importance encore reconnue aujourd’hui. Il inaugure le temps de la reconnaissance officielle des chrétiens, sinon du christianisme et contribue à donner à l’Eglise une visibilité institutionnelle, même si c’est encore dans l’intention de lui nuire, voire de la détruire.

De Gallien à Dioclétien, quarante années s’écoulent, moment unique du rapport entre Eglise et Etat. Le christianisme est « religio licita à l’intérieur d’un état païen » L’empire fonde ses rapports avec l’Eglise sur la base du droit et la polémique religieuse ne se déroule plus sur le terrain politique mais dans la libre confrontation des idées. Le rêve…

Cet épisode béni ne va pas durer. Vient la troisième persécution – « persécution d’Etat » – l’une des plus sanglantes sinon la plus sanglante, car ils seront trois : Dioclétien d’abord, Galère, son fils et son successeur en Orient et Maximin II Daïa, qui va la prolonger dans ses terres.

Durant les siècles précédents, c’est la société qui exigeait les persécutions et le pouvoir impérial qui refusait ou hésitait. Mais le peuple est devenu tolérant…

Dans cette perspective, le « revirement constantinien » s’analyse comme la question du choix religieux de l’Etat, celui de la divinité à qui confier l’empire et ses destinées. Choix religieux mais qui aura une immense portée politique et qui manifeste les enjeux des rapports du religieux et du politique.

Que peut-on reprocher à cet ouvrage ? Une composition déséquilibrée. Une immense première partie intitulée « le christianisme et le pouvoir politique », complétée par une deuxième partie plus synthétique intitulée : le christianisme et l’empire romain. Aucun de ces deux titres ne restitue vraiment la nature de chacun de ces deux volets.

Il n’importe car ils sont tous deux formidablement édifiants. Ouvrons une fenêtre simplement sur quelques pages de cette deuxième partie.

 

Rome et le christianisme : une compétition de deux puissances universalisantes

 

Quand le christianisme fait son irruption sur la scène de l’histoire, le monde connu que les Grecs appellent  « l’œcoumène » apparaît unifié par la culture grecque et la politique romaine[1]. Deux traditions civiles du monde antique alimentent la conviction de vivre une expérience universelle. Mais avec de profondes antinomies.

L’une oppose les Grecs à ceux qu’ils tiennent pour des Barbares : elle est ethnico-culturelle. L’autre renvoie face à face les Juifs et les Grecs : elle est ethnico-religieuse. Toutes deux prétendent établir et rendre définitives les différences humaines en les transformant en différences ethniques, de telle sorte que le passage de l’une à l’autre devienne impossible sauf trahison

Le christianisme ne prétend pas abolir ces différences mais il perçoit leur absolutisation. Quand par exemple la foi d’un Dieu unique devient le patrimoine exclusif d’un peuple particulier.

Face à ces « qualifications » (Juif, Grec),  « l’être romain » se conçoit au contraire comme fondé sur la « prévalence politique et juridique » fondement de sa prétention à « pouvoir coexister avec n’importe quelle appartenance ethnique ». Avant même l’irruption du christianisme dans l’histoire, la culture romaine, au contraire de la position des Juifs et des Grecs, avait assumé, au moins dans la conception qu’elle avait d’elle-même, une « indifférenciation ethnique » et « une potentialité universalisante »[2]. Fondées, il n’est pas inutile de le rappeler, sur la prédation et la domination. Si Rome prétend assurer la coexistence de toutes ces communautés, c’est en se situant au-dessus d’elle et en les soumettant, par la violence si nécessaire.

Allons plus loin. Si de telles persécutions ont pu avoir lieu, ne serait-ce pas parce que l’universalisme du christianisme entrait en concurrence avec « l’être romain » ? Ou en tous les cas que Rome avait entrevu que le christianisme était capable de rivaliser d’autant plus efficacement qu’il n’était pas fondé sur une culture prédatrice ? D’où la haine, partiellement inconsciente, de Rome envers une religion qui l’égalait sur le plan de l’universalité mais qui enracinait cette universalité dans une conception de la nature humaine tout à fait nouvelle, même si son élaboration théorique était encore partiellement à venir, et sur une relation au prochain radicalement nouvelle.

Allons plus loin encore.

« Etre européen » n’est-ce pas aujourd’hui une autre manière d’être romain. Même prévalence politique et juridique, même prétention de coexister avec n’importe quelle appartenance ethnique ou religieuse. Y compris celle de l’islam.

Or, l’islam s’oppose radicalement à cette prévalence politique et juridique qui est au fondement de la modernité, et elle prétend clairement, non pas à faire coexister des différences mais à les soumettre puis les abolir dans la conversion. L’antinomie est à la fois ethnico-culturelle (arabes/non arabes) et ethnico-religieuse : musulman/incroyant. Si l’on peut changer de nationalité, il est impossible, sauf à mettre son existence en péril, de changer de confession religieuse. Par ailleurs, l’islam réactualise avec une intensité inouïe l’antinomie homme/femme, pour lui conférer un statut différenciateur d’une violence rare. Or, cette antinomie homme/femme, les nouveaux dogmes de la laïcité prétendent précisément à son abolition[3].

 

J’oubliais : remercions les éditions Certamen de mettre ainsi à la portée de nos esprits français des auteurs de l’envergure de Mme Sordi dont on est en droit de s’étonner qu’ils ne soient pas davantage connus, traduits, cités et bien évidemment lus.

 

 

 

Marion Duvauchel

 

 

 



[1][1]L’empire Parthe, contemporain de Rome et son rival en Orient, fait partie de cet « œcoumène ». Si l’Eglise de Rome est incarnée par Pierre et Paul, il convient de ne pas oublier les dix autres apôtres et les églises fondées, dont les destinées ont été contrariées par les destructions des musulmans à compter du moment où l’islam fait irruption dans l’histoire, pour le malheur du christianisme et des chrétiens.

[2]Que nous appelons aujourd’hui la « laïcité ».

[3][3]L’antinomie fonctionne doublement en régime musulman : elle est à la fois ethnico-culturelle (arabes/non arabes) et ethnico-religieuse (musulman/incroyant). Le passage de l’une à l’autre est doublement impossible sauf trahison, passible de mort.


"Et Verbum Caro Factum Est" (Prologue de l'Evangile de Jean)


Communiqué de monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées, suite à la profanation de la chapelle de la base navale de Toulon le samedi 8 décembre 2012

1. La qualification religieuse des faits.

Dans la journée du 8 décembre 2012, des actes sacrilèges ont été commis dans la chapelle militaire Saint Vincent de Paul de la base navale de Toulon sans que, aujourd’hui, le ou les auteurs soient identifiés. Les trois objets matériels atteints revêtent un caractère essentiel pour le culte catholique : le baptistère, fracassé, symbole de la renaissance produite par le baptême ; l’ambon, attaqué, et le livre des Saintes Ecritures, jeté par terre puis piétiné, symbole de la Parole de Dieu qui nourrit le chrétien ; le tabernacle, forcé, symbole de la tente où était gardée l’Arche d’alliance.

Mais, pour nous catholiques, ces violations du sacré religieux passent derrière la profanation accomplie en jetant les hosties consacrées par terre. Il ne s’agit plus alors pour nous de symboles chargés de sens mais de la réalité ultime par excellence, celle-là même que nous adorons au cours de nos messes et de nos adorations eucharistiques, le Christ en personne sous les apparences du pain.

Par son caractère gravissime, ce geste doit être reconnu comme une profanation telle que l’entend l’Eglise catholique dans sa Tradition et son Droit (CIC 1211) : sans qu’on puisse connaître aujourd’hui les intentions de son ou de ses auteurs, il faut reconnaître le caractère précis de l’acte qui ne visait ni au vol ni à la dégradation mais à atteindre directement les réalités les plus sacrées de notre culte et indirectement la communauté catholique tout entière. Le code de droit canonique précise (CIC 1367) que « celui qui jette les espèces consacrées, ou bien les emporte, ou bien les recèle à une fin sacrilège, sera frappé d’une excommunication « latae sententiae » réservée au Siège Apostolique », ce qui signifie qu’il est excommunié automatiquement et que seul le Pape peut lever cette excommunication. Par là, l’Eglise catholique exprime sa foi en l’Eucharistie et l’extrême importance qu’elle attache à son culte.

Cette profanation entraîne la fermeture temporaire de la chapelle à des fins de culte jusqu’à la célébration, par l’évêque, moi-même, du rite pénitentiel prévu par le droit et la liturgie de l’Eglise. Cette célébration aura lieu le mardi 18 décembre à 9 h 30.

D’ici là, j’invite instamment les aumôniers militaires catholiques et tous les fidèles à renouveler leur foi dans le mystère eucharistique :

  • pour les prêtres en célébrant une messe pour implorer de Dieu une ferveur nouvelle et Le remercier pour ce don inestimable.
  • Pour les aumôniers diacres ou laïcs en préparant et proposant un ou des temps d’adoration eucharistique durant ce temps de l’Avent.
  • Pour les fidèles catholiques du diocèse aux armées en participant à une ou plusieurs messes en semaine en sus de la messe du dimanche durant ce temps de l’Avent.

2. Cet événement appelle quelques remarques complémentaires.

Notre foi en sortira grandie. Par l’absurde et par la provocation propres à toute profanation, il est clairement établi que les catholiques croient en l’Eucharistie et que le monde ne l’ignore pas. Nous sommes heureux, malgré notre blessure, que l’on nous reconnaisse comme des hommes et des femmes marqués par l’Eucharistie, des hommes et des femmes adhérant à la présence réelle du Christ sous les apparences du pain.

Nous prierons pour le ou les auteurs sans préjuger des motifs ténébreux qui ont présidé à cette profanation. Il est dangereux d’imaginer derrière cet acte quelque crime organisé lié à un mouvement de pensée ou à une religion. Les religions et les humanismes dignes de ce nom savent respecter les signes et le sacré des autres cultes, même ceux auxquels ils n’adhèrent pas eux-mêmes. J’ai reçu le soutien total et fraternel des aumôniers en chef de tous les cultes présents dans nos armées.

Notre attitude n’exclut pas la gravité des faits que certains nieront par ignorance du religieux. Il est vrai que ces actes n’ont que peu d’incidence économique ou financière : ils ne visaient pas à une dégradation des lieux. Pour autant, ils touchent à des valeurs religieuses considérables. De ce fait, le préjudice est immense. Les militaires, mais aussi tout citoyen français, nous comprendront d’autant plus qu’ils savent ce que représente la valeur des symboles. Tel est le cas, par exemple, de notre emblème national aux trois couleurs : atteindre le drapeau français en le bafouant ou en le salissant ne froisse pas seulement un morceau de tissu mais blesse toute la communauté qu’il représente.

J’ai reçu l’assurance d’un total et amical soutien de la part de nos plus hautes autorités militaires qui prennent ce geste déplorable très au sérieux.

Notre attitude de miséricorde n’élimine pas non plus notre désir de justice qui monte de façon légitime dans toute personne ou communauté bafouée dans son être profond. Suite à la plainte de l’aumônerie, la gendarmerie maritime (avec sa police scientifique) poursuit son enquête en vue d’établir les faits et de trouver leur(s) auteur(s). L’aumônerie souhaite que, sans trace de haine ou de violence, la justice aille jusqu’au bout de son travail. Au-delà de nos armées, c’est la société française qui se trouve ébranlée dans l’équilibre toujours délicat des forces sociétales et religieuses présentes dans notre pays. La justice seule éduque au respect.

Paris, le 12 décembre 2012.mgr ravel6

+ Luc Ravel
Evêque aux Armées

 

 

Albanie : vandalisme antichrétien

Mais qui donc peut se livrer à un tel saccage ? Des émules de ceux qui ont explosé des statues de bouddha en 2007 en Afghanistan ou de ceux qui caressent, en Égypte, l’idée de détruire les pyramides édifiées par des “païens” ? Un tel acharnement contre une œuvre d’art chrétienne dans ce pays à majorité musulmane (56,7 % selon le recensement de 2011) porte la marque des coupables… Voyez cet article publié le 15 janvier sur le site Orthodoxie.

Dans la petite église de Valsh, dédiée au Vendredi-Saint, près d’Elbasan en Albanie, plusieurs parties d’une fresque du XVIe siècle, chef-d’œuvre du patrimoine albanais, œuvre du célèbre iconographe et fresquiste Onufri, a été détruite, avec des haches et des couteaux, et en partie volée, le reste gisant sur le sol, lors de la période du nouvel an. Le ministère de la Culture, du Tourisme, de la Jeunesse et des Sports a déclaré a déclaré son incapacité, en raison d’un manque de moyens, à protéger la totalité du patrimoine albanais du vol et de la destruction.

 

entretien avec l'abbé de tanouarn

L'extraordinaire témoignage de Joseph Fadelle

Et c’est une extraordinaire leçon pour nous ! Voici ce qu’on peut lire sur le site de Aide à l’Église en Détresse (AED). À découvrir et à partager…(Voir sa biographie extraite de Wikipedia en fin d'article)

Son ouvrage, Le prix à payer, est à ce jour traduit dans une dizaine de langues, dont l’arabe. Joseph continue ses tournées et ses conférences. Il part dans quelques semaines en Jordanie, au Liban, et en Israël, pour donner son témoignage. Il espère un jour pouvoir raconter son histoire dans son pays natal, ou au moins dans le nord, au Kurdistan.
À ce jour, il vit toujours en France avec sa femme et ses quatre enfants, qu’il élève dans « l’amour de la France qui lui a tant donné ». Cet amour-là est pour lui la base, le ciment de la société française. Témoignage d’un réfugié sur l’amour de son pays d’accueil.

Pourquoi cette injonction d’aimer la France ?

J’aime reprendre ce que disait feu le patriarche Chenouda aux Égyptiens : « L’Égypte n’est pas un pays dans lequel on vit, mais c’est l’Égypte qui vit en nous ». Ces mots, je souhaite les adresser à tous ceux qui vivent en France, qu’ils en soient citoyens ou non. Il faut faire en sorte que la France vive en nous. C’est particulièrement vrai pour les hommes politiques. Cet amour peut résoudre beaucoup de problèmes actuels. Il faut être reconnaissant envers la France. Moi le premier, je lui suis infiniment reconnaissant de tout ce qu’elle m’a donné.  Sans la reconnaissance qui s’incarne dans l’amour, on ne peut pas être citoyen d’une nation.

Pensez-vous qu’aujourd’hui, il y ait un “déficit” d’amour envers la France ?

Oui, je rencontre des gens nés en France, dont les parents sont nés en France, et qui n’aiment pas la France.  Mais ils y vivent parce que la France leur offre ce que nul autre pays au monde ne peut leur offrir. La France m’a accueilli quand aucun pays ne voulait de moi. Elle m’a fait sentir que j’étais un enfant du pays. Elle m’a tout donné. Ce manque d’amour nous conduit à la perte.

Comment expliquez-vous cela ?

On ne peut rien construire si on n’aime pas la France. C’est aux parents de transmettre cet amour, par leur éducation. Et  les écoles doivent enseigner le patriotisme et la citoyenneté. Qu’apprend-on aujourd’hui aux petits Français ? A gagner de l’argent et à penser à leur petit confort personnel. « Il faut consommer au maximum ! », leur inculque la société. Cela les éloigne d’un vrai amour de leur pays. Que sera la France si elle continue à combattre l’Amour, et à prôner le matérialisme, l’individualisme, l’égoïsme. ?

La  religion peut-elle être un frein à ce sentiment ?

Absolument pas ! Au contraire. Mais il faut être extrêmement vigilant. Le problème naît quand la charia est mise au dessus des lois de la République. La France est responsable de l’intégration des étrangers qu’elle accueille et à qui elle offre la nationalité. Une grande communauté de réfugiés chaldéens vit près de Sarcelles, en banlieue parisienne. A l’école primaire Albert Camus, une école publique de la  République Française, une institutrice à donné des devoirs sur des extraits du Coran, en dehors de tout programme officiel. Des gens sont venus distribuer des exemplaires du Coran aux élèves. Résultat des courses, on a vu des petits chaldéens rentrer chez eux et demander à leur mère si ce qu’elle leur servait à table était halal. Comment la France peut-elle fermer les yeux là-dessus ?

Comment analysez-vous l’arrivée en France, depuis plus de 60 ans, d’une nombreuse population musulmane ?

La présence de tant de musulmans en France doit être considérée comme providentielle. Je m’explique: il me semble que c’est l’occasion pour les Français d’être réveillés et de prendre conscience du trésor qu’ils ont, de les éveiller à leur responsabilité d’évangélisateurs. Il n’y en a pas assez ! Les Français sont endormis dans un sommeil qui semble se prolonger, de sorte que c’est la situation inverse qui se produit. Beaucoup ont peur de heurter leurs interlocuteurs. Mais on peut très bien parler du Christ sans blesser ! Il faut un enracinement dans la foi chrétienne. Est-ce que le Christ est tout pour moi ou est-ce qu’il est à la marge ? La France a grand besoin d’ouvriers, parce que «  la moisson est abondante ». L’évangélisation n’est pas une option ! C’est le devoir de tout chrétien. Saint Paul n’est pas rentré chez lui vivre sa foi dans le confort et le calme.

Comment initier un vrai dialogue avec un musulman ?

Il faut commencer par l’aimer ! Ensuite tout dépend du stade dans lequel il se trouve par rapport à sa connaissance de l’Islam et du Coran. Souvent je commence par poser des questions sur l’origine du Coran. Ensuite je les questionne sur tous les versets qui invitent à tuer, à voler, à commettre l’adultère, tous ces versets que la nature humaine ne peut pas admettre. Nous avons le projet de construction d’un centre, le centre Fatima, qui accueillerait des personnes pour leur apprendre les éléments de base d’un vrai dialogue avec les musulmans. Il ne faut pas avoir peur ! Mais il faut être bien formé. Ce centre se situera à quelques kilomètres de Chartres.

Connaissez-vous beaucoup de cas de musulmans qui, en France, souhaitent se convertir au christianisme et qui en sont empêchés pour des raisons familiales ou sociales ? 

Il y a beaucoup de cas de musulmans en France, qui se convertissent au christianisme ; ils sont nombreux à rencontrer des obstacles. L’idée de se voir obligé de couper tout lien avec la famille leur coûte et les fait réfléchir, c’est un frein. Beaucoup vont vivre intérieurement et secrètement leur conversion et leur foi chrétienne, de peur de perdre leur famille. Ils  continueront à vivre socialement comme musulmans. D’autres vont interrompre tout contact avec leur famille avant d’embrasser le christianisme en recevant le baptême. J’ai accompagné et j’accompagne toujours des musulmans les aidant et les encourageant à comprendre le Coran, à oser chercher la vérité. Je les invite à découvrir l’amour de Dieu le Père. A l’issu de mes conférences-témoignages, je reçois des confidences de la part de musulmans qui se posent des véritables questions, tout en exprimant une peur  face à la recherche de la vérité. Mais la vérité libère, la vérité rassure, la vérité est précieuse, encore plus précieuse que les liens familiaux humains.

Vous témoignez aujourd’hui à visage découvert. N’avez-vous pas peur des conséquences ?

Mon père spirituel m’a accordé l’autorisation de témoigner à visage découvert, ce que je demandais depuis longtemps. J’ai survécu à la torture, à la persécution et j’ai échappé plusieurs fois à la mort. On a tiré sur moi à bout portant. Le Christ m’a protégé et aujourd’hui je suis vivant pour témoigner de son Amour et annoncer l’Évangile. Je n’ai pas peur, ma force vient du Christ ! Je suis bien conscient du danger encouru par tout converti quittant l’islam. Et je n’ai aucun doute, je serai tué par un musulman, qui appliquera la charia. Nous savons bien que l’Église vit par le sang des martyrs, et si un jour le Seigneur m’accorde la grâce du martyre, je suis prêt. Sa volonté triomphera face à la mort.

Source : AED (22 janvier)

(*) Mohammed al-Sayyid al-Moussaoui, devenu Joseph Fadelle suite à sa conversion au christianisme catholique, est un écrivain né en 1964 en Irak au sein d'une famille musulmane.
Né en Irak, ainé d’une assez riche famille de l’aristocratie chiite de son pays, il a fui son pays avec sa femme et ses enfants en raison de la fatwa qui le vise, suite à sa conversion1. Elle a eu lieu à partir d’une conversation avec un chrétien lors de son service militaire, puis d’un rêve et d’une lecture rigoureuse du Coran et de la Bible. Il a vécu sa conversion en secret pendant de nombreuses années, y compris avec sa femme et ses deux enfants, puis a été découvert par sa femme qui l'a suivi dans sa démarche, puis par sa famille, dont certains membres voulaient le mettre à mort1. Torturé par le régime politique de Saddam Hussein pendant plusieurs mois à la demande d'un cousin fonctionnaire, il a été relâché après la mort de ce dernier1. Il a dû attendre longtemps pour être baptisé, les autorités religieuses catholiques craignant d'enfreindre la loi irakienne interdisant les conversions1. Pour fuir son pays, Joseph Fadelle est passé par la Jordanie, où il a échappé de peu à un assassinat de la part de ses propres frères, et où un fonctionnaire musulman du HCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) a motivé son refus de l'aider en l'accusant faussement, devant des autorités occidentales, d'avoir gazé des Kurdes1. Il vit en France depuis 2001 et a obtenu la nationalité française2.

Il a écrit en 2010 un livre autobiographique, Le Prix à payer3 (50 000 exemplaires vendus fin 20104) dans lequel il témoigne de sa conversion, analyse Mahomet comme un stratège et non un homme religieux, décrit l'islam comme une prison et sa conversion, comme une libération.

Lors de ses déplacements publics, pour des conférences, il est escorté par des policiers en raison des menaces de mort qui pèsent sur lui5.

 

 prise d'abit chez les benedictins de l'immaculée

Un curé italien dhimmisé reprend le vocabulaire des "frères musulmans"!

Par leur habillement succinct", les femmes "provoquent les instincts", a écrit dans un tract un curé italien à l'entrée de son église. Mais face au scandale, il a présenté ses excuses ce jeudi et se met "au repos". 

 

L'Express.fr

"Peut-être le cherchons-nous?" Par ces mots, un curé italien, Don Piero Corsi, a conclu un étrange tract assimilant la féminité des Italiennes à la provocation au viol, placardé le jour de Noël sur la porte de l'église du petit village de San Terenzo en Italie. 

Mais les vives réactions, après ce manifeste appelant les femmes à réfléchir sur leurs tenues vestimentaires "succinctes" pouvant provoquer les criminels, ont finalement poussé le curé à présenter ses excuses ce jeudi, avant de décider d'un "repos" hors de sa paroisse. 


"Les femmes s'éloignent de la vie vertueuse"Affichés seulement dans son village de 1200 habitants sur la côté ligure, au nord-ouest de l'Italie, ses écrits ont pourtant suscité un tollé dans sa paroisse et dans toute l'Italie, où 118 femmes ont été assassinées en 2012, selon la presse, un bilan particulièrement lourd. (Quels sont les coupables? Est-ce donc les femmes qui sont responsables de la libido de tarés? ndlr Gérard Brazon)

"Les femmes, qui provoquent par leur habillement succinct, qui s'éloignent de la vie vertueuse et de la famille, provoquent les instincts et doivent se livrer à un sain examen de conscience, en se demandant: peut-être le cherchons-nous?", pouvait-on lire sur son affiche. (Cela rejoint les prêches des islamistes sur la télévision d'Al Jazeera. Voici donc la preuve que l'islamisation des esprits est largement entamé et a commencé par les représentants des églises. Voir la scuplture se situant dans l'Eglise Sainte Merri à Paris où le minaret est largement plus haut que la croix de l'église elle même! ndlr Gérard Brazon)

L'évêque de La Spezia, Mgr Luigi Ernesto Palletti, lui a ordonné de retirer ce brûlot, y trouvant "des motivations inacceptables qui vont à l'encontre du sentiment commun ressenti par l'Église" sur ces questions. Le curé a confirmé s'être vu conseiller par son évêque, qu'il a rencontré mercredi soir, de "prendre une période de repos et de réflexion". 

Une rumeur de démission a cependant vite été démentie par le principal intéressé, à la chaîne de télévision du diocèse: le curé Don Piero a nié avoir envoyé un mail à la presse où il aurait décidé de renoncer à son ministère paroissial "après une nuit d'insomnie" à la suite de son "imprudente provocation". L'évêché a lui aussi démenti que le curé ait fait part de son intention de démissionner. 

 

MOBILISONS NOUS SOYONS SOLIDAIRE AVEC LES COPTES

Qui sont les coptes ?

Les coptes sont des chrétiens issus de la plus ancienne communauté chrétienne au monde après la Palestine. Tout comme l’église catholique dont elle est très proche, l’église est apostolique et dirigée par le Pape d’Alexandrie. Les coptes sont connus en Occident pour avoir donné au monde chrétien des saints tels que Saint Antoine, Saint Georges, Saint Pacôme, Saint Cyrille ou Saint Athanase. C’est aussi une des églises les plus persécutées du monde chrétien puisqu’on estime que cette église est celle qui a connu le plus grand nombre de personnes assassinées pour avoir commis le seul crime d’avoir la foi.

Que se passe-t-il ?

Les nombreux coptes fuyant les persécutions en Égypte se sont en partie installées en France dans le pays des droits de l’Homme. Ils ont pour partie fondé une petite communauté à Colombes et formé une petite paroisse. Mais aujourd’hui, la municipalité a préempté le terrain accolé à l’église que la paroisse souhaiterait acquérir, l’empêchant ainsi de s’étendre et de s’épanouir au sein de leur paroisse. DE FAIT, CE COMPORTEMENT VISE A OPPRIMER UNE COMMUNAUTE ET NON SERVIR LA COMMUNE.

JE SOUTIEN LES COPTES DE COLOMBES ET JE DEMANDE AU MAIRE DE NE PAS PREEMPTER LES BIENS QUE LA PAROISSE COPTE SOUHAITE ACQUERIR, JE SIGNE DONC CETTE PETITION. 

 

La France au risque de la désintégration

L'éditorial d'Eric Letty
L’idée de créer des « salles de shoot » où les héroïnomanes pourraient aller se piquer en toute tranquillité, sinon en toute sécurité, me paraît à plusieurs points de vue emblématique du pouvoir socialiste. La demande est venue du député de Paris Jean-Marie Le Guen, qui affirme que « François Hollande avait fait part pendant la campagne présidentielle de son intérêt pour ce genre d’expérimentation. » On aurait attendu, sur ce sujet qui promettait d’être polémique, une parole du premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Il s’en est prudemment abstenu et c’est le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Marisol Touraine, qui a ramassé cette patate chaude en annonçant que des expérimentations seraient réalisées « assez rapidement ». Ce qui me paraît emblématique de la manières de faire des socialistes, c’est d’abord le désordre et l’impréparation qui ont entouré l’annonce de ce projet. Désordre, car Marisol Touraine y travaillait « depuis maintenant déjà plusieurs semaines », a-t-elle dit. Et c’est à ce moment précis qu’intervient Jean-Marie Le Gen : quelle coïncidence! A-t-il eu vent de ce qui se préparait et pris le ministre de vitesse, ou le gouvernement l’avait-il missionné pour porter la question sur la place publique ? Impréparation : Marisol Touraine n’avait encore consulté, semble-t-il, ni les associations concernées, plutôt favorables, ni surtout les policiers, qui sont vent debout contre cette idée. Est emblématique, aussi, le contenu idéologique du projet. La gauche entretient depuis longtemps avec la drogue une relation ambiguë, peut-être parce qu’elle y voit une forme de transgression. On ne se pique pas, certes ; mais un pétard, pourquoi pas ? (En juin dernier, déjà, Cécile Duflot, déjà ministre du logement, s’était déclarée favorable à la dépénalisation du cannabis, dont une étude vient d’ailleurs de confirmer les effets négatifs sur le cerveau…). En outre, le drogué est une victime de la société et a droit, à ce titre, à la sollicitude de la gauche et à l’assistance de l’Etat-Providence : les salles de shoot pourraient d’ailleurs coûter au contribuable entre trois cent mille et un million d’euros… Emblématique, encore, la malchance qui poursuit ce gouvernement. Au moment où le ministre de la Santé annonce son intention d’expérimenter les dites salles, une élue socialiste de Marseille en appelle à l’armée contre les trafiquants. Il est dommage que le gouvernement ait repoussé sa suggestion: il aurait été cocasse de voir les soldats boucler les quartiers pour empêcher les dealers de vendre leur dope, aumoment où l’Etat s’apprête à offrir à leurs clients des lieux propices à la consommation des produits illicites… L’incohérence, en politique, est un défaut bien partagé. Il s’est trouvé plusieurs personnalités de l’opposition dite de droite pour soutenir le projet du ministre de la Santé. Notamment et sans grande surprise, l’inévitable Roselyne Bachelot, le centriste Hervé Morin et l’insubmersible Alain Juppé, dont la ville de Bordeaux pourrait devenir ville-test. Ce qui devrait ravir les Bordelais, pour peu qu’ils prêtent l’oreille aux avertissements de Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat de policiers Synergie officiers, qui prédit « une situation apoca-lyptique dans les quartiers » concernés: « L’afflux programmé de toxicomanes provoquera au bout de quelques semaines le cauchemar des riverains. Ils seront en proie à des comportements asociaux de toute une faune que l’on connaît, hélas, trop bien et qui n’hésite pas à se livrer à des vols, des agressions ou à se prostituer pour se fournir leur produit.» De quoi passer l’envie aux Bordelais de réélire Juppé lors des pro-chaines municipales !